Da Gobleen, de son vrai nom Vincent Le Bouhris, a animé, cette semaine à l'Institut français de Constantine, un atelier slam. Bercé dans le rap depuis déjà une quinzaine d'années (ancien membre du groupe Ex Echo), Da Gobleen prépare la sortie de son premier album rap en solo, et envisage en parallèle de développer un jeu vidéo ! Il a quitté aujourd'hui la région parisienne et vit quelque part dans la campagne française, histoire, dit-il, « d'écrire sereinement mes textes et m'inspirer de la nature, du silence avec beaucoup moins de stress ». Rencontré en marge de la session slam qu'il anime à l'Institut français de Constantine, pour une durée de quatre jours pour retenir ensuite les meilleurs slameurs devant participer à la finale d'Alger, Da Gobleen nous confie qu'il a été séduit par le niveau et le talent des participants, qu'il juge être « attentifs et créatifs ». « Ces jeunes sont incroyables, en à peine dix minutes ils produisent des textes de qualité. C'est justement cela l'esprit du slam, ce n'est pas un style de musique ni même littéraire, c'est à la croisée du théâtre, du mime, du conte et du chant. C'est un espace d'écoute et d'entente, ouvert à tout le monde. En cinq minutes, chacun est libre et tout est permis, que ce soit l'improvisation, la poésie ou l'oralité. Pour cet atelier que j'anime, je leur fais un échauffement, je donne un temps d'écriture, et je les laisse s'exprimer. Je suis là pour rassurer plus que pour former. La scène demande une certaine exubérance, et c'est pour cela que je les incite à se lâcher, il suffit juste qu'ils s'y mettent », nous a-t-il confié. Même s'il reste rappeur avant tout, Da Gobleen nous avoue toutefois que dans le slam, il retrouve une ouverture d'esprit, qui est de moins en moins présente dans le rap « qui se prend trop au sérieux tandis que le slam est un espace qui libère de certains codes, c'est un art imaginatif et absurde, et fait de beaucoup d'humour ». A la question de savoir si le slam est passé de mode depuis le succès de l'artiste Grand Corps malade, Da Gobleen répond : « Le succès de Grand Corps malade, était très soudain et il n'avait pas cherché à être connu. Maintenant que la médiatisation s'est essoufflée, le mouvement occupe toujours le terrain, dans plein d'établissements et de clubs il y a des sessions tous les jours, et pas qu'en France, au Bénin, au Maroc et ici même à Constantine où j'ai vu des talents. Le slam s'adapte à toutes les traditions orales. » Enfin concernant ses textes, Da Gobleen nous affirme que la plupart sont écrits dans un premier temps pour le rap avec du rythme un instrument, pour ensuite les adapter au slam, l'interprétation est différente, théâtralisée et plus libérée, selon lui. « Mes textes peuvent être légers ou introspectifs, j'écris sur la société et je reste sensible à l'injustice parce que j'ai du mal à rester passif sur les inégalités sociales ou les jugements souvent faux et néfastes. Je n'ai pas l'ambition de sauver le monde mais je pense que si on s'écoutait plus, dans ce monde il y aurait moins de problèmes. »