La wilaya de Bechar sera dotée, dans les trois prochaines années, d'un pôle d'industries agroalimentaires, à la faveur des investissements publics et privés actuellement engagés dans cette région du sud-ouest du pays. Une fois concrétisé, ce pôle contribuera à la création d'emplois et de richesses, à la sécurité alimentaire et au développement de l'agriculture et de la région en général, ont estimé des opérateurs économiques locaux. Les investissements publics constituent la véritable ossature de ce pôle, avec deux importants projets lancés, récemment, au sud et au nord de la commune de Bechar. Il s'agit d'un complexe frigorifique d'une capacité de stockage de 10.000 M3, ayant nécessité un investissement public de 563 millions DA. Ce complexe, implanté sur une superficie de 30.000 M2, permettra, dans les deux prochaines années, d'offrir de nouveaux espaces frigorifiques répondant aux standards nationaux et internationaux en matière de stockage de différents produits agricoles ainsi que d'autres denrées alimentaires sensibles, selon des responsables de ce projet agricole qui relève du ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Ce dernier a aussi investi plus de 736 millions DA pour la réalisation, également, d'un complexe de dix (10) silos de céréales (orge et blé dur et tendre). Ce projet, qui s'étend sur une vingtaine d'hectares, à proximité de la nouvelle gare de marchandises au nord de la commune de Bechar, sera réceptionné au cours des deux prochaines années. Il permettra l'approvisionnement des wilayas du sud-ouest du pays en céréales et sera aussi un catalyseur pour le développement de la céréaliculture dans la région, estiment des responsables de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) dont relève ce projet. Développement de diverses filières agricoles En plus de ces projets, la direction locale des services agricoles (DSA) vient d'accorder, par le biais du Fonds de développement de l'oléiculture, une subvention de 4 millions DA à deux oléiculteurs locaux pour la création d'une huilerie, dans la perspective de la production de l'huile d'olive, avec une production prévisionnelle de 4.000 hectolitres attendue cette année, selon le responsable des productions végétales à la DSA. Avec plus de 600.000 oliviers plantés dans différents périmètres agricoles des 21 communes de la wilaya, l'on prévoit, dans les deux prochaines années, de très grandes productions de ce type d'huile végétale, en attendant l'apparition de nouvelles huileries dans la région, a ajouté Abdelghani Hamzaoui. La phoeniciculture, avec une production de plus de 320.000 quintaux en 2014, connaîtra aussi de nouveaux investissements privés, pour la création de petites et moyennes unités de mise en boîte de dattes et de leur transformation en produits dérivés, à l'instar de la confiture de ce fruit connue sous l'appellation de « Rob » et dont la production est au stade artisanal, en attendant sa modernisation grâce au soutien de l'Etat à la création de pareilles unités, assure-t-il. La DSA prévoit, aussi, au titre du quinquennal 2015-2019, le lancement des travaux et de l'équipement d'une unité de fabrication d'aliments de bétail et un centre d'insémination artificielle, pour un coût global de plus de 233 millions DA, en plus d'un projet de réalisation et d'équipement d'un pôle de recherches et de développement agricole d'un coût de 21 millions DA, a ajouté le même responsable. Les investissements jugés « très importants » engagés actuellement vont donner une dynamique à l'avènement de ce pôle industriel, appelé à booster différentes filières agricoles, a indiqué Mohamed Daifi, un opérateur qui a investi dans la filière laitière. Cette filière, avec la réception, début 2016, d'un complexe laitier offrant une capacité de production de plus 770.000 litres/jour, permettra le renforcement et la production locale d'un produit de première nécessité, estime son promoteur. Ce complexe, qui va créer 100 emplois directs et 4.000 autres indirects, compte, en plus de la création d'une unité d'élevage de vaches laitières et leur distribution aux éleveurs et agriculteurs de la région, se lancer dans une deuxième phase dans la mise en bouteille de lait de chamelle et la création d'une unité de production de dérivés du lait (yaourt et petit fromage), indique M. Daifi. La seule contrainte à laquelle fait face ce projet est la mise en place des réseaux d'énergie (électricité et gaz). « Nous demandons une assistance de l'Etat pour notre raccordement à ces réseaux avant la fin de cette année, pour nous permettre la mise en service, en début de 2016, du complexe », confie M. Daifi. « Pour la distribution de nos produits à travers la wilaya de Bechar et les autres wilayas du Sud-Ouest, nous allons faire appel aux jeunes ayant bénéficié, pour l'acquisition de véhicules de transport, du dispositif de l'agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej), et ce, comme contribution au plan de charge de cette catégorie de jeunes transporteurs », a-t-il ajouté. Onze (11) autres projets sont en voie d'étude, pour un financement de la part de la Banque de l'agriculture et du développement rural (Badr), selon son sous-directeur local d'exploitation. « Nous avons en étude, actuellement, des projets de création d'unités de transformation de plusieurs produits agricoles, notamment les dattes et les olives, en plus d'unités de conditionnement d'autres produits », a fait savoir Mohand Ouramdane Ibersiene. « La Badr est à la disposition des agriculteurs et autres opérateurs désirant investir dans le segment des industries de l'agroalimentaire », a souligné M. Ibersiene. Par ailleurs, une opération de rénovation des équipements de la minoterie de Béchar, dont la capacité de production est estimée à 2.000 quintaux/jour de farine et de semoule, a été lancée par le groupe industriel public Eriad, à la faveur d'un investissement global de 1,35 milliard DA destiné à la modernisation et à la rénovation des équipements des cinq minoteries de ce groupe à travers l'ouest et le sud-ouest du pays. Cette unité distribue ses produits à travers les wilayas de Bechar, d'Adrar, et de Tindouf, indiquent ses responsables.
