Les Libanais ont commencé, hier, à voter pour élire leurs responsables municipaux. « Les opérations de vote ont débuté sans incident », a affirmé le ministère de l'Intérieur. Ce scrutin est une échéance particulière dans le contexte des bouleversements qui secouent la région sur le plan politique et sécuritaire, et des tensions communautaires. C'est le premier scrutin national organisé depuis les dernières municipales en 2010, dans un pays sans président depuis deux ans, et sans nouveau Parlement depuis 2009. Près de 476.000 électeurs sont enregistrés dans la capitale qui compte 1,8 million d'habitants. En raison du système électoral qui prévoit que chaque citoyen doit voter dans la localité d'origine de ses ancêtres, de nombreux habitants de la capitale ne sont pas inscrits sur les listes à Beyrouth. Les bureaux de vote ont ouvert à 4h00 GMT, à Beyrouth, et dans deux gouvernorats de la région de la Bekaâ (est) où se déroule la première étape de ces élections qui se poursuivront jusqu'au 29 mai prochain dans les cinq autres gouvernorats du pays. La grande nouveauté de cette échéance électorale est la participation d'une liste formée de 24 candidats indépendants, de divers profils « Beirut Madinati ». Pour la première fois au Liban, des candidats issus de la société civile, rassemblés sur une liste indépendante, se présentent à des élections à Beyrouth. Cette formation, non partisane, se veut, de l'avis des experts, une opportunité de changement. Sa plateforme se distingue de celle des politiciens traditionnels comme l'ex-Premier ministre, Saâd Hariri, dont le parti domine généralement la municipalité de Beyrouth. Ce rassemblement s'est fixé plusieurs objectifs. Mais la priorité consiste à « dénoncer la corruption et le laxisme de la classe politique ». Pour les Libanais, l'élection d'un seul candidat des indépendants signifiera la victoire de la société civile. La crise des ordures, l'année dernière, qui a mis à nu l'incurie des dirigeants libanais, a conforté la position des organisations non partisanes. Ces dernières se sont résolument engagées pour régler ce problème qui avait pris des allures inquiétantes. Dans la capitale comme dans la Bekaâ, un autre mouvement issu de la société civile, « Citoyens et citoyennes dans un Etat », dirigé par l'ex-ministre et économiste Charbel Nahha, participe au scrutin. Pour leur part, les dirigeants traditionnels du pays, le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, et le chef du Courant du Futur, Saâd Hariri, ont appelé les Libanais, résidant à Beyrouth et dans la Bekaâ, à voter en masse en faveur de la liste des Beyrouthins. Pour les deux responsables, la tenue de ces élections constitue, à elle seule, une victoire pour le Liban, en raison de la situation qui prévaut dans les pays voisins.