Quand on parle des martyrs, on fait souvent référence au mois de mars, parce qu'il est le mois des martyrs par excellence. D'autres mois, pourtant, ont également enregistré de nombreux martyrs. Hier, au forum de la mémoire du quotidien El Moudjahid, Le Dr Mohamed Lahcen Zeghidi a, dans une conférence à laquelle ont pris part des stagiaires du centre de formation Hassiba-Ben-Bouali, cité des chouhada tombés au champ d'honneur dès le déclenchement de la Révolution, à les martyrs de Novembre. Evoquant les préparatifs de cet évènement historique, il dira : « les jeunes qui formaient l'OS étaient d'un genre spécial. Ils font tous partie du mouvement national. Il a fallu les former pendant sept ans (1947-1954) dans le maniement des armes. Ce mouvement n'était pas ouvert à tout le monde, surtout qu'il se devait d'être entouré d'une grande discrétion », a-t-il fait savoir. Deux mille jeunes ont été formés au sein de l'OS, selon lui. L'adhésion à cette dernière se faisait sous certaines conditions ; ils ne devaient pas quitter le mouvement sans motif valable. « C'est une entrée sans sortie, sauf en cas de mort ou de maladie handicapante, sinon ils devaient y rester jusqu'au recouvrement de l'indépendance », dit-il. Contrairement au Maroc et à la Tunisie, « l'Algérie était une terre française, elle faisait partie intégrante de la France, selon le colonisateur », dit-il. C'est pourquoi la répression du 8 mai 1945 était féroce, d'après Zeghidi. En mars 1950, lorsque l'OS a été découverte par les autorités coloniales, près de 500 cadres ont été emprisonnés et à leur tête le défunt premier président de l'Algérie, Ahmed Ben Bella. Sentant que le mouvement national cogitait une révolte qui pourrait éclater à tout moment, l'ennemi a mobilisé ses agents secrets pour stopper tout mouvement insurrectionnel. 49.700 soldats français ont été mobilisés pour assurer la sécurité. En revanche, malgré le peu de moyens humains et logistiques, soit 1.500 djounoud et un budget dérisoire financé par les leaders du mouvement national et la communauté algérienne établie à l'étranger, la guerre a été déclenchée en même temps dans les différentes régions du pays. Le 1er Novembre était l'étincelle qui annonçait le début d'une guerre qui ne finira qu'avec le recouvrement de la liberté et de la souveraineté nationale. En deux mois, de novembre à décembre, 31 guérillas ont eu lieu au cours desquelles 101 martyrs sont tombés au champ d'honneur. Parmi les premiers martyrs, on cite Omar Mezoudji, Amar Ougrour et Grine Belkacem. Chaïb Dzair est la première jeune fille martyre dans le Nord-Constantinois. En tout, elles sont cinq femmes martyres de la première heure de la guerre de Libération, dont les sœurs Boucetta Lali Djoumoua et Mansoura, a fait savoir Mohamed Lahcen Zeghidi. La Wilaya III a connu dix martyrs tombés au champ d'honneur en novembre dont Nacef Slimane, Adjmout Saïd, Khelifati Saïd. La Wilaya IV a enregistré huit martyrs dont Slimane Bouachour, Kamli Mohamed, Kacemi Mohamed, Idir Ali, Abbas Mohamed, Amar El Ghoul. Dans la Wilaya V , il y a eu aussi des martyrs dont les frères Barhou, les frères Bordji, Badji Mokhtar, Ben Abdelmalek Ramdane, Brahimi Abdelkader et Zendour Mohamed Brahim, premier martyr de l'élite intellectuelle.