Photo : Fouad S. La dépénalisation du délit de presse, annoncée par le président de la République, lors de son discours adressé, vendredi soir à la Nation, semble convaincre les spécialistes. Zaâmoum Mehdi, vice-doyen de la faculté des sciences politiques et de l'information, indique que « la démarche de dépénaliser le délit de presse constitue un pas supplémentaire pour la promotion de la liberté d'expression au pays ». Ce professeur de l'université d'Alger, spécialiste de la communication, estime que « le chef de l'Etat, à travers son initiative, est convaincu qu'un Etat démocratique ne peut se concrétiser sans un champ médiatique libre, loin de toute pression ». Il espère dans le même sens voir un groupe de travail « qualifié » se pencher sur l'élaboration des textes liée à la démarche « conformément aux règles de l'éthique et de déontologie de la profession », a-t-il soutenu. Le délit de presse, en vigueur depuis 2001, sera, en effet, dépénalisé, selon la volonté affichée par le chef de l'Etat. Outre les mesures socio-économiques et les réformes politiques, la dépénalisation du délit de presse figure également parmi les mesures politiques annoncées. «La loi sur l'information, elle, introduira les repères d'une charte déontologique et complétera la législation actuelle, notamment à travers la dépénalisation du délit de presse », a clairement indiqué le chef de l'Etat. La pénalisation du délit de presse a été instaurée par un amendement du code pénal en mai 2001. Le code pénal sanctionne, faut-il le signaler, le délit de presse par un emprisonnement qui peut aller jusqu'à cinq ans ferme. Plusieurs organisations et autres associations activant dans le domaine de l'information ne cessent depuis des années d'appeler à la dépénalisation du délit de presse. Le Centre algérien de défense de la liberté de la presse (CALP), la Fédération internationale des journalistes (FIJ), le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF) plaident, en effet, pour l'abrogation des dispositions relatives à la diffamation pénale, parce qu'ils estiment qu'elles contreviennent aux normes internationales sur la liberté d'expression. Des initiatives ont été lancées par les professionnels des médias depuis le début de l'année en cours pour demander de meilleures conditions d'exercice de leur métier. En effet, la dépénalisation du délit de presse a été instamment réclamée par la corporation qui souhaitait la révision ou l'abrogation des dispositions du code pénal relatives à la presse jugées «répressives». Les journalistes des secteurs public et privé, qui avaient lancé récemment une initiative appelée « Initiative nationale pour la dignité de la presse », réclament notamment l'activation de la loi sur l'information de 1990 et la création du haut conseil de l'information. Le canevas des revendications arrêté, dans le cadre de cette initiative, vise aussi la dépénalisation du délit de presse, la réactivation du Conseil de l'éthique et de la déontologie, ainsi que l'ouverture d'un débat officiel avec la presse algérienne.