Le docteur Hadj Hamou Benzeguir, président du Croissant-Rouge algérien (CRA), affirme que la solidarité algérienne est exceptionnelle, surtout en ce mois sacré. Pour lever toute équivoque sur sa mission, il précise que le CRA constitue un réceptacle des aides qui sont redistribuées aux bénéficiaires sans tenir compte de leur niveau social ou de leur nationalité. Tout en se disant contre le couffin du Ramadhan, il propose de fournir des mandats dont les montants sont définis au préalable. Pouvez-vous faire le point sur les actions du CRA depuis le début du mois sacré ? Comme je suis tout le temps en déplacement entre les wilayas, c'est le secrétaire général qui s'en occupe. De plus, je viens de rentrer d'une mission. Je suis beaucoup plus sans domicile fixe qu'autre chose. Je passe beaucoup de temps à l'étranger dans le cadre des actions du Croissant-Rouge, même durant ce mois sacré. C'est le mois de la solidarité et on doit répondre présent. Un grand mérite doit revenir aux Algériens en termes de solidarité. Ils excellent dans tout. On le voit et on le sent, c'est inimaginable. La solidarité algérienne est exceptionnelle. Êtes-vous exigeant sur le plan culinaire ? Pas du tout. J'ai pour seul souhait de passer quelques jours sous mon toit avec ma famille. C'est le septième Ramadhan que je passe loin de mes enfants. Nous avons passé une bonne partie au Nord-Mali l'année dernière durant la même période. Nous sommes porteurs d'un message aussi à l'international surtout en ce mois. Je ne cesse de répéter aux gens qui viennent vers nous qu'il ne faut pas réduire l'être humain à un tube digestif et ne parler que de la consommation. Le Ramadhan est le mois de la foi, de la solidarité, du partage, des circoncisions, de la charité et de la spiritualité aussi. En rentrant chez soi, on doit profiter pour lire un peu plus le Coran, et aller plus souvent à la mosquée. C'est un mois particulier qui exige une gestion du quotidien particulière. Il n'y a pas une porte à laquelle nous frappons et qui ne s'ouvre pas. Nos milliers de volontaires assument pleinement leur mission pour tenter de donner un peu de joie aux nécessiteux. Le Croissant-Rouge intervient dans le cadre de ses restaurants pour prendre en charge les passants, mais la solidarité doit se faire également avec le voisinage. Êtes-vous contre le couffin du Ramadhan ? Si on est contre l'instauration de ce couffin, on doit argumenter notre position. Je suis contre pour la simple raison qu'il n'existe pas de listes communes. Les gens les plus forts sont les premiers à se faire servir. Le respect de la dignité est l'essence même de toute action humanitaire. Le couffin doit être donné directement aux nécessiteux, quitte à frapper aux portes. Il y a des critères d'éligibilité à l'aide pendant le mois de Ramadhan. Cela doit se faire par catégories, par exemple pour des veuves avec des orphelins, ou pour un chômeur avec des enfants. A mon sens, quand on parle de ces gens à qui on apporte de l'aide, on doit tenir compte du fait qu'ils peuvent bénéficier de couffins de leurs voisins ou d'autres personnes. Alors pourquoi ne pas leur donner de l'argent pour qu'ils puissent s'acheter autre chose. C'est malsain de dire que les dons n'arrivent pas à destination. Le dénigrement est trop facile. Où vont ces aides alors ? Certes elles vont parfois à des personnes qui la méritent et à d'autres qui ne la méritent pas. Quand on envoie des mandats avec des montants précis, selon un tableau et des listes élaborées en fonction des véritables besoins, l'opération est plus transparente et on peut la contrôler. Le démuni reçoit son mandat et à lui de faire ses dépenses. Les restaurants de solidarité sont souvent utilisés aussi comme enseigne de promotion. Certains font dans la récupération en fonction de leurs couleurs politiques. Je suis contre le fait de permettre à des politiques ou à des P/APC de gérer ce genre de restaurants sous des couleurs politiques. Le don est de fait dénaturé. Les restaurants du CRA sont alimentés par les wilayas. Nous n'avons pas de budget pour le faire. A Alger, nous avons mis en place 21 restaurants qui reçoivent des dons des privés. Ils font l'objet d'une gestion rigoureuse et toutes les rentrées et les sorties sont recensées, même le nombre de repas est comptabilisé. Beaucoup de volontaires adhèrent à notre action, Dieu merci. Souvent ils mettent la main à la poche. Nous mettons en œuvre un projet sociétal qui est financé et alimenté par les particuliers sans tenir compte du niveau social ou de la nationalité du bénéficiaire. Nous sommes le réceptacle de ces aides que nous redistribuons.
