Photo : Mahdi I. Jamais de mémoire d'homme, un match de football n'a suscité autant de passion et d'intérêt. C'est d'ailleurs ce que nous a confié un quinquagénaire qui tient un café dans un boulevard du centre ville : «J'ai toujours été un grand fan de l'équipe nationale, et je peux vous dire que même en 1982 il n'y a pas eu la même effervescence. Nous avons l'une des meilleures équipes du continent et on au mondial». Il faut dire que depuis un mois, toutes les discussions dans les cafés se focalisent sur cette confrontation du 14 novembre. Dans ce café où la télé est tout le temps branchée sur les chaînes sportives, surtout égyptiennes, les questions qui reviennent le plus sont : «Qui s'est blessé, et qui s'est rétabli ?». Pour un groupe de jeunes installés autour d'une table, c'est l'heure du bilan. Chacun tient un journal pour s'enquérir des dernières nouvelles. «Ce sont surtout les blessures des joueurs qui nous inquiètent. Depuis celle de Bougerra, nous vivons un vrai cauchemar. Tous les jours il y a des rumeurs concernant d'autres joueurs blessés mais à mon avis c'est une tactique de Saâdane», nous fait savoir Réda. Toutefois, plusieurs personnes que nous avons interrogées nous ont fait part de leur angoisse et beaucoup qui sont à bout de nerfs, ont déclaré qu'ils songent à ne pas regarder le match. «J'ai décidé de prendre des somnifères le jour du match. Je préfère dormir que de supporter la pression du match, c'est plus fort que moi», nous dira Sofiane, 28 ans. Côté ambiance dans les rues, en plus des cortèges de voitures, des «One Two Three viva l'Algérie» et les balcons ornés des couleurs nationales, c'est le commerce des produits de marque des Verts qui fait rage : des écharpes pour toutes les bourses, il y a celles à 200 DA 300 et 700 DA car fabriquées en laine. On trouve aussi des drapeaux de plusieurs formats, des bandeaux, des CD, des posters géants et des photos retouchées représentant Ziani, Bougerra ou toute l'équipe réunie autour de Saâdane. Bien évidemment ce commerce n'est pas réglementé, et en deux ou trois jours, le centre ville s'est transformé en un vrai souk. Depuis déjà quelques semaines, c'est une société privée de taxis qui a par exemple collé dans chacune de ses voitures un drapeau sur le capot. Mais le plus impressionnant ce sont sans doute ces concours entre quartiers pour la confection du plu grand drapeau et banderole. GRANDE DÉCEPTION Tous les chemins mènent au Caire, avaient pensé des centaines de supporters après la dernière victoire des Verts sur le Rwanda. La daïra fut immédiatement prise d'assaut pour refaire les passeports, les propriétaires des agences de voyages se frottaient déjà les mains, et des comités de supporters (généralement des quartiers) se sont formés en vue d'organiser les déplacements au Caire. Malheureusement, après les dernières dispositions concernant le nombre limité de billets (2000) et les rumeurs sur l'attribution des visas d'entrée en Egypte, plusieurs Constantinois ont donc renoncé à faire le déplacement, craignant surtout de ne pas pouvoir regarder le match.
