De toute évidence, le titre du film documentaire magistralement réalisé par Dieudo Hamadi, et diffusé, lundi après midi à la salle el Mougar à Alger, dans le cadre du 5e festival international du cinéma d'Alger, laisse penser à un drame policier hollywoodien, voire à une production politique telle qu'habituellement, présentée dans ce registre filmique. Mais grande fut la surprise d'un public (venu assez nombreux dans un événement à vocation élitiste) de se voir porté jusqu'aux tréfonds des grands lacs africains, en République démocratique du Congo, par un jeune cinéaste du bled qui voulait raconter une histoire mettant à nu la vulnérabilité d'un pays qui se relève très mal d'une guerre civile dont les profondes séquelles ne sont pas prêtes à s'estomper. Cette histoire à la fois douce et tragique, évoque, via un montage technique qui laisse pantois (d'aucuns pensaient à une œuvre fictive), l'engagement quasi révolutionnaire de jeunes lycéens empêchés de passer leur « Examen d'Etat » pour la simple et raison qu'ils sont pauvres. Donc incapables de payer la « prime » des professeurs à leur tour abandonnés par un état peu soucieux d'un secteur -l'éducation- presque inexistant. Loin de désarmer devant ce qui ressemblait bel et bien à une fatalité, ces jeunes filles et garçons, iront squatter une carcasse de maison abandonnée au fond des bois enchevêtrés du pays pour préparer cette échéance prévue dans la capitale Kinshasa. Tout au long de cette odyssée empreinte d'humanisme et d'obsession de la réussite, Dieudo Hamadi décrit par l'image, la forte psychologie d'une bande d'adolescents en rupture de ban avec une société désagrégée par les affres de la guerre et de la corruption qui ronge le pays. Pour la petite biographie, le réalisateur, né en 1984 à Kisangani (RDC) est l'auteur de deux autres moyens métrages documentaires, Dames en attente et Tolérance Zéro.
