Le campus d'Aboudaou a abrité, mercredi dernier, un colloque sous le thème « Barberousse et l'émergence de l'Etat algérien au XVIe siècle », organisé par l'Université de Bejaïa, en collaboration avec le Centre national des archives. L'évènement, auquel assistaient, entre autres, le wali de Bejaïa et l'ambassadeur de Turquie en Algérie et un représentant du ministère des Affaires étrangères et des officiers de la marine turque, prend opportunité du 500e anniversaire de l'arrivée des frères Barberousse en Algérie pour questionner l'histoire de notre pays durant l'époque ottomane. Il s'agit aussi, selon Boualem Saïdani, recteur de l'Université de Bejaïa, qui a souligné l'importance des relations existant entre l'Algérie et la Turquie, de renforcer ces liens dans l'intérêt réciproque à travers une meilleure connaissance mutuelle. Il annonce par ailleurs la préparation, avec la collaboration de la partie turque, d'un second colloque à Bejaïa autour d'un autre célèbre Ottoman, Piri Ibn Haji Mehmed dit Piri Reis, grand amiral du XVIe siècle, connu pour son œuvre de cartographe. De son côté, le directeur du Centre national des archives, Abdelmadjid Chikhi, a indiqué qu'il fallait relire le personnage de Barberousse sous un nouvel éclairage, investir davantage d'intérêt dans cet héritage que l'Algérie partage avec la Turquie et qui a fait de notre pays une forteresse contre les invasions venues du Nord. Le directeur des archives turques lui répondit en écho en soulignant l'importance de prendre en charge cette histoire commune, et d'adopter une démarche académique dans son étude à travers les archives ottomanes. Il a aussi indiqué qu'un travail de classification de ces documents, aux fins de faciliter leur exploitation par les chercheurs, a été entrepris depuis 2004 et qu'une première publication a été éditée sur l'Algérie, précisant que les archives existantes ne sont pas seulement militaires mais concerne tous les aspects de la vie sociale. Il a enfin appelé à définir des mécanismes pour que les chercheurs algériens puissent avoir accès sans difficulté à ces archives. L'assistance apprendra également que ces archives comportent quelque 150 millions de documents, dont une bonne partie concerne l'Algérie. Pour sa part, le représentant du MAE a rappelé que l'Algérie et la Turquie sont liées par un traité d'amitié et que ce pays est un partenaire de premier ordre sur le plan économique, ajoutant qu'il fallait mettre à profit cette histoire commune. Le premier conférencier, Nacereddine Saïdouni, donnera d'ailleurs une idée de la façon de mettre à profit cet épisode historique en battant en brèche l'idée répandue que la présence turque en Algérie pouvait être qualifiée de coloniale. Il estime que l'arrivée des Barberousse en Algérie a provoqué un tournant stratégique en bouleversant les rapports de force dans la région, estimant que l'empire ottoman a fourni un modèle d'intégration aux différents pays arabes et islamiques qui ont rejoint son giron.