La majorité des enseignants, des lycées « inspectés » maintient toujours le mot d'ordre de grève illimitée et paralysent de nouveau les établissements sur le territoire national. Cette grève a-t-elle été suivie par la majorité des enseignants ? Qu'en pensent les élèves ? Du côté des enseignants au niveau de la capitale, les avis sont partagés entre adhérents et opposants quant à la poursuite de cette grève. Huit heures du matin. L'entrée du Lycée Omar Racim est noire d'élèves. Ils apostrophent leurs enseignants les interrogeant avec inquiètude sur une éventuelle reprise des cours. Certains d'entres eux répondent par l'affirmative, d'autres disent poursuivre le débrayage. Des élèves ne cachent par leur satisfaction, d'autres leur désarroi. « Nous commençons les devoirs dans quelques jours et nous sommes perturbés par cette grève », indique Adel, élève de classe terminale. Sa camarade de classe commente « C'est toujours les faibles qui paient ! ». A l'origine de ce mouvement de grève, la régularisation de la situation des enseignants des lycées techniques et le respect des libertés syndicales. Ce sont là la composante de l'essentiel du cahier revendicatif des protestataires. « En quoi cela nous concerne-t-il, nous les élèves » s'interroge-t-on. Côté enseignants, certains indiquent qu'ils vont poursuivre leur mouvement de « protestation jusqu'à ce que leurs représentants parviennent à un accord avec la tutelle », alors que d'autres, une minorité selon les élèves, assurent leurs cours tout en fustigeant l'entêtement de certains de leurs collègues grévistes. Même scénario au lycée Emir Abdelkader de Bab El Oued. Les enseignants sont scindés en deux et les élèves sont partagés. Interrogée sur les lieux, une enseignante, qui a assuré deux heures de maths, répond : « Le Cnapest se révolte contre l'entêtement du ministre à ne pas réintégrer à son ancien poste un enseignant membre du conseil national, radié pour ses activités syndicales à Bouira. Mais il y a mille et une manières de protester. Pourquoi tenir les élèves en otages ? », fait-elle remarquer. Certains établissements, comme le lycée Khair-Eddine Barberousse d'Alger-Centre et El-Idrissi, ont libéré les élèves à 10h, alors que dans d'autres, dès la première heure, les élèves se rassemblent devant leur établissement. Les enseignants grévistes, quant à eux, sont restés jusqu'à 12h à l'intérieur des établissements. Seuls les enseignants stagiaires et une minorité de leurs collègues sont contre tout mouvement de protestation et assurent les cours normalement. Au niveau de l'établissement El-Idrissi, la grève du Cnapest commence à inquiéter sérieusement les parents d'élèves qui sont venus en groupes pour discuter avec les enseignants grévistes. Ils condamnent en bloc les pratiques du syndicat et qualifient cette action d'« illégale ». La grève illimitée n'aboutira à rien, « bien au contraire, les enfants sont carrément pris en otages », dira un parent d'élèves. « Laissez nos enfants en dehors de vos petits calculs », a clamé un autre parent. Par ailleurs, on apprend que les enseignants de certains lycées, comme El Bedjaoui (Madania) et « Aicha Oum-el-Mouminine » (Hussein dey) ont refusé, dès le début, de rejoindre le mouvement de protestation mais leurs responsables se sont refusés à toute déclaration à ce propos. Pour mettre fin à cette grève, une parente d'élève propose aux enseignants de rejoindre les salles et lance un appel à la tutelle de lever les ponctions sur les salaires des enseignants et d'ouvrir la porte du dialogue.