Des agents de sécurité et des receveurs veillent à ce que tout le monde paye la taxe d'entrée estimée entre 800 et 1200 DA, selon le tonnage du camion. Cependant, des intermédiaires inspectent la marchandise dans les camions en attente et proposent leurs prix avant que le camion n'accède à l'intérieur de la grande surface commerciale. C'est dire que la spéculation commence déjà à l'extérieur du marché. Dans l'enceinte du marché, des jeunes manutentionnaires, mains nues, attendent qu'on leur fasse signe pour charger ou décharger la marchandise. Certains sont équipés de charrettes à deux roues, d'autres conduisent des calèches tirées par des baudets dans un marché où tout s'entremêle. Ils sont pressés defaire le plein le plus tôt possible et sortir de cette grande « arène » où les mandataires sont maîtres. La marchandise est proposée à la vente dans des carrés exploités par des mandataires, alors qu'une autre quantité est vendue carrément à même les camions. En cette deuxième semaine du mois de Ramadhan, les prix des légumes affichent une baisse sensible après avoir connu une flambée durant les premiers jours du mois sacré. A titre d'exemple, la courgette qui avait atteint le prix de 140 DA le premier jour du mois de carême, alors que la veille son prix ne dépassait pas les 50 DA, est cédée entre 60 et 70 DA. Selon certains revendeurs, son prix va encore baisser pour se stabiliser autour de 35-40 DA, avant de rebondir durant la dernière semaine du mois de Ramadhan. « Tout est lié à la règle de l'offre et de la demande. Les spéculateurs ne peuvent pas s'imposer si le consommateur n'affiche pas « son grand ventre ». Il faut que les consommateurs soient rationnels dans leurs achats pour éviter la rareté du produit sur le marché », explique Nacer Larfi, un mandataire au marché de gros de Boufarik qui critique cette frénésie hors normes du consommateur. « Tout le monde a remarqué comment le consommateur s'est comporté une fois qu'on a annoncé à la télévision que le Ramadhan est pour demain. Une heure après, les grandes surfaces et autres commerces ont été investis en force par les citoyens. Au bout de quelques heures, les étalages ont été vidés. Les commerces sont restés ouverts jusqu'au petit matin. C'était la désolation », estime le même mandataire. Au cours de notre virée au marché, nous avons constaté que les prix des légumes ne diffèrent pas d'un mandataire à l'autre. Excepté certains où la différence des prix est expliquée par la qualité du produit. A titre d'exemple, le poivron vert est cédé au prix de 60 DA le kg chez certains mandataires, chez d'autres, il atteint jusqu'à 80 DA. Le poivron Picon de bonne qualité est cédé par contre à plus de 100 DA le kg. Ces produits restent relativement chers sachant qu'ils sont de saison. La pomme de terre et l'oignon restent les produits les moins prisés. Leurs prix sont stables et à la portée des petites bourses. Pour le premier, son prix s'affiche entre 20 et 22 DA et le deuxième entre 18 et 22 DA. Le prix de l'aubergine varie entre 50 et 60 DA, la carotte passe de 85 DA à 45 DA, le navet disponible en petites quantités oscille entre 55 et 65 DA le kilo. Par contre, le prix de la tomate est toujours en hausse. Elle s'affiche entre 80 à 90 DA, selon la qualité. Fruits, des prix insensés Les prix des fruits durant ce mois de Ramadhan ont atteint un seuil de folie. C'est la grande déception cette année. Les consommateurs ont été privés d'étancher leur soif d'une longue journée de jeûne avec une pastèque ou un melon. 14 DA le kilo le prix de la pastèque et de 150 à 180 DA le kilo du melon et la cantaloup. Quant au prix de la pêche, il s'affiche à pas moins de 250 DA. Paradoxalement, la banane, qui traverse la Méditerranée et l'Atlantique pour arriver sur le marché algérien au prix de 160 DA le kg, reste beaucoup moins cher que la cerise produite localement et dont le prix s'affiche entre 650 et 950 DA. L'abricot entre 100 et 120 DA, alors que les figues sont à 150 DA, le fruit les moins cher sur le marché. Quant au prix de la pomme, il entre dans le Guinness Book. Il atteint les 390 DA le kilo en gros. Selon le mandataire Nacer Larfi, c'est la limitation du nombre d'importateurs qui a fait que les prix des fruits ont carrément doublé, comme celui de la pomme. « Le marché des fruits est aujourd'hui détenu par une poignée d'importateurs qui vendent leurs marchandises aux prix qu'ils veulent, non sans avoir payé des pots-de-vin. » Ce mandataire explique aussi que la situation du marché des fruits se complique davantage avec ces importateurs, surtout que la production nationale reste insignifiante pour pouvoir rééquilibrer le marché des fruits. A 8h, le marché s'est déjà vidé. Les mandataires ferment boutique et il ne reste que quelques camionneurs qui attendent d'éventuels acheteurs en ce début de journée qui s'annonce très chaude.