La capitale somalienne, Mogadiscio, connaît un nouveau rebond depuis samedi matin. Ses habitants la fuient à cause de la crise alimentaire qui y règne depuis plus d'un mois. Les rebelles «Shebab» aussi. «Les combattants moudjahidine ont mis en œuvre un changement de tactique militaire contre les ennemis d'Allah et, bientôt, vous entendrez une bonne nouvelle», a annoncé Ali Mohamed Rage, un porte-parole des rebelles, sans plus de précisions. Samedi matin, plusieurs témoins avaient annoncé le départ de la capitale de nombreux combattants Shebab, dans la nuit, après des combats avec les forces gouvernementales et leurs alliés de la force de l'Union africaine (Amisom). Côté gouvernement, le retrait a été favorablement accueilli. Dans une déclaration à la presse, le président Sharif Cheikh Ahmed a déclaré que, désormais, «Mogadiscio a été complètement libérée de l'ennemi et le reste du pays sera également bientôt libéré». Le représentant spécial du secrétaire général de l'Onu, Augustine Mahiga a, de son côté, salué «un pas dans la bonne direction» tout en mettant en garde contre les «risques sécuritaires réels, notamment d'attaques terroristes». Hier, les troupes du gouvernement de transition somalien (TFG) et les soldats de l'Amisom progressaient lentement dans les quartiers désertés la veille par les rebelles, dont quelques éléments sont restés en ville provoquant des accrochages. Jusqu'à samedi matin, le TFG et l'Amisom contrôlaient un peu plus de la moitié de la ville, notamment l'aéroport et le port, face aux rebelles qui en tenaient toute la partie nord-est. Mais le gouvernement de Sharif Cheikh Ahmed doit également mener la bataille sur un autre front. Il doit trouver les fonds et l'aide nécessaires à la crise alimentaire que traverse la Somalie, touchée par la plus grande sécheresse depuis 20 ans. Plus de cinq régions ont été décrétées en état de famine par l'Onu et ses agences. Les combats et l'insécurité qui règnent à Mogadiscio ont jusqu'à présent fortement handicapé l'organisation et la distribution de l'aide. Vendredi, au moins cinq déplacés ont été tués dans leur camp lors d'une fusillade provoquée par des hommes en armes, vraisemblablement des miliciens pro-gouvernementaux, venus piller les stocks de nourriture du Programme alimentaire mondial. «Nous avons deux ennemis à combattre: les shebab d'un côté, et de l'autre ceux qui tentent de voler la population», a dénoncé le président somalien.
