Avec plus de 10 % du littoral algérien sous ses différentes formes de reliefs dont l'un des plus beaux golfs du monde (Golf de Bougie) et des plages, au nombre de 45, aux sédiments divers allant de celles au sable fin (Melbou, Souk El Tennine, Aokas, Tic Une côte de 100 kilomètres, un arrière-pays riche de sites naturels, des monuments historiques de plusieurs civilisations, un patrimoine artisanal ancestral, une population accueillante, aux coutumes et traditions millénaires conservées grâce à une organisation sociale spécifique à la région : ce sont là des atouts indéniables pouvant provoquer un réel intérêt des touristes locaux ou étrangers pour l'antique Saldae. Néanmoins, le tourisme de la région est à l'état embryonnaire en dépit des efforts déployés, depuis une décennie, par la direction du tourisme de Bejaia. «Le tourisme procure à plusieurs pays des rentes importantes, ce qui concourt au développement socio-économique. L'investissement dans le secteur permet la création d'emplois, le contact et la communication entre les hommes avec les diverses formes d'échanges surtout culturels, et participe ainsi à l'évolution des mentalités et des comportements, vecteurs de rapprochement entre les peuples », explique Noureddine Haddad, le directeur du tourisme de la wilaya de Bejaia. Conscients de la déficience touristique en tant que phénomène positif et qui rejoint l'idée de développement durable, les pouvoirs publics ont, en début de février 2008, consacré des assises nationales et internationales pour mettre en exergue le tourisme en Algérie. À la faveur de données de modèles touristiques efficients, d'une prospective en matière d'occupation de l'espace et d'aménagement des zones touristiques du pays est élaboré un schéma directeur d'aménagement touristique (SDAT) dont la concrétisation s'étale jusqu'en 2025. Sur le plan régional, toutefois, comme entité de base, est laissé le soin aux responsables concernés d'entreprendre le schéma dans sa version adaptée aux spécificités locales. En effet, à la lumière et de la mise en œuvre du Schéma directeur de l'aménagement touristique (SDAT) à l'horizon 2025, la direction du tourisme de Bejaia a amorcé « une réflexion générale et une vision future pour la relance et une organisation meilleure de l'activité touristique à travers le territoire de Bejaia » comme l'a souligné en substance le premier responsable du secteur au niveau local. LES POTENTIALITÉS TOURISTIQUES DE BEJAIA Avec plus de 10 % du littoral algérien sous ses différentes formes de reliefs dont l'un des plus beaux golfs du monde (Golfe de Bougie) et des plages, au nombre de 45, aux sédiments divers allant de celles au sable fin (Melbou, Souk El Tennine, Aokas, Tichy, Boukhlifa, Boulimat, Saket, Oued Dass et Assif n Tayda), aux plages de galets (Azaghar, Adrar Imoula,…), aux plages rocheuses (les Aiguades, les Falaises, Tazeboujt et Béni K'sila) animées par des anses et criques, le touriste ou le vacancier ne sera qu'émerveillé. En outre, le contraste mer montagne qui caractérise certains sites comme Yemma Gouraya, Cap Aokas, Cap Carbon, les Aiguades, Pointe Mezaïa et les Falaises, sont pittoresques. En sus de sa façade maritime, Bejaia est aussi un hinterland constitué essentiellement de montagnes et de cols représentant 75 % de la superficie du territoire de la wilaya, à la pluviométrie de plus que la moyenne nationale et un enneigement sur les hauteurs ont permis un couvert végétal consistant et parfois dense comme la forêt de l'Akfadou. Autrement dit, Bejaia renferme des espaces agréables d'une rare beauté favorables pour le tourisme de détente, de recréation et de loisirs. Les cours d'eau, les cascades à l'exemple de Kefrida, les fleuves comme ceux de la Soummam, Agrioune et Oued Dass aux embouchures multiples, les lacs où à Bejaia, en existent deux lacs naturels (Agelmim Aberkan dans l'Akfadou et Agelmim Idughran à M'cisna), trois artificiels (Barrage Ighil Mda à Kherrata, Barrage Tichy-Haf à Bouhamza et le Lac Mezaïa à Bejaia ville) et une lagune (Tamellaht) constituent une ressource touristique non négligeable. La constitution de la géologie des sols a également marqué le relief superficiel et souterrain d'où l'apparition des gorges et des gouffres qui suscitent des visites de loisirs et des découvertes et encourageant un grand intérêt pour la recherche scientifique. Bejaia plusieurs fois séculaire, au fil des âges est devenue un réceptacle des civilisations des peuples ayant envahi notre pays en général et Bejaia en particulier. Les différents sites et monument historiques existant à travers Bejaia en témoignent et, partant, l'exploitation correcte de son patrimoine aura une retombée positive pour développement local. Entre autres sites existant, toutefois répartis à travers les communes de la wilaya, la plupart demeure inexploitée comme à Béni Maouche des villages traditionnels, actuellement abandonnés, Aït-Khiar, Aguemoune et Trouna ; à Toudja, l'Aqueduc romain ; à Bejaia ville et alentours, on cite Yemma Gouraya, Bordj Moussa, La porte Sarrasine, Bab El Fouka, Bordj Sidi Abdelkader, le Mausolée Sidi Touati, la Casbah, les remparts Hammadites, les mosquées (Sidi Soufi, Sidi El Mouhoub et Sidi Abdelkader El Djilali), à Seddouk, la zaouïa de Cheikh Aheddad, récemment rénovée avec le rapatriement des ossements de ce dernier et ceux de son fils Aziz en mai dernier, à Ighil Ali du côté d'Akbou, la Qalâa des Aït-Abbas et le tombeau d'El Mokrani ; à Kherrata, il y a Chaabat El Akhra (08 mai 1945) ; à Ouzellaguen (Ighzer Amokrane), le site du Congrès de la Soummam à Ifri etc. S'agissant du tourisme de santé (thermalisme), la région possède trois importantes sources thermales, communément appelées hammam, à savoir Sidi Yahia El Aidli dans la commune de Bouhamza, Sillal à Tifra et El Qirya à Adekar, sont régulièrement fréquentées par des milliers de curistes qui viennent des quatre coins d'Algérie, pour leurs caractéristiques curatives confirmées par les scientifiques. Situées en montagnes, le débit de chacune des sources suscitées est respectivement de 2 litres/seconde, 6 à 8 l/s et 1,6 l/s, les curistes en faisaient des bains chauds (caldarium) à plus de 40 C° pour le traitement des maladies rhumatismales, respiratoires et neurologiques à Sidi Yahia El Aidli, la cure respiratoire à Sillal et enfin celle d'Adekar pour les souffrants de douleurs des artères et veines, de complications gynécologiques et urinaires. GRAND DÉFICIT EN INFRASTRUCTURES D'HÉBERGEMENT «Actuellement, Bejaia qui jouit d'une réputation nationale de par sa côte et ses espaces accueillants n'est abondamment fréquentée que durant l'été sur l'année bien que l'intersaison se caractérise par une hibernation inouïe et une activité touristique morose alors que l'entremise des diverses formes de tourisme pourront changer la donne, et pour rentabiliser l'activité, et pour animer la région» fera remarquer M. Haddad. La wilaya ne fera pas démarrer le secteur de rien pour concrétiser son SDAT-2025, elle possède déjà des structures en fonction, en cours de réalisation ou en projet. La région possède onze (11) zones d'expansion touristique (ZET) d'une superficie de 745 ha réparties sur les deux côtes est et ouest. Deux sont en voie de réalisation notamment celle d'Agrioune à Souk el Tennine concédé au groupe Cévital. Les structures d'hébergement à Bejaia sont insuffisantes par rapport à l'affluence des visiteurs qui dépasse les 9 millions chaque année depuis 2005 surtout en été. Avec 69 établissements hôteliers dont 07 publics, 40 campings, centres de vacances, auberges le déficit est grand. Par conséquent « l'investissement dans ce volet produira une dynamique certaine pour la région notamment en matière d'emploi » dira N. Haddad. Cela dit, d'autres « déséquilibres ont créé des dysfonctionnements à tous les niveaux au point d'agir sur les comportements des opérateurs à verser dans la logique du gain comme finalité au détriment de l'environnement au sens large dont la morale qui malheureusement devient un fléau aujourd'hui dans la wilaya», regrette-t-il. Par ailleurs, «pour répondre à cette disproportion spatio-temporelle constatée, l'action de valoriser le patrimoine naturel, culturel, architectural, cultuel, etc. devant être accompagnée par l'introduction de produits touristiques lucratifs s'impose par le désenclavement, par l'aménagement et l'équipement et d'endroits isolés mais touristiques par des infrastructures de base allant dans l'accueil des touristes comme l'hébergement». Comme modèle de référence, «le village kabyle est au centre de nos préoccupations dans la mesure où il peut constituer, à lui seul, une destination touristique voire offrir des espaces d'hébergement et de restauration à longueur d'année », précise-t-il. La direction du tourisme de Bejaia a recensé tous les atouts physiques pouvant fasciner les touristes et l'activité du secteur à l'instar de l'exploitation des plans d'eau comme les cascades. Bejaia en possède cinq (05) dont seule Kefrida (commune de Taskeriout) draine plus de 500.000 visiteurs par an, la moitié durant la saison estivale, alors que les quatre autres ne sont pas accessibles sinon d'accès dangereux. Quant aux oueds, Bejaia en recèle une multitude «qui peuvent constituer une destination touristique notamment ceux qui peuvent permettre la navigation comme Oued Agrioune et la Soummam. Cette dernière, à elle seule, pourra relier plusieurs villes riveraines avec le port de Bejaia », estime convaincu N. Haddad. Chaque coin d'une commune, d'un village, d'une crête est une curiosité inestimable et une histoire inédite mais tous sont une faveur de la nature au tourisme. VERS UNE POLARISATION DU TERRITOIRE BEJAOUI «Pour une meilleure exploitation du potentiel touristique de la wilaya et un développement cohérent et équilibré du tourisme sur l'ensemble du territoire, il serait efficace de répartir et d'organiser le territoire en six (06) pôles touristiques provisoires qui serait éventuellement suivi d'autres pôles supplémentaires selon l'exigence qui s'imposerait», soulignera Noureddine Haddad. Le pôle, dans sa définition, est une étendue passant outre les limites administratives pouvant englober plus d'une commune ou entre wilayas limitrophes toutefois recelant des caractéristiques homogènes relatives à l'aire géomorphologique, socioculturelles ou autres affinités. Ces territoires sont à même d'accueillir des activités similaires et/ou complémentaires dont l'objectif est de permettre le développement d'un ou de plusieurs formes de tourisme. Pour le cas de Bejaia, les pôles préconisés sont schématisés selon leurs potentialités qui prédominent. Les pôles sont nommément désignés par les crêtes, le barrage de Tichy-Haf, Bordj Mira, Gouraya, Pole de neige et Aghabalou, concerne plus de 35 communes. Pour chaque pole est assigné un tourisme particulier entre autres tourisme climatique et d'aventure, thermal, culturel, nautique, agrotourisme, loisirs, d'affaire et écotourisme. Pour permettre à ces pôles d'émerger, des travaux de réalisation et de réaménagement avec la coordination de plusieurs secteurs sont prévus dans le plan préliminaire dressé par la direction du tourisme.
