Hôtel Ibis, à Bab Ezzouar hier matin. Les employés des lieux sont en train de débarrasser des bris de verres dans l'enceinte de l'hôtel. Jeudi, des émeutiers ont fait éclater les vitres de deux voitures garées dans le parking. En les voyant, les agents de l'hôtel les ont suppliés de ne pas s'en prendre aux mobiliers lors du pillage. Chose que les jeunes ont respecté tout en prenant soin de se servir de tout ce qui leur tombait sous la main. Le chef de la sécurité était, hier, en conclave avec le staff dirigeant pour évaluer les dégâts et prendre les dispositions qui s'imposent en pareil cas. A l'extérieur, deux abris-bus ont été saccagés. Les bris de verre sont encore par terre comme un témoignage vivant de ce qui s'est passé la veille. A Bachdjerrah, et plus précisément sur le boulevard Hassan El-Hassani, plusieurs cabines téléphoniques ont été arrachées. Selon un habitant rencontré sur place, une école à Bourouba a été partiellement brûlée. Les jeunes au nombre d'environ un millier, selon des témoins, ont dénoncé la récente augmentation des prix de large consommation (sucre, huile, farine, semoule…), la crise du logement, le chômage et le désœuvrement. A Kouba et plus précisément à Jolie- Vue, les magasins spécialisés dans la vente en gros de produits alimentaires ont carrément fermé de peur d'être attaqués. La veille, dira l'un d'eux, des jeunes sont descendus en masse des quartiers environnants pour protester contre les dernières augmentations. «Ils ont brûlé des pneus sur la chaussée», a-t-il expliqué. D'ailleurs, l'odeur du caoutchouc consumé et les traces de l'incendie sont visibles. Les personnes rencontrées sur place sont dubitatives : «On a décidé de rester à la maison et de baisser rideau pour ne pas cautionner ce saccage et ces comportements irréfléchis», a souligné le gérant d'un café. Par contre, une mère de famille venue à notre rencontre a déclaré que rien ne justifie ces augmentations décidées à la hussarde par certains commerçants véreux. A Hussein-Dey, les jeunes manifestants ont fait preuve d'un certain civisme. Ici, aucun édifice ou mobilier public n'a subi la colère des émeutiers qui se sont contentés de couper la route à la circulation avec des blocs de pierre et de pneus incendiés.