Il est 7 heures passées de 45 minutes en ce jour de l'Aïd El Adha. Une fête musulmane pour perpétuer le sacrifice d'Ibrahim El Khalil. Le cimetière de Ain-Benian est noir de monde. Un barrage de la gendarmerie nationale est dressé pour organiser la procession de voitures stationnées de part et d'autre des trottoirs qui longent le cimetière. Les jeunes postés devant le grand portail proposaient des bouquets de myrte «rihane» à 10 dinars. C'est une plante odorante qu'on dépose sur la tombe comme le veut la tradition. D'autres jeunes, par contre, aident les automobilistes à garer leurs voitures moyennant une petite somme allant de 20 à 50 dinars. A l'intérieur du cimetière, plusieurs familles lisent quelques versets du Coran à la mémoire des défunts. Car ce jour-là, ils ne sont pas oubliés. Et, c'est ce qui explique cette ruée avant de rentrer à la maison pour sacrifier le mouton. Donc, le temps presse et il faut faire vite. D'autres adultes profitent pour évoquer les bons souvenirs tout en versant des larmes sur l'être cher qui ne fait plus partie de ce monde. Parti prématurément ou après une longue maladie, le défunt garde une place privilégiée dans le cœur des vivants. Comme les personnes à qui on doit rendre visite pour souhaiter les vœux de bonheur et de santé, les défunts, eux aussi, bénéficient d'une attention particulière ce jour-là. Dans ce sillage, les tombes sont débarrassées des herbes envahissantes, astiquées, les plantes arrosées, question de faire honneur à la mémoire de l'être enterré. Pour les morts fraîchement inhumés, la douleur est vive, les familles pleurent à chaudes larmes et aucun mot de compassion ne peut venir à bout du chagrin. Quelques moments passés devant la tombe, des souvenirs passés en revue pour remémorer les moments heureux passés ensemble.