Après une longue et riche carrière ornée d'un palmarès bien étoffé tant en amateur qu'en professionnel, cet ancien champion est avide de reprendre du service mais pas n'importe où et n'importe comment. En effet, Après un accord de principe scellé il y a de cela deux ans avec le président de la Fédération algérienne de boxe (FAB), Nabil Saâdi, portant sur un excellent projet, la suite des évènements a malheureusement pris une autre tournure. Ferguène devait être chargé de la prospection en Europe de jeunes pugilistes binationaux (d'origine algérienne), susceptibles de renforcer les rangs des différentes sélections nationales. « Mon projet avec la FAB a capoté et j'ignore toujours les raisons ! » Crâne rasé, le nez légèrement déformé, une carrure toujours endurcie qu'élégante rappelant l'allure de certains grands champions qui ont marqué leur passage dans ce sport à l'image entre autres des Américains Marvin Hagler et Ray Leonard Sugar, du Portoricain Roberto Duran et du Ghanéen John Mugabi, Ferguène a abordé avec nous les grands axes de ce que devait être sa nouvelle mission dans le noble art algérien. « Je ne vous cache pas que depuis ma retraite, je ne cesse pas de songer à un tel projet, à savoir prospecter outre-mer pour dénicher de jeunes talents capables d'assurer la relève. Le destin en a voulu autrement, puisque rien n'a été fait depuis ma rencontre avec l'actuel président de la FAB, Saâdi. D'ailleurs, même le président du COA, Mustapha Berraf, est au courant de ce projet, car je l'ai informé, et voyait l'idée intéressante mais malheureusement il n'y a toujours pas eu de suite et j'ignore les raisons ! », a-t-il expliqué avec regrets surtout que la machine de ce projet allait être sérieusement mise sur rails avant que ça ne capote. On se rappelle comme c'était hier lorsque Mourad Ferguène et le président de la FAB, Nabil Saâdi, nous avaient rendu visite à la rédaction du journal en juillet 2014 pour confirmer leur accord de principe de collaborer ensemble. « Tout d'abord, je vous informe qu'en ma qualité de président de la FAB, je compte ouvrir toutes les portes à Mourad Ferguène qui est à mon sens un excellent choix. C'est quelqu'un qui connaît très bien son domaine. Il affiche une détermination farouche et une grande disponibilité pour contribuer au développement de la boxe algérienne. En plus de son vécu dans le monde du noble art et de sa grande expérience, il est très attentif et toujours à l'écoute. Je peux dire que tout plaide pour la réussite de ce projet. Au sein de la FAB, nous voulons donner l'occasion à nos jeunes compatriotes, notamment les binationaux, de s'illustrer sous les couleurs nationales de leur pays d'origine. Le rêve réalisé par plusieurs de nos footballeurs issus de l'émigration pourrait se concrétiser, pourquoi pas, pour nos jeunes boxeurs qui exercent dans différents pays européens. Après tout, ils sont Algériens et ont le droit de se hisser sous le maillot national s'ils répondent aux critères », nous révélait, il y a deux ans, le président Saâdi. « Je suis nationaliste et je reste toujours à la disposition de mon pays » Cela dit, le projet a capoté, mais Ferguène ne se décourage pas et garde espoir de le voir se réaliser. « Quoi qu'il en soit, je reste toujours à la disposition de mon pays. Je suis un nationaliste et je veux continuer à servir ma chère patrie comme je l'ai fait en tant qu'athlète. En France, il existe un véritable vivier de boxeurs issus essentiellement de notre communauté. J'estime qu'on peut faire beaucoup de choses pour la boxe algérienne en les récupérant, d'autant plus qu'ils sont dans leur majorité très dévoués à l'idée de défendre les couleurs de l'Algérie. Mais à force de les ignorer, ils finissent par opter pour la France. Vous n'avez qu'à voir la sélection française de boxe aux JO de Rio et vous comprendrez tout », a fait savoir le médaillé d'or des Jeux africains en 1978. « Fier et prêt à contribuer à l'émergence de nos pugilistes d'outre-mer » En abordant la faisabilité de l'intégration des binationaux, notre interlocuteur expliquera : « Pour cela, il va falloir préparer d'abord un arsenal juridique et administratif de ce projet avant de passer à l'action. Dans quel état d'esprit seront les athlètes ciblés et quels seront les arguments à présenter pour les convaincre à combattre pour l'Algérie dans les échéances internationales ? C'est dire qu'un travail en profondeur qu'il va falloir aussi réglementer au niveau du collège technique national pour ensuite passer au travail sur le terrain. Je suis persuadé qu'à travers nos jeunes boxeurs de la communauté émigrée, je peux aisément dégager une sélection capable de donner naissance à de véritables champions. Je suis fier et prêt à contribuer à l'émergence de nos pugilistes d'outre-mer. » « Nos boxeurs manquaient de motivation à Rio » Evoquant la dernière participation de nos boxeurs aux JO de Rio, Ferguène affiche une certaine déception. « Sincèrement, la participation de nos boxeurs a été décevante. Je m'attendais à beaucoup mieux, mais ça n'a pas été le cas. Nos boxeurs étaient émoussés et j'avais l'impression comme s'ils manquaient de motivation mais aussi de fraîcheur physique. J'estime que notre sélection de boxe manquait d'un véritable meneur d'hommes capable de déclencher cette motivation par les mots qu'il faut au moment qu'il faut. C'est très important surtout dans le très haut niveau où un simple détail peut faire la différence. J'aurais souhaité que quelqu'un comme Brahim Bedjaoui soit présent avec nos boxeurs pour les motiver et tirer le maximum de nos pugilistes qui sont tout de même à encourager », a-t-il fait savoir non sans lancer un coup de gueule en voyant un tel gâchis. Des projets, il en a mais... Diplômé et spécialisé dans la sécurité depuis sa retraite de boxeur professionnel, Ferguène a beaucoup de projets entre autres celui de monter sa propre société dans le domaine qu'il affectionne très bien. « J'ai une trentaine d'années d'expérience dans le monde de la sécurité. J'estime avec modestie que j'ai les capacités et les compétences requises pour lancer ma propre société en Algérie. Mon projet consiste à donner une touche qualitative et professionnelle à mon pays dans ce domaine. J'espère y arriver à concrétiser mon projet. » Derrière le gant de fer, une main d'artiste Allant à l'opposé de l'idée qualifiant les boxeurs d'abrutis, Ferguène démontre tout autre chose. En effet, derrière le gant de fer qui lui a valu de nombreuses consécrations à l'échelle nationale, continentale et mondiale (ceinture d'or), une main d'artiste. Fin mélomane, le puncheur qui en avait fait 34 victimes en autant de combats professionnels sait manier affectueusement la guitare. Sûr de ses capacités musicales car bercé dans le milieu artistique de son défunt père, Ferguène se projette aussi dans ce sens pour laisser ses traces. « Comme la boxe, la musique coule aussi dans mes veines. Je projette de produire un album chaâbi. Je suis un perfectionniste et je veux offrir quelque chose de valable pour les puristes et les amoureux de ce style », a conclu celui qui a tout donné pour « laâlam ».
