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Quand l'Alliance se veut soft
Visite d'une délégation algérienne à l'OTAN
Publié dans Horizons le 06 - 03 - 2015

L'Otan est une bonne élève. L'alliance militaire américano-européenne reconnaît les évidences : elle est mal perçue par l'opinion publique des pays musulmans. Les diplomates de l'organisation l'avouent volontiers. Ils ont, d'ailleurs, tenu à le rappeler aux parlementaires, intellectuels, et responsables au sein d'institutions algériennes en visite au siège de l'Organisation à Bruxelles. Et malgré vingt ans de dialogue méditerranéen (quinze ans pour l'Algérie qui y a adhéré en mars 2000), rien n'y fait. L'Organisation traine la mauvaise réputation de va-t-en-guerre. Pour y remédier, elle fait dans la diplomatie publique en ciblant d'abord ce qu'elle appelle les Meneurs d'Opinion ». Une sorte d'entregent soft fait de conférences et de débats où les concepts, les mécanismes, les objectifs et les projections de la plus puissante organisation militaire au monde sont étalés, expliqués et justifiés par de hauts responsables en charge des affaires politiques, de sécurité, de la lutte contre le terrorisme, des opérations militaires et de la recherche scientifique. Siège de l'OTAN, mardi 3 mars. La jeune diplomate (*) de la section de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient écarquille les yeux, bombardée qu'elle est de questions sur l'aspect militaire des missions de l'Alliance. « L'Otan ce n'est pas que le militaire », lance-t-elle tout sourire à la délégation algérienne. Et d'ajouter : « Vous pouvez vous promener à l'intérieure du siège et vous ne trouverez pratiquement que des civils ». Ce qui est vrai. Malgré sa mise en état d'alerte maximum, l'immense siège de l'Alliance n'a aucunement l'air d'une forteresse inexpugnable. Tout autour, pas de militaires surarmés en vue, ni déploiement de véhicules kakis et autres blindés. Et les bâtiments sans étages du siège sont visibles de l'extérieur, ceints par une simple haie grillagée. Seule présence armée, celle des agents d'une entreprise privée qui assure le filtrage à l'entrée. Ici, rien n'indique qu'on est dans le saint des saints de la sécurité de l'Occident. Et pourtant, le Vieux continent a peur. D'abord, de ce Sud méditerranéen qui lui a éclaté au visage après le 11 septembre 2001. Et ensuite de l'ours russe qu'il croyait avoir terrassé après sa désintégration post-soviétique. Deux abcès de fixation pour les diplomates et les militaires de l'Organisation. Mais finies les guerres à l'américaine où bruits de bottes et déploiement excessif de toute la panoplie du matériel de guerre de l'Occident précédaient le sang et les larmes. Les futures guerres de l'Alliance seront préventives. « Les opérations de l'Otan se font dans un contexte stratégique en permanente évolution », signale, cet ex-général à la retraite, membre de la Division des opérations. En clair, « il faut suivre les évolutions et les anticiper ». Bref, on ne s'attaque pas à des groupes terroristes comme on s'attaquerait à un pays. Les attentats du 11 septembre 2001 à New York, Daech et le Sahel sont passés par là.
De la guerre asymétrique
L'Otan s'adapte aux nouvelles menaces, aux nouveaux défis. « On est dans une situation de guerre asymétrique », ajoute le militaire qui a vécu le drame des massacres des musulmans de l'ex-Yougoslavie. Asymétrique ? « Les groupes terroristes écumant le Sahel, la Syrie et l'Irak ne sont ni des armées régulières ni des Etats contre lesquels on peut utiliser le nucléaire », observe-t-il. Si cet ancien général français évoque le nucléaire c'est pour rappeler ses effets dissuasifs, non seulement durant la guerre froide (l'équilibre de la terreur) mais aussi dans le conflit frontalier qui oppose l'Inde au Pakistan, deux puissances nucléaires. La menace serait efficace jusqu'à un certain point... Et pourtant, il s'en est fallu de peu pour que l'Otan disparaisse avec la chute du Mur de Berlin. La crise dans les Balkans avec la désintégration de la Yougoslavie et les guerres qui s'en sont suivies l'ont vite remise en selle. La région pacifiée, l'Alliance est de nouveau confrontée à l'attaque contre son plus puissant membre, les Etats-Unis. Puis ça sera l'Afghanistan avec la force internationale d'assistance et de sécurité (ISAF)...et la Libye. Chez les gradés et les diplomates, on n'aime pas trop évoquer ce sujet. Et quand ils y sont contraints, ils jurent que l'Organisation n'a aucunement planifié la chute du régime d'El Kadhafi. « Au départ, l'Otan n'était pas dans l'affaire. Sarkozy a refusé de l'intégrer », note l'ex-général. En fait, le président français voulait faire tomber seul le guide libyen. « Mais au vu des moyens qu'il fallait déployer, on a vite compris qu'il fallait mettre au point un cadre opérationnel », précise-t-il. Il fallait donc échafauder dans l'urgence, en trois semaines, un plan d'embargo sur les armes, une interdiction de survol aux avions de l'armée de l'air libyenne et des frappes aériennes.
Finies les interventions à l'américaine ?
La Libye sera donc la dernière guerre conventionnelle de l'Otan ? « Oui », à en croire un diplomate belge. « Il n'est plus question de mener des guerres version Irak », ajoute-t-il. Et de s'interroger : « Pourquoi l'Otan n'intervient pas militairement en Irak et au Moyen-Orient pour contrer Daesh ? » Réponse : « Pour intervenir dans l'efficacité, il faut une très, très forte perception de la crise. Ce sont surtout les pays de la région comme l'Iran, les pays du Golfe et les organisations comme la Ligue arabe qui doivent former une coalition contre le terrorisme ». Et pour cause, « on est considérés comme les valets des Américains et les amis d'Israël présents pour contrecarrer les volontés des peuples », admet le diplomate belge. « C'est pour cela qu'il n'y aura pas d'intervention militaire dans la région. A ce stade, il faut une coalition des pays de la région plutôt que l'Otan ». Et si celle-ci est amenée, quand même, à intervenir, ça sera sous l'égide de l'ONU avec la coopération de l'Union européenne et « le soutien clair des pays de la région ». Reste qu'au sein de l'Otan on s'attend « à une longue crise avec un déplacement géopolitique ». En attendant, l'Alliance se prépare à remettre sur pied l'armée irakienne. Sur la demande de Baghdad. Mais pas à la manière américaine, suggèrent ses membres européens. L'armée irakienne ne doit plus être bâtie sur un choix confessionnel, précise le diplomate belge. Mais cette nouvelle vision de l'Otan ne signifie nullement l'irruption d'une politique de « peace and love ». Car, contre ce qu'elle considère comme une menace sur sa sécurité et les intérêts stratégiques de l'Occident, l'Otan a pensé et mis au point une nouvelle stratégie : la réactivité. « C'est-à-dire pouvoir agir en déployant nos unités plus vite qu'auparavant », explique un diplomate espagnole. En clair, des opérations spéciales pour frapper les groupes terroristes là où ils se trouvent. Et pour rassurer la délégation algérienne, le diplomate ajoute que cela se fera avec la coopération des pays de la région. Car les spécialistes de l'Otan savent qu'un déploiement massif de troupes ne fera qu'exacerber la haine contre l'Alliance. Et c'est pour cette raison « que nous voulons aider ces pays à construire et entraîner leurs armées à affronter ces groupes terroristes ». Commentaire d'un membre de la délégation algérienne : « Cette approche du terrain est hard. En Algérie, on prend en compte la dimension psycho-sociale du terrorisme ». Réponse d'un membre de la division des défis de sécurités émergents du programme de la science pour la paix et la sécurité : « Dans nos programmes de coopération, nous finançons également les sciences humaines ». Pour cela, l'Otan a même préparé une stratégie destinée à son « flanc sud ». Le dialogue méditerranéen qu'elle mène avec sept pays de sa rive sud (Algérie, Maroc, Tunisie, Mauritanie, Egypte, Jordanie, Israël) en est le cadre. Et si il y a 20 ans cette coopération était balbutiante, aujourd'hui l'Alliance a hâte de l'approfondir. « Plus que jamais ce partenariat est nécessaire », commente le diplomate belge. A la Division des affaires politiques et de la politique de sécurité de la section de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, on renchérit : « Nos liens de sécurité sont intrinsèquement liés avec l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient ». Aussi l'Alliance a proposé aux sept pays un cadre « plus ambitieux » qui repose sur des consultations politiques et une coopération pratique dans les domaines sécuritaires : formation des militaires dans des écoles européennes, manœuvres militaires conjointes... Pour ne pas brusquer ces partenaires, l'Otan a opté pour une coopération ciblée ou à la carte qu'elle appelle programmes de partenariat et de coopération individuels (IPCPs), ce qu'un diplomate nomme règle à géométrie variable. Ainsi, chaque Etat choisit le domaine d'activité qu'il souhaite développer, selon des formules souples.
Quand l'Algérie se fixe des limites
Et si l'Algérie envoie ses militaires se faire former dans des écoles militaires en Europe (récemment 14 stagiaires ont suivi des formations au collège de l'Otan à Rome), opte pour des manœuvres militaires en Méditerranée dans le cadre de l'opération « Active Endeavour » destinée à la lutte antiterroriste, et prend part régulièrement aux réunions du comité militaire de l'Otan, elle refuse cependant de participer à toute manœuvre militaire visant une interopérabilité de ses troupes avec celle de l'Alliance-antichambre pour des interventions militaires. Mais si dans le domaine militaire, ça se passe assez bien, en politique, les choses sont plus nuancées. Pour faire court, les 28 membres de l'Organisation voudraient d'un dialogue multilatéral avec les sept pays partenaires. Refus catégorique de l'Algérie. Pas question de s'asseoir à la même table qu'Israël. Chez l'état-major américano-européen, on semble comprendre cette position. « Le processus de paix au Moyen-Orient a été un échec. Ce blocage nous a empêchés d'aller de l'avant dans le dialogue politique », estime un diplomate, membre du conseil de l'Atlantique Nord. Une situation qui divise, en apparence, les 28. Si certains maintiennent l'avis que le multilatéral est le cadre idéal pour régler les crises et autres malentendus, d'autres, comme l'Espagne, penchent plutôt pour le 28+1 tout en rappelant que ce dialogue ne doit pas être spécifique à chaque pays. « Nous voulons une vision globale de la Méditerranée », note le diplomate espagnol, relayé par son partenaire belge qui veut mutualiser le dialogue. « L'Algérie, en plus de son soutien à la cause palestinienne, estime, comme le rappelle un diplomate, que chaque pays a ses spécificités et ses intérêts à défendre ».
h. l.
(*) Pour des raisons de protocole, les intervenants de l'Otan ont demandé à ne pas être cités nommément par les médias.---


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