Quand Mohamed Rebbah donne de la voix, difficile de ne pas prévoir le succès escompté. Etoile montante de la chanson variété, pour ne pas dire l'une de ses figures de proue, l'artiste vient de sortir chez Maya Edition un nouvel album dont la chanson à succès n'est autre que «Ana Hawaya Meriouh», tube célèbre de l'un des maîtres de la chansonnette algérienne, Dahmane El Harrachi. On connaît sa vénération pour les grands de la musique, d'autant plus qu'il a eu à accompagner tout au long de sa carrière dans le Chaâbi ou l'Andalou, des ténors de la trempe de feu Guerouabi, Amar Ezzahi et d'autres encore. Et ce travail n'est qu'une manière parmi tant d'autres pour les artistes qui ont façonné ce jeune talent. Par ailleurs, et très soucieux des aspirations de ses mélomanes, et Dieu sait qu'ils sont nombreux, Mohamed propose dans cette production un cocktail festif qui ne laisse pas indifférent. On l'attendait dans le marocain, le voilà qui nous surprend par un enchaînement atypique tirée du répertoire tunisien (Ya nass aamalt rahla ; Ha el gala ; El koun ila djmalikome ; El ftima rouh ya benal werchan) qu'il chante avec aisance telle qu'on le prendrait sans hésiter pour un auteur tunisien. Tant la puissance vocale, les envolées lyriques viennent accentuer l'accent tunisien qu'il semble assez bien maîtriser. Petite escapade dans l'immensité du paysage musical maghrébin, Mohamed passe allègrement au trop respectable répertoire tlemcenien en reprenant, avec beaucoup d'élégance, un tube très cher à l'enfant terrible du pays de Sidi Boumedine, Nouri El Koufi, «Hanina». Une occasion pour renouer avec ses penchants maghrébins, puisqu'il ne peux s'empêcher de rythmer l'ambiance sans la virevoltante «Sidi Habibi», où le rythme dansant du berouali donne de la bougeotte à toute oreille- et corps- sensible. Bref, en un mot comme en cent : Mohamed Rebah ne fait jamais dans les demi-mesures. Ce neuvième album en est la preuve.