Née en Angola en 1936, Delfina Lopes Teixera est l'auteur de «Pièces d'un cauchemar», publié en Angola et au Portugal en 2006. Dans cet ouvrage, elle raconte les atrocités subies par son mari Herminio Joaquim Escorcio pendant neuf ans et demi, au cours de sa lutte contre le colonialisme. Sa passion pour l'écriture l'a poussée trois ans après à publier en Angola «parole intime», ouvrage écrit dans un style poétique qui lui permet de mieux exprimer ses sentiments sans avoir besoin de décrire les événements de manière séquentielle. Toujours sur les chemins de la poésie, elle a décidé d'écrire «Souvenirs» avec le désir de marquer son bref séjour en Algérie «un pays merveilleux et frère qui a beaucoup soutenu et aidé l'Angola dans sa lutte de libération nationale», affirme-elle émue. Humble et naturelle, Delfina Lopes Teixera, épouse de son excellence, l'ambassadeur d'Angola en Algérie, a répondu naturellement à nos questions lors d'une séance de vente-dédicace qu'elle donne dernièrement au Centre de presse d'El Moudjahid, à Alger. Il y a plusieurs genres littéraires. Pourquoi avoir choisi la poésie pour vous exprimer ? L'écriture est une passion, la poésie soulage la solitude. J'ai choisi sciemment la poésie, parce que je me sens à l'aise dans ce genre. Je peux décrire et parler de mon état profond sans tricher. En poésie, je ne réfléchis pas. Je fais sortir des choses qui sont en moi et je les fais partager avec mes lecteurs. Cette façon de faire me libère, me soigne. Donc votre poésie est thérapeutique… Ma poésie est une psychothérapie. Elle soigne l'âme. Pour confidence, lorsque la douleur se fait mots, je l'ai écrit pour rendre hommage à mon époux qui a longtemps souffert. Il a été arrêté par PIDE/DGS. Une longue souffrance qui durera neuf ans et demie. Cette souffrance a pris fin le 25 avril 1974, date où mon époux a été définitivement libéré. Mais au-delà de cet hommage, ce recueil est une source de réconfort pour moi, de recherche profonde de soi, de recherche nécessaire à notre suivie. Alors dans ce cas de figure, comment définissez-vous la poésie ? Pour moi la poésie, c'est l'expression des états d'âme. En somme, la poésie c'est la méditation, c'est l'expression de votre être tout entier. Quelle place occupe la poésie dans votre vie, votre quotidien ? La poésie est l'une de mes raisons de vivre. Chaque jour, ou presque, j'écris un poème. La poésie est d'abord une thérapie pour moi. Souvent, quand je me sens mal, quand la vie me tourmente, je me réfugie dans l'écriture. La poésie me permet de revisiter mon inconscient, d'exprimer mes douleurs et d'inventer des remèdes. J'écris d'abord pour moi. J'écris aussi pour parler des maux de ma société, pour témoigner sur ce qui se passe à travers le monde car tout ce qui est humain me touche profondément. Je sais que je ne peux pas changer le monde, qui est souvent lugubre, je sais aussi que la vie est souvent absurde mais je préfère rêver et espérer pour ne point périr passivement. Comptez vous commercialiser votre ouvrage ? Au fait, ce recueil de poésie est paru à la maison d'édition «Dar El Afaq». Je ne compte pas le commercialiser. Seulement, j'organise pour la date du 24 juin au niveau de la résidence de l'ambassade de Belgique en Algérie une séance de vente-dédicace. La recette de cette vente dédicace sera reversée à des œuvres caritatives en Algérie. Des projets en vue ? J'ambitionne d'écrire mes mémoires «Quand le sourire se déclenche».