En recevant, en novembre dernier, des représentants influents au sein de l'opposition syrienne établie à l'étranger, dont l'ancien chef de la Coalition Moaz al-Khatib, puis, une semaine après, une délégation du gouvernement conduite par le ministre des Affaires étrangères, Walid Mouallem, la Russie semble bien décidée à retirer le tapis sous les pieds des pays occidentaux en organisant et chapeautant, de manière quasi exclusive, une nouvelle étape dans le dialogue intersyrien visant une solution politique à la crise. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, rencontrera, demain, et ce, jusqu'au 15 de ce mois, à Moscou, une délégation comprenant plusieurs formations de l'opposition intérieure, dont le Rassemblement du dialogue national syrien, créé en novembre 2012, une représentante de la société civile, Souheïr Sarmini, accompagnée de trois députés, Fayçal Azzouz du parti Baath au pouvoir, Nawaf al-Melhem, représentant les tribus, et l'indépendant Husseïn Ragheb. Lors d'une récente visite dans la capitale libanaise, Beyrouth, le diplomate russe s'est entretenu avec le chef du Comité de coordination nationale pour les forces du changement démocratique (CCND), principale coalition de l'opposition intérieure, Hassan Abdel Azim. « Notre mission est d'établir des contacts préliminaires pour des négociations sérieuses sans condition préalable afin que les Syriens se réunissent et commencent à parler, à rapprocher leurs idées sur tous les sujets » a-t-il indiqué, précisant que ces visites ont permis à Moscou d'arracher un accord bien qu'aucune date n'ait été encore avancée. Selon un membre de la délégation, Maher Merhej, secrétaire général du Parti des jeunes nationaux syriens, la rencontre entre les deux parties portera sur « l'examen d'une solution politique, le rôle des opposants de l'intérieur, et l'initiative de (l'émissaire de l'ONU) Staffan de Mistura ». Allié à la fois de Moscou et de Damas, l'Iran soutient, selon Mouallem, l'initiative russe qui « contribuera » à une solution politique au conflit. « J'ai entendu le soutien de Zarif à ce plan. Il ne fait aucun doute que l'Iran contribuera afin de parvenir à une solution politique », a-t-il déclaré, hier, lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif. Sur le terrain, l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie discutera, dans les prochains jours, à Gaziantep (Turquie), avec les chefs rebelles d'Alep d'un « gel » des combats dans cette deuxième ville de Syrie, selon sa porte-parole, Juliette Touma. Une nouvelle sortie sur le terrain qui s'inscrit dans le cadre de son plan d'instaurer des zones de cessez-le-feu pour permettre la distribution de l'aide humanitaire.
