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A l'établissement de rééducation et de réadaptation, Dar El Harrach : La culture libère de prison
Publié dans Horizons le 15 - 03 - 2011

A l'ex-prison de Maison Carrée, toujours sur les mêmes lieux et espaces que pendant l'occupation française, dans les quartiers populaires et populeux d'El Harrach, il est une animation constante, presque joyeuse, n'était l'endroit sinistre de la détention, qui tente de se donner, donnant le dos à la réalité, une allure autre, soignée dès les premières heures du matin. La rosée de l'aube à peine dissipée, l'œil bouffi par une nuit de sommeil agitée, pris dans l'angoisse de rater le rendez-vous du parloir, les mains chargées de victuailles, y compris dans celles des visiteurs qui continuent de faire la navette jusque dans l'après-midi, créent la bousculade au portillon. Des grappes de familles, des femmes surtout, auxquelles s'agrippent des enfants en bas âge, tout excités devant l'entrée du pénitentiaire, sous l'œil mi protecteur mi las des adultes, s'agglutinent dans une parfaite discipline, toutes dans les rangs. Un jeton à la main, sur laquelle se referme une paume moite bien serrée, de crainte de perdre sa place, alors que les papiers d'identité ont été déposés au poste de garde. Dans un rituel qui date de plusieurs années ou de quelques mois seulement. Voire quelques jours. En ce lundi 7 mars, vers les 14 heures, tout paraît anodin. Devant l'établissement de la rééducation et de réadaptation Dar El harrach, l'une des institutions chapeautées par la direction générale de l'administration et de la réinsertion pénitentiaire, ainsi pudiquement désigné, il y a une halte marquée par des agents de la sûreté nationale qui à leur poste marquent leur surveillance, à l'aide d'un panneau de ralentissement, et à leur poste face à l'entrée principale, ils se dressent bien en vue
A la réception, le sourire du préposé à l'accueil surprend agréablement. Un coup de fil au supérieur et l'agent dans son uniforme gris frappé de deux longues bandes parallèles noires sur les côtés de son ensemble pantalon veste, au gris qui le dispute à celui des douanes. Invitation à l'attente.Un groupe y est déjà posté. Ce sont surtout les avocats des détenus en visite à leur client. Il y en un qui épluche un dossier pour accompagner son attente. Cette dernière est ponctuée par le claquement de portes de part et d'autres de la réception. Le grand portail laisse tomber de gros verrous avec un bruit sec et professionnel du gardien. Devant, une autre porte lourde se laisse ouvrir à la première sonnette actionnée. Des agents de l'établissement vont et viennent. Ils sont aussi gardiens de prison, habillés d'un autre uniforme, dans un gris aussi, mais plus austère. Ils viennent du réfectoire et reprennent les commandes. Cette cadence est interrompue par un groupe de jeunes drapés de blanc en un costume de cuisinier, la toque pompeusement arborée. Ce sont les pensionnaires de la formation cuisine. Ce sont des détenus en formation interne. C'est à eux également que revient de confectionner le menu journalier. Dans leur costume nickel, on dirait des chefs. Ils avancent en file indienne à l'intérieur du garde fou, blanc et rouge, sous l'œil vigilant des gardiens.
LE SOURIRE DERRIÈRE LE CLAQUEMENT DES PORTES
Le brouhaha s'épaissit avec l'entrée des visiteurs qui passent sous le portillon, pour soit déposer leur colis, soit voir leur «prisonnier».
A l'extérieur, le soleil se fait généreux et inonde la cour d'entrée où se suivent les navettes blanches aux vitres grillagées de l'établissement, aller-retour. Elles sont parfois chargées de détenus appelés à comparaître. En partance ou de retour du tribunal La luminosité de l'astre solaire joue avec les mines patibulaires des détenus. Tantôt, elle ponctue l'espoir de voir du ciel un jour ; tantôt, elle dessine les contours d'une longue histoire qui, un jour, a mal fini.
Aux alentours de l'établissement pénitentiaire, il y a foule dans le magasin qui fait face aux murs de clôture blancs bordés de fil barbelés qui s'étalent tout le long du trottoir, non sans cette note guillerette d'un vert qui détonne comme pour ne pas laisser l'appréhension prendre au cou le visiteur ou même le pensionnaire permanent dès le seuil du pénitentiaire. C'est dans cette boutique exiguë que les familles viennent s'approvisionner en eau minérale, en fruits, en friandises, histoire d'humecter de l'essence du dehors, les palais de leurs proches. Pour ne pas perdre le goût des bonnes choses.
Derrière cette tentative de tons lumineux, il y a de la faïence qui orne le bas des murs de l'entrée. Elle est plus ou moins propre donnant cette impression d'une bâtisse pittoresque. Si elle l'est par l'histoire, tristement, elle n'en est pas moins bien conservée.
Les portes dont les battants glissent avec fracas, laissent l'entrée un peu plus fluide. Les avocats tour à tour pénètrent dans l'enceinte et vont retrouver leur client. Juste derrière cette porte d'où une lucarne s'ouvre de temps à autre pour vérifier l'identité du sonneur, il y a un autre poste de garde. Il est contigu aux bureaux de la direction où M. Kamel assure l'intérim du directeur, en sa qualité de premier adjoint. Entourés de ses proches collaborateurs, il vient à la rencontre des gens de la culture qui sont là pour donner le tempo aux activités culturelles dont se rend fière toute la population carcérale, détenus, gardiens, officiers et responsables. Face à cette antre officielle, la pièce où sont accueillis les visiteurs a la porte grande ouverte. Les inscriptions vont ainsi habiller le haut des portes, avec pour chacune, en une plaque identificatrice, les activités qui s'y déroulent, sportives, scientifiques, culturelles, artistiques…
LA SCÈNE DE LA LIBERTE CONDITIONNELLE
Une grande cour propre, chaude et ensoleillée à loisir, entoure les édifices verts blancs. De l'un à l'autre, de grandes portes protectrices que manipulent les gardes. Leur sourire de bienvenue est constant. Naturel et partagé avec les pensionnaires dont ils ont la charge. Parmi eux une présence féminine rôdée aux lieux et à leurs occupants. Le courant tacite, passe et rend plus aimable l'endroit. On s'y tromperait presque. La délégation d'hommes de culture encadrés de leurs hôtes s'enquièrent de l'intérêt accordé à la chose culturelle en milieu carcéral. Tant par les responsables que les détenus. Les réponses sont hétéroclites et fusent de partout. A la mesure de cette visite, les pas s'enchaînent allègres, surpris à la découverte des entrailles artistiques qui viennent en ce 7 mars extirper leur contenu. Des groupes formés d'artistes, conviés ou qui se sont invités à la prison et d'officiers responsables prennent le pouls de la multitude des arts auxquels s'adonnent les jeunes et même moins jeunes, leur manière à eux de ne pas rompre avec les choses de la vie et du monde extérieur.
Les initiateurs de ces activités, leurs auteurs et leurs propulseurs ont du cœur à l'ouvrage. Déjà, de grandes tables chargées d'ouvrages manuels réalisés au féminin donnent le ton à ce beau foisonnement de dons et de talents certifiés. Ce qui provoque avec le reste. Une ambiance des jours de liberté plane dans la grande salle qui fait office d'espace artistique.
Invités et hôtes s'installent aux premiers rangs, face à une scène ornée d'instruments de musique. Prémices d'une fête à venir. A retenir.
Les pensionnaires dans leur blouse blanche qui laisse entrevoir la tenue de prison, jaune moutarde attendent la lancée, pour se libérer de la routine pesante de l'enfermement. Une discrétion qui cache l'identité frappée au dos de l'uniforme. Un échange discret court à travers les chaises qui emplissent l'espace, ordonnées et serrées les unes aux autres. comme dans une complicité à toute épreuve. Les gardiens, eux, sont de faction mais très détendus. C'est que l'atmosphère en elle-même l'est.
A l'effervescence. A mesure que la scène laisse libre cours aux vocalises, au jeu, à l'improvisation, au son, au refrain… des talents avérés, des valeurs sûres, jeunes et plurielles, dans lesquelles sont venues s'incruster des prédispositions de qualité et des érudits professionnels, mordus de musique et de poésie populaire.
Une très belle offrande à l'esprit créatif qui sait briser les chaînes de l'assujettissement, voir à travers les murs et transcender les barreaux . Pour se sentir libre de tout horizon bouché. Même s'il reste conditionnellement encore hors d'atteinte, mais tellement à portée de main ! Lorsqu'il est donné un coup de fourmilière au sort qui s'acharne. En s'adonnant aux belles choses qui vous tiennent à cœur et qui laissent des échappées belles à vous faire naître des ailes tout en ayant pour tout ciel le plafond bas d'une cellule.


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