L'actualité de l'industrie musicale regorge de bonnes nouvelles, traduisant une parfaite rémission de ce marché des méfaits de la dématérialisation qui a soufflé sur les industries culturelles au début des années 2000, avec des effets catastrophiques sur le modèle économique du marché mondial de la musique. Parmi les innovations ayant contribué à redorer le modèle économique de l'industrie musicale, le streaming musical, qui constitue le nouveau terrain d'enjeu des grands acteurs de l'industrie musicale ainsi que des acteurs de l'internet. Comme annoncé il y a quelque temps, Amazon met sur le marché du streaming musical une nouvelle offre à prix étagés, avec le secret espoir, souligné par de nombreux observateurs, de réduire les parts de marché de ses concurrents et notamment de Spotify qui caracole en tête. Baptisé Amazon Music Unlimited, le nouveau service comprend plusieurs millions de titres musicaux offerts avec des tarifs allant du classique 9.99 dollars au surprenant 3.99 dollars par mois. Ainsi, le géant américain propose une offre variée dans « un catalogue de dizaines de millions de chansons et de milliers de playlists et de stations personnalisées sélectionnées avec soin », explique-t-il dans sa communication marketing, ajoutant que cela vient en plus d'un accès proposé « à deux millions de titres pour les abonnés de son service Prime ». En matière de tarification, Amazon a joué en dégradé, avec la motivation de rattraper la concurrence, notamment les leaders que sont Spotify, le français Deezer et le service Apple Music de la firme à la pomme. « Si le montant officiel est de 9,99 dollars par mois (comme Spotify Premium, Apple Music et Google Play), il est ramené à 7,99 dollars (ou 79 dollars par an) pour les abonnés du service Prime, qui marie livraisons gratuites pour les commandes dans ses boutiques en ligne et divers contenus numériques, notamment de la vidéo en streaming », écrit le site du quotidien d'information gratuit 20minutes.fr. Il rajoute une autre offre à 3.99 dollars par mois réservée aux « propriétaires des enceintes Echo, qui intègrent un assistant virtuel à commandes vocales et intelligence artificielle (Alexa) et sont conçues et distribuées par Amazon », ajoute ce site. Analysant la structure de l'offre de prix proposée pour le nouveau service, le site du quotidien économique français latribune.fr estime que la société Amazon fait comme les autres concurrents, et joue l'alignement « avec une offre à 9,99 dollars/euros par mois pour l'écoute en illimité et sans publicité d'un vaste catalogue musical issu de partenariats avec les majors du disque, qui fournissent déjà tous les autres services ». Mais dans un deuxième palier, Amazon sort ses griffes avec une seconde offre, une sorte de « copie conforme de la première, mais pour seulement 4 ou 5 dollars/euros par mois », souligne latribune.fr, ajoutant qu'il y a une différence « mais de taille : cette offre serait réservée uniquement aux clients de la solution domotique Amazon Echo ». Et le site de considérer que cela n'est pas qu'un simple détail, dans la mesure où, écrit-il, « les utilisateurs ne pourraient profiter du service que sur leur enceinte intelligente, et non pas sur les autres supports comme le smartphone, la tablette, la télévision ou l'ordinateur ». Au moment où le marché du streaming musical, en pleine explosion, s'oriente clairement vers la consommation sur mobile, le choix d'Amazon de se priver de cet accès, latribune.fr trouve que la stratégie d'Amazon ressemble à « un pari audacieux étant donné que l'économie du streaming musical se développe essentiellement sur mobile. De plus, il faut trouver cette niche d'utilisateurs dans une autre niche, celle des clients d'Amazon Echo, qui n'est pour l'heure disponible qu'aux Etats-Unis », souligne-t-il. Dans la suite de l'analyse, le journaliste de ce site relativise le propos en intégrant l'offre de streaming musical d'Amazon dans une politique plus globale à travers laquelle, note-t-il, « Amazon fait clairement ici un pari sur l'avenir », en expliquant un peu plus loin qu'il se donne comme objectif de « dominer l'écosystème de la maison intelligente et y associer tous les loisirs, y compris l'écoute de la musique ». Le site donne quelques détails sur la place de cette enceinte dans la stratégie Amazon pour la maison connectée. Elle est dotée de nombreuses fonctionnalités lui permettant de s'ériger en véritable assistant personnel servant à commander de nombreux services. « Elle intègre les services d'Alexa, un logiciel de reconnaissance vocale qui répond aux questions, peut gérer d'autres objets connectés (réveil, alarme, éclairage, chauffage...) mais aussi commander un taxi ou une pizza », écrit latribune.fr qui croit savoir, selon des sources de presse américaine, que « la firme espère vendre 10 millions d'enceintes aux Etats-Unis en 2017 pour un chiffre d'affaires de plus de un milliard de dollars ». L'appétit d'Amazon, au même titre que les autres acteurs de l'internet, pour le streaming musical, trouve son explication dans le développement important de ce marché qui est la source d'une forte croissance du marché mondial de la musique. « Le streaming musical s'impose cette année comme la première source de revenus de la musique dématérialisée. Les abonnements premium rapportent deux fois plus d'argent qu'en 2015. Ils portent la croissance de l'ensemble de l'industrie », lit-on dans un article mis en ligne par le site www.lesmobiles.com, sous le titre « le marché de la musique en forte croissance grâce au streaming ». On y apprend ainsi que tous les acteurs de ce marché, Spotify, leader mondial, ou de ses dauphins (Pandora, Apple Music, Play Music, Deezer, Tidal, Youtube, etc.), ont contribué à instaurer une nouvelle situation et de nouveaux usages, où « les amateurs de musique consomment de plus en plus grâce au streaming audio, sur leur ordinateur bien sûr, mais surtout sur leur mobile. La RIAA (Recording Industry Association of America) le confirme dans son dernier rapport semestriel », écrit le site. Des chiffres sont également fournis pour illustrer la bonne santé de ce secteur qui participe pour près de 47% dans le total des ventes de musique avec des revenus sur les six premiers mois de l'année estimés à 1,6 milliard de dollars. Alors qu'il n'était que pour un tiers des rentrées de la musique l'année dernière, le streaming a contribué sur les six premiers mois de l'année, pour 60% des revenus de la musique digitale. Ces indications dénotent, par ailleurs, la bonne santé de l'économie de la musique qui se remet des effets de la dématérialisation et semble en voie de trouver le modèle économique adapté. « L'industrie musicale est globalement en croissance : 8,1 % de mieux qu'au premier semestre 2015 sur le segment grand public. Du jamais vu depuis près de 20 ans. Les ventes en gros, pour les entreprises, par exemple, ont augmenté de 5,7 % pour atteindre les 2,4 milliards de dollars », rapporte ce même site. Dans l'analyse de l'évolution de l'économie du streaming musical, la presse spécialisée note une explosion des scores, notamment entre 2015 et 2016. « Sur la première partie de 2014, le streaming (payant, financé par la publicité ou radio en ligne) a généré 821 millions de dollars. Un an plus tard, sur la même période, elle parvient péniblement à dépasser le milliard de dollars, soit une progression de 24,7%. Et en 2016, elle atteint 1,6 milliard de dollars. Une croissance donc de près de 60 %», souligne lesmobiles.com qui donne comme explication à cette remarquable percée, ceci : « La musique sur abonnement a explosé. 112 % de progression en un an. La musique payante est enfin devenue la première source de revenus du streaming. Mieux encore, elle devrait devenir la première source de revenus du marché de la distribution dématérialisée, devant le téléchargement. Et donc de l'industrie musicale, tout court. » La stratégie marketing d'Amazon est pour le moment loin de pouvoir perturber le leader mondial du streaming musical, le suédois Spotify qui vient de célébrer ses 40 millions d'abonnés payants. « Rien ni personne ne semble pouvoir l'arrêter », avance le site www.challenges.fr notant, en effet, qu'il « a enregistré depuis mars 10 millions de membres supplémentaires ». Pour les autres gros concurrents, explique le journaliste du site, « Apple Music, qui en revendique 17 millions, peine à tenir le rythme, avec seulement 4 millions d'utilisateurs payants gagnés sur la même période », ajoutant que l'autre challenger est loin derrière, « le français Deezer — désormais contrôlé par le russo-américain Access Industries — compte environ 7 millions d'abonnés payants », indique-t-il. En comparant les éléments de stratégie marketing adoptés par différents acteurs, ce site voit que l'atout important dont dispose Spotify réside dans « son foisonnement de 4.500 playlists prêtes à écouter. Et le développement de contenus exclusifs, les enregistrements de concerts ou les interviews dans ses studios ». De son côté, Apple opte pour les exclusivités avec des artistes de renom comme « les chanteuses Taylor Swift ou Adele, qui ne veulent pas entendre parler du gratuit, du moins pour leurs nouveaux opus », écrit-il. Pour autant, les perspectives économiques de Spotify ne sont pas tout à fait établies avec notamment des problèmes d'équilibres financiers non encore trouvés. Pour soutenir sa dynamique de développement, il est contraint d'aller sur les marchés financiers, comme il vient de le faire tout récemment avec une levée de fonds astronomique de un milliard de dollars. Tout ceci en tenant compte du fait qu'il « est déjà lourdement endetté : il a affiché une perte de 173 millions d'euros l'an passé, alors que le groupe est parvenu à augmenter ses revenus de 80 %, à près de 2 milliards d'euros », rapporte le même site qui ajoute que son modèle est basé sur de fortes rémunérations des artistes, avec pratiquement 70% de ses revenus consacrés au paiement des maisons d'édition musicale. En plus des difficultés inhérentes au modèle de fonctionnement économique du leader suédois, il faut également tenir compte des stratégies d'intégration du streaming musical adoptées par les grands acteurs du net qui ne comptent pas être absents de ces nouvelles opportunités. En évoquant la dernière offre de streaming musical du géant du e-commerce américain, le site latribune.fr estime qu'elle « est comparable à celle d'Apple et de Google dans le sens où tous trois considèrent le streaming musical comme une pierre de plus dans un écosystème très large ». Il relèvera la présence d'Apple sur ce créneau où il tente de faire créer une synergie avec les autres services. « Apple profite ainsi de son immense parc d'iPhones pour pousser ses clients à s'abonner à Apple Music, lancé en juillet 2015 et déjà numéro deux mondial du secteur, derrière Spotify (15 millions d'abonnés contre 32 millions pour Spotify) », souligne latribune.fr, ajoutant que l'autre géant de l'internet, le leader de la recherche Google, est également dans les starting-blocks. Il « vient de lancer sa solution domotique Google Home (concurrent d'Amazon Echo et d'Apple Home), déjà un acteur majeur de la musique en ligne grâce à YouTube, qui cannibalise 40% de la consommation de musique sur Internet dans le monde ». Google a également mis à contribution sa plateforme vidéo, Youtube, pour lancer en novembre dernier, « YouTube Music, un service gratuit qui permet de basculer d'un mode vidéo à un mode uniquement audio, ainsi que YouTube Red, une formule payante à 9,99 euros par mois qui donne accès au contenu de YouTube sans publicités avec en plus l'accès à Google Play Music, le service de streaming musical concurrent de Deezer et Spotify », rapporte le site du quotidien économique français.
