Les Palestiniens et les Israéliens affûtent leurs armes. A l'approche du duel qu'ils comptent se livrer à New York en septembre prochain, ils y vont avec leurs stratégies. Mahmoud Abbas, qui évoque l'absence de tout interlocuteur sérieux du côté israélien depuis septembre 2010, compte obtenir la reconnaissance d'un Etat palestinien sur les lignes de juin 1967 lors de l'Assemblée générale des Nations unies, comme l'a annoncé Barack Obama le 19 mai. Pour y aller en représentant de tous les Palestiniens, il enterre la hache de guerre après quatre ans d'une guerre fratricide entre Fatah, son mouvement, et Hamas qui exerce en maître le contrôle de Ghaza depuis juin 2007, une guerre qui a pesé lourdement dans les négociations de paix israélo-palestiniennes. D'où sa disponibilité depuis le «printemps arabe» à former un gouvernement d'union nationale – au grand dam des Américains et des Israéliens qui y voient «un obstacle à la paix» et à éloigner Salaam Fayyad, dont la candidature à la direction de cet exécutif qui sera composé de personnalités indépendantes, est rejetée par le mouvement islamiste. Selon les deux parties, cet accord de réconciliation qui prévoit des élections législatives et présidentielle en Cisjordanie et à Ghaza d'ici un an, sera finalisé mardi prochain au Caire entre Mahmoud Abbas et Khaled Mechaal, le chef du Hamas. Benjamin Netanyahu, qui voit un isolement de l'Etat hébreux pointer à l'horizon, s'agite. Pour casser la dynamique enclenchée par l'Autorité palestinienne, il manœuvre pour réunir 30 à 50 pays hostiles à cette reconnaissance dans les frontières de 1967 et avoir le soutien de ses ultras en Israël en autorisant la construction de 7900 nouvelles colonies dans la partie orientale de la ville d'El-Qods et la démolition de centaines de maisons sous prétexte qu'elles sont «illégales et non autorisées». C'est dans cette ambiance électrique qui pourrait mettre le feu aux poudres du Proche-Orient que s'inscrit le projet français d'une conférence entre Israéliens et Palestiniens à Paris dont l'objectif principal est l'enclenchement d'un processus qui évitera la confrontation en septembre à New York. A en croire Catherine Ashton, la chef de la diplomatie européenne, une concertation aurait commencé au sein du Quartette pour un «geste» qui donnerait aux deux parties «avant l'été» un cadre de référence qui évitera tout affrontement à l'ONU.
