L'ex-enfant terrible du football est un citoyen engagé. Il est prêt à accueillir des réfugiés syriens chez lui. Eric Cantona défend un football d'esthète. Il aime les artistes, avoue suivre les matches de Barcelone et Manchester United et ne s'intéresse pas aux Bleus : « Je regarde très peu de matches et pas ceux de l'équipe de France. Je regarde des équipes qui jouent un certain football. Après je ne la connais pas cette équipe. Peut-être qu'elle joue ce football-là, mais je pense que cela se saurait. » Eric Cantona ne prononcera pas le nom de Didier Deschamps. Les deux hommes n'appartiennent pas au même monde. L'un aime les digressions, la rêverie, le champagne et les nuits étoilées. L'autre traverse la vie les crampons enfoncés dans le gazon, limite ses paroles, contraint son imagination. Cantona et Deschamps sont deux pôles opposés de la face du monde du foot. Le premier a brillé à MU et reste une star d'Old Trafford. Le deuxième a tout gagné sans devenir une icône. Qui restera dans l'histoire ? Le talent pur ou le palmarès XXL ? Les deux sans doute. Si Deschamps n'a jamais ouvert la bouche autrement que pour parler football, Eric Cantona est devenu comédien. Il aime aussi donner son avis comme il l'a fait dans le journal Le Parisien hier : « On va faire des guerres pour des raisons économiques, ensuite des gens fuient leur pays parce qu'on a foutu le b..., et on n'est même pas capables de les recevoir chez nous. » Eric Cantona se dit prêt à héberger des réfugiés. Il a voté François Hollande en 2012 mais il votera blanc en 2017. Cantona est un homme de gauche et la gauche déçoit. Depuis 25 ans que je l'entends, Cantona est resté fidèle à lui-même. Son intransigeance ne varie pas. Il garde quelque chose de l'adolescence, un idéal de pureté qu'il conserve malgré les vicissitudes de la vie. On peut ne pas être d'accord, trouver sa parole convenue - l'artiste engagé qui vote à gauche, éternel rebelle est parfois une posture. En revanche, je le sais sincère. Cantona n'est pas Zorro mais il défendra toujours la veuve et l'orphelin. Dont acte.
