De nombreux récits ont été consacrés au combat libérateur par des auteurs algériens et étrangers. C'est au tour de Hocine Boumerdas de s'approprier ce thème. Il signe une œuvre de fiction intitulé « Vents de face » aux éditions Dalimen. Elle a été éditée avec le soutien du ministère de la Culture dans le cadre de l'événement « Le cinquantenaire de l'indépendance ». Son mérite est de s'inspirer de l'histoire d'hommes et de femmes pris dans la tourmente de la guerre. Alors que celle-ci tirait à sa fin et au moment où les personnages étaient immergés dans une jeune indépendance à laquelle personne n'était préparé. Sauf les tire-au-flanc et les opportunistes de tout bords qui ont alors émergé. A travers des itinéraires croisés, il raconte les destinées, souvent dramatiques, de personnages qui endurent les affres d'une guerre cruelle avant d'entrer à tâtons dans une indépendance mal assumée où apparaissent déjà malaises et frustrations. L'écrivain fait partie des auteurs qui ont osé aborder de front un thème « tabou », celui des harkis. Un choix qu'il assume pleinement vu qu'il s'agit d'une fiction romanesque. Aussi, c'est avec une inspiration très limpide que l'auteur nous transporte à travers une époque passée pourtant actuelle. Le lecteur se délectera probablement du talent et de la technique remarquables de Hocine Boumerdas. Ce livre n'est pas le regard d'un historien sur des faits. Il a pour but de mettre à la disposition des lecteurs une histoire partagée et critique de cette période historique qui tienne compte des interrogations actuelles de la société. Ce roman replace ainsi la guerre d'indépendance dans le temps long de la période coloniale ou elle s'enracine. Une bonne table avec de nombreuses références fait de ce roman une bonne initiation lisible par tous. On peut lire à la dernière page la signification de quelques notions historiques comme GMPR, SAP, s'ra, rahba... Après un long périple, de l'Ecole normale d'instituteurs à l'Ecole normale supérieure, l'auteur de ce roman fit toute sa carrière dans l'enseignement. Il fut tour à tour professeur de mathématiques, directeur de collège d'enseignement moyen et enfin professeur de langue française dans le secondaire. Au moment où la guerre de libération éclatait, il était encore tout jeune. Mais il garda, de cette période tragique de l'histoire de son pays, une ferveur jamais éteinte, le souvenir d'images fortes dont il comprenait alors rarement la portée réelle. Il y réagissait, néanmoins, au gré des sensations qu'elles faisaient naître en lui. Aujourd'hui en retraite, il tente de réaliser un rêve longtemps entretenu : marcher sur le chemin ardu de la création littéraire. Samira Sidhoum