Le coup d'envoi du scrutin présidentiel a été donné, ce jeudi, au centre Ourida-Medad, un des collèges de la wilaya de Ghardaïa, par le wali, Djema. C'est une tradition bien ancrée dans la vallée du M'zab, et respectée par les différents chefs d'exécutif qui se sont succédé à la tête de cette wilaya. C'est d'ailleurs ce même centre qu'ont choisi les délégués de la Ligue arabe dépêchés en tant qu'observateurs pour superviser cette élection présidentielle. Les deux délégués ont refusé de faire la moindre déclaration mais selon le chef du centre, Messaoud Bouchega, « leurs questions ont porté sur les procédures de vote, la disposition des bulletins. Ils ont regardé ensuite les électeurs passer à l'isoloir, puis glisser le bulletin dans l'urne ». Ils étaient accompagnés des membres de la Commission de surveillance de l'élection. Le centre Ourida-Medad, c'est là aussi qu'accomplissent leur devoir électoral les fonctionnaires de la wilaya. Il réunit aussi les habitants de Ksar et de Melika, en partie, c'est-à-dire le lieu de coexistence des communautés ibadite et malékite. Les surveillants n'ont souligné aucune anomalie. « Il ne peut y avoir ici de fraude, les candidats (deux seulement) ont ici leurs représentants. Ce sont ceux qui ont le plus de chance de l'emporter qui ont désigné leurs éléments », explique l'un d'eux. Le chef de centre est interpellé par un de ses collaborateurs ; un électeur n'a pas trouvé son nom sur la liste parce qu'il a changé d'adresse, il est orienté au service informatique. C'est au tour des représentants de la Commission de supervision de l'élection de faire eux aussi le point en dressant des PV sur « le déroulement du scrutin, l'horaire d'ouverture... », signale un agent du greffe. Les citoyens rencontrés sur place ont tous exprimé le vœu que leur ville, jadis un havre de paix, « triomphe de la malédiction et de la fitna » qui s'abat sur eux. Ils disent fonder beaucoup d'espoir sur cette consultation électorale et attendre du nouveau président qui sortira des urnes qu'il accorde « une attention particulière à cette région qui attise des convoitises ». A la commission communale de surveillance de l'élection, un des membres, M. K. Boukanoun, précise que la crainte d'une faible participation provient de certains quartiers comme Mermed (qui a enregistré beaucoup de dégâts), Bab Saâd, Aïn (Lebeau), Melika, en raison des frictions. « Les deux communautés se regardent toujours en chiens de faïence », note-t-il. Il ajoute encore que les seuls griefs enregistrés au niveau de l'instance, pour le moment, ont trait « à l'affichage anarchique et à certains dépassements durant la campagne ». El Atteuf, la rumeur sur une attaque d'encagoulés démentie En cours de route, nous rencontrons Hadj Aïssa qui s'apprêtait à voter. Il affirme que « la situation n'a rien à voir avec les Mozabites et les Arabes ». Les trois composantes, Chaâmbi, Mdabih et Benimerzoug, ont cohabité, avec les Mozabites, dans une parfaite harmonie depuis « 1053 en faisant le troc de la laine et en échangeant les produits agricoles. » C'est « la drogue qui est derrière tout ça », déplore-t-il. A quelques kilomètres de là, El Atteuf donne le parfait exemple. Les deux communautés vivent comme si de rien n'était et accomplissent leur devoir électoral par grappes humaines. Seuls les effets vestimentaires les distinguent. Le président de l'APC parle de cette symbiose. « Elle est le fuit du travail collectif, de la concertation », affirme-t-il. Il poursuit avec fierté qu'El Atteuf est « la ville qui compte le plus d'associations et enregistre le taux le plus faible en matière de délinquance. » Il n'y a pas ici de problème d'insécurité, il y a par contre (ceux qui sont derrière les troubles) les extrémistes, « les indisciplinés » que l'Etat doit, au « nom de la protection des biens et des personnes éradiquer ». L'Etat doit agir envers cette catégorie qui « ne manque de rien » « avec fermeté », dit-il. La veille, une fausse alerte propagée sur facebook annonçant une « attaque d'encagoulés », a été vite démentie. Ghardaïa est sur les 13 communes de la wilaya qui dispose le plus de bureaux de vote. Elle en compte 148 pour une population de 56.290 habitants, suivie de Guerrara avec 72 bureaux de vote, pour 32.804 habitants, Metlili, 57 pour 19.553 habitants et Benoura 54, mais pour 21.677 habitants. A 10h déjà, les premiers chiffres tombent, le taux de participation dans certaines communes est de 15% pour Mansoura et 12,7% pour Dhaya Bendahoua. A 13he, il est globalement de 28,25% (à 25,16% pour le chef-lieu de Ghardaïa). Il sera, à 16h, de 41% à El Guerrara.