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Au cœur de la «Nakba» d'Aoulef
à plus de 1 700 km au sud de la capitale, des citoyens sinistrés pleurent sur le sable du Sahara
Publié dans La Tribune le 08 - 02 - 2009


Photo : Sahel
Par Abderrahmane Semmar
Sur le vide-papiers que la blancheur défend, Ahmed Boukaa, 42 ans, les yeux clairs, le visage noir, la moustache blanche, enseignant de son état, fait danser son stylo bleu.
Il grattait ses tempes tout en nous expliquant, schéma et chiffres à l'appui, que sa commune, Aoulef, est vraiment mal lotie. Située à plus de 250 km d'Adrar et à plus de 1 700 km d'Alger et de son vacarme, Aoulef compte seulement un lycée, quelques établissements scolaires, une seule route, une seule polyclinique, où aucun spécialiste ne veut mettre les pieds, un stade inclassable et hors du temps, des produits de première nécessité très onéreux, plus de 60 DA le kilo de pomme de terre et près de 800 DA la boîte de lait, un seul cybercafé où l'on ne dispose que d'un seul poste, un taux de chômage record et une pauvreté sans pareille. Et pour compléter le tableau, les minibus qui transportent ses habitants jusqu'à Adrar se comptent sur les doigts d'une seule main. Une navette en deux jours car, ici, les transporteurs privés optent toujours pour un aller sans retour, ou un retour sans aller, au regard du long trajet et à défaut d'un flux important de voyageurs.
En réalité, rien, ou presque rien, n'existe pour rompre l'isolement de cette commune de 21 000 âmes. Même pas la couverture du réseau de téléphonie mobile qui demeure très faible. «Comme si nous n'avions pas assez de problèmes, la providence nous a puni avec une pluie diluvienne qui a jeté des centaines de familles en pâture… au désert», raconte Ahmed sur un ton amer. Lui qui vient encore une fois d'effectuer un long périple, n'hésite pas à se dire que sa contrée souffre d'une ancienne malédiction. Fatigué, exténué, Ahmed, malgré qu'il broie du noir, nous offre tout de même l'hospitalité et accepte volontiers de nous servir de guide, une fois arrivés à Aoulef. Il faut dire que pour consulter un cardiologue, notre interlocuteur a parcouru plus de 1 000 km. En effet, il s'est rendu jusqu'à Ghardaïa pour comprendre les troubles de son cœur. Car dans toute la wilaya d'Adrar, la plus grande de toute l'Algérie, on ne trouve guère un spécialiste en cardiologie. Comme on ne trouve, par ailleurs, pratiquement aucun médecin spécialiste ! Adrar compte à peine deux gynécologues. L'un exerce à Timimoun et l'autre à Reggane. Pour parler de cet épineux problème, les gens d'Adrar s'en tiennent à l'anecdote de cette femme targuie de Bordj Badji Mokhtar qui s'apprêtait à accoucher. Pour qu'elle enfante en toute sécurité, sa famille s'est vue dans l'obligation de l'emmener jusqu'à Reggane, parcourant ainsi près de 700 km, sur l'une des plus impraticables routes de tout le pays ! C'est dire qu'en Algérie, il est des lieux où pour y vivre il faut avoir la grâce.
«Dites-leur à Alger qu'ici nous manquons de tout»
«Une Nakba, nous avons connu une véritable Nakba», c'est en ces termes qu'un groupe d'hommes d'un certain âge, vêtus de djellabas et couverts de chèches, nous souhaite la bienvenue à Aoulef. La lumière du soleil qui faisait danser leur ombre sur le mur d'une maison en toub, éclairait mystérieusement leurs visages burinés. Devant un pâté de maisons sahariennes qui se ressemblent toutes comme des gouttes d'eau, notre présence a provoqué un attroupement spontané. «Vous êtes journaliste, venez voir ce qui nous est arrivé. On a tout perdu. Il ne reste plus rien de nos demeures. Et maintenant, les autorités nous ont regroupés dans des tentes sales et trouées», nous lancent certains. «Dites-leur à Alger qu'ici nous manquons de tout. Où sont-ils ces avions d'aides que nous avons vus à la télévision», tempêtent d'autres.
A Aoulef, du calme et de la sérénité légendaire, si caractéristiques des gens du Sahara, il n'en reste qu'un souvenir lointain.
La colère a gagné les esprits de ces habitants qui voient l'avenir fait d'incertitudes. Bon nombre de citoyens de la localité d'Aoulef cultivent aujourd'hui un sentiment d'abandon.
A les entendre, depuis ce lundi 19 janvier, la vie n'est plus la même.
En l'espace d'une journée, où la pluie et les orages ont éclipsé le soleil flamboyant du grand désert, pas moins de 1 537 maisons en toub ont été sérieusement endommagées. 974 maisons demeurent, aujourd'hui encore, inhabitables. Une grande partie de ces constructions risque de s'effondrer à n'importe quel moment. D'ailleurs, il ne se passe pas un jour à Aoulef sans qu'un toit, un mur ou un fronton ne s'effrite et tombe en ruine. Dans toute l'histoire pluriséculaire d'Aoulef, on ne retrouve guère un épisode aussi tragique. Celle qui fut naguère, une beauté indicible car, pour l'atteindre, le voyageur doit percer le Sahara avec son chapelet d'oasis et champs de roses de sable pour se retrouver devant un ensemble de ksour remontant très loin dans le temps, est aujourd'hui défigurée et comme une fleur fanée. 595 familles sont sans abri.
A Rokina, Takafart, Djedid, Omanett, Kasmet Bilal, et tous les autres quartiers d'Aoulef, les tentes sont plantées partout. Ce sont ces dizaines de sites de sinistrés qui ont remplacé les ruelles étroites, serpentant de part et d'autre le ksar majestueux, constitué de
maisons en toub. Ces dernières émoustillent les regards avec leur couleur ocre et leurs formes géométriques qui épousent
harmonieusement les contours environnants du désert.
«Toutes ces maisons doivent être démolies. Le toub ne doit plus être utilisé dans notre région. On n'a plus le choix», explique Cheikh Abderrahmane, 65 ans, le visage ridé et les yeux cernés. En nous montrant sa maison ancestrale, héritée de père en fils, entièrement en ruine, dont il ne reste même pas les soubassements, il ne peut s'empêcher de retenir ses larmes. Lui et sa famille vivent
désormais sous une tente après avoir tout perdu en ce maudit lundi 19 janvier 2009. La pluie diluvienne a complètement inondé sa maison et en a fait un bassin en quelques heures. Ecarquillant les yeux, poussant de profonds soupirs, le cheikh relate le récit de sa tragédie en nous guidant sur les lieux de ce qui reste de sa demeure. Lui, comme des dizaines d'autres de ses voisins du vieux quartier de Rokina, il revit le sinistre au plus profond de sa chair. «Dès l'aube, la pluie s'est abattue sur nous sans arrêt. Nous n'avions jamais vécu un orage si fort. Depuis 1965, nous vivions au rythme des sécheresses. Mais, ce lundi était unique dans toute notre histoire. Les murs se fissuraient, les toits craquelaient, les chambres se remplissaient d'eau. C'était un vrai déluge», raconte Cheikh Ahmed. Emu, bouleversé par les réminiscences qui envahissent son esprit à ce moment, le vieux cheikh est encore sous le choc. «Nous avions fait de notre mieux pour évacuer l'eau de notre maison. Mais nous pouvions à peine sauver nos meubles et nos affaires. Dans notre commune, nous n'avons ni avaloirs ni canalisations d'eau de pluie. Quelques temps après, la maison s'effondrait sous nos yeux. A cet instant, j'avais compris que plus rien ne sera comme avant», témoigne-t-il, en levant ses mains vers le ciel pour implorer Dieu.
Regroupés dans un campement de fortune, la famille de cheikh Ahmed pleure sur son sort en compagnie d'une dizaine d'autres. Plantées sur un sol sableux, les tentes qui servent de refuge à ces sinistrés sont parsemées de tâches noirâtres et de trous béants. Pour chaque famille sinistrée, on a attribué une tente et deux couvertures. «Ce n'est pas vrai, moi-même je n'ai pas reçu de couverture. Et lorsque je me suis plaint au Croissant-Rouge, on m'a promis de m'en donner plus tard. A ce jour, je n'ai encore rien reçu. La nuit, mes cinq enfants et ma femme grelottent de froid sous la tente», confie avec beaucoup de rage Mustapha, 42 ans, qui veut bien comprendre pourquoi on le traite de cette façon. «Croyez-moi, nous n'avons pas reçu de produits alimentaires depuis
4 jours. En tout et pour tout, on nous a donné 2 kg de riz, de semoule, une boîte de lait en poudre, de l'huile et de la tomate concentrée. La deuxième fois, on nous a attribué des pâtes et quelques produits dans un couffin. Mais peut-on vivre avec ça ? Ne sommes-nous pas des sinistrés ? Où sont ces avions d'aides que les autorités nous ont promises ?», fulminent Mahmoud et sa femme Fatima. Nos deux interlocuteurs s'effondrent en larmes en pensant à leurs enfants qui n'ont pas goutté à un repas chaud depuis deux jours. Pour se nourrir, ils n'ont trouvé guère que quelques fruits et des dattes offerts par des bienfaiteurs.
«L'aide alimentaire est un gros problème», reconnaît tout de go Ahmed Boughabda, vice-président de l'APC d'Aoulef. «L'aide officielle arrive au compte-gouttes. Et pourtant, un aéroport militaire se trouve tout près, à Reggane, à 100 km d'ici. J'espère que cette situation va s'améliorer dans les jours à venir. La wilaya et les représentants du gouvernement nous ont promis cela en tout cas», remarque-t-il. Les carences et autres défaillances dans le circuit de distribution mis en place par le Croissant-Rouge algérien sont, en vérité, nombreuses et visibles. Et au-delà des centaines de familles qui se sont retrouvées sans abri et sans ressources dès le premier jour des intempéries, d'autres familles les ont rejointes quelques jours plus tard puisque leurs demeures fragiles, les plus gravement endommagées surtout, continuent jusqu'à l'heure actuelle à s'effondrer les unes après les autres. Grossissant ainsi les rangs des sinistrés, ces familles n'ont malheureusement pas pu bénéficier d'une prise en charge de la part des autorités. Hébergées par leurs parents ou proches, elles n'ont reçu ni tentes ni couvertures. Encore moins des produits alimentaires. Sinistrées, certes, ces familles le sont devenues. Mais, les autorités locales ne leur reconnaissent pas ce statut. Décidément, à Aoulef, le sinistre alimente les injustices.
«L'Etat veut nous arnaquer»
Perdues dans un labyrinthe tortueux et inextricable, les petites rues d'Aoulef se partagent jalousement le peu d'espace vital que leur concède le désert. Les maisons flirtent entre-elles dans une promiscuité urbanistique qui a garanti durant des siècles la survie à ces habitants en proie aux rafales de vent de sable et à la chaleur brûlante du Sahara. Mais, aujourd'hui, la pluie a eu raison de la ténacité du ksar. Des quartiers entiers ont perdu de grands pans de leurs composantes. Le toub, rongé par l'eau qui le pénètre, se désagrège sous l'effet du soleil, puis cède au moindre souffle de vent.
Il faut dire que les briques de toub avec lesquelles on édifie les habitations dans cette région du Grand Sud, ne se fabriquent plus selon les anciens procédés. Auparavant, on les mélangeait avec de la paille et de la chaux pour garantir leur résistance. Malheureusement, ce savoir-faire millénaire n'a pratiquement plus cours en ces temps où l'ancien, l'authentique, l'original, est vilipendé, décrié et laissé pour compte.
«Les 1 200 maisons en toub, partiellement touchées, qui subsistent dans la commune, doivent être renforcées. Je ne crois pas qu'il est de notre intérêt d'abandonner définitivement le toub. Et puis avec quoi le remplacer», souligne de son côté Abil Hamou, maire d'Aoulef. Notre interlocuteur milite pour la promotion des programmes de réhabilitation des maisons en toub. Chaque année, dans le cadre des programmes communaux de développement (PCD), la wilaya d'Adrar consacre un budget dans ce cadre-là. «Seulement, pour l'heure, il est insuffisant. En 2007, nous avons réhabilité 79 maisons. Nous désirons réhabiliter au moins une centaine chaque année. Dès lors, on pourra garantir qu'elles ne crouleront pas à la prochaine pluie», assure Abil Hamou. D'autre part, l'Etat doit aider, selon notre interlocuteur, la population locale à préserver ses maisons en consacrant des aides conséquentes à l'auto-construction. Le président de l'APC plaide également pour une utilisation d'autres matériaux de construction pour consolider davantage ces maisons en toub. Toutefois, sans l'aide de l'Etat, rien de cela n'est envisageable. Car, ici, à Aoulef, le sac de ciment dépasse largement les 600 DA. Pour 100 kilos de ciment, le citoyen d'Aoulef doit dépenser au moins 12 000 DA. Le fer, le plâtre, le ciment blanc, et les autres matériaux de construction sont, tout simplement, hors de portée. Dans ce contexte, construire en dur à Aoulef est un véritable luxe. Un symbole de faste qu'on ne peut s'offrir que pendant les moments de rêverie. Alors que faire ? «Nous privilégions le logement social. Mais pour cela, les citoyens doivent se montrer compréhensifs. Ils doivent adhérer à notre projet. S'ils acquiescent à quitter leurs quartiers précaires, nous allons les récupérer pour les aménager en de nouveaux sites à même d'accueillir des équipements publics. De notre côté, on a déjà choisi les sites sur lesquels vont être construits des logements sociaux. Des entreprises compétentes, venues du Nord, vont entamer prochainement la réalisation de ce projet. Chaque sinistré aura ainsi droit à un de ces logements», révèle pour sa part Bouabdellah Douda, chef de daïra d'Aoulef et premier responsable de la commission d'enquête, installée au niveau de la daïra, chargée de recenser les sinistrés, identifier leurs besoins, et préparer leur relogement. Mais un problème subsiste, selon notre interlocuteur : l'Etat ne peut pas obliger un citoyen à abandonner son logement, aussi précaire soit-il. «De plus, poursuit-il, un problème d'espace se pose avec les habitants de cette région. Ils nous disent qu'ils ne peuvent vivre dans un logement social de 80 m2, alors qu'ils disposent de beaucoup plus d'espace dans leurs maisons en toub. Cependant, il faut faire un choix. On ne peut offrir des appartements de 200 m2 à toutes les familles sinistrées. Les citoyens doivent choisir entre le logement en toub et celui en dur».
Mais ces citoyens, qu'en pensent-ils ? «L'Etat veut nous arnaquer», décrète haut et fort Zahra, 39 ans, qui arbore une mine déconfite en abordant avec nous la délicate question du relogement des familles sinistrées. Sa maison s'est effondrée dès les premières précipitations. Elle a, à peine, pu sauver sa vie, celle de ses trois enfants et celle sa mère très âgée. «Je n'accepte pas qu'on me recase dans un studio de deux pièces alors que je dispose d'un terrain de 1 000 m2. L'Etat veut le reprendre en échange d'un minuscule appartement ! Vous trouvez cela normal ? Non, il n'en est pas question», tonne-t-elle. Pour faire part de ses revendications, Zahra n'y va par trente-six chemins. «J'ai parlé aux députés lorsqu'ils nous ont rendu visite. Que l'Etat daigne nous aide à reconstruire nos maisons selon des normes de sécurité. C'est tout ce que nous demandons», dit-elle tout en confiant ses appréhensions. Car pour elle, vivre sous une tente, ça n'a rien d'agréable. D'autant que cette situation risque de perdurer jusqu'à l'été. «Exposés à la chaleur insupportable de l'été, nous risquons tous de périr sous ces tentes. J'ai bien vu qu'à Ghardaïa, jusqu'à aujourd'hui, le relogement des sinistrés ne s'est pas encore effectué. Alors qu'en sera-t-il pour nous ?», se demande Zahra, le visage marqué par l'angoisse. De l'angoisse justement, c'est ce qui torture nos concitoyens d'Aoulef. «Que nous réserve l'avenir ?» A cette question, qui revient sur toutes les lèvres des sinistrés d'Aoulef, la «Nakba» n'a apporté dans ses flots aucune réponse. A Aoulef, on apprivoise peut-être le désert, mais pas le sort…


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