Photo: Horizons. La plantureuse Mitidja, berceau de l'agrumiculture, a conservé sa suprématie d'antan, puisqu'elle groupe encore près du tiers des plantations algériennes. On y rencontre, côte à côte, les vieilles orangeraies et les plantations modernes. En effet, la Mitidja est considérée par le ministère de l'Agriculture comme la zone de production des agrumes par excellence avec un taux de 37% de la production totale. Selon M. Abri, chef du service de l'organisation de la production et de l'appui technique à la DSA de Blida, les superficies totales de l'arboriculture fruitière sont passées de 20.900 ha en 2000 à 31.351 ha à la fin de l'année 2009. Pour ce qui est de l'agrumiculture, elle occupe une superficie de 16.970 ha dont 14.520 en production, ce qui représente 54% de la superficie arboricole totale. Le reste de la superficie consiste en de nouveaux vergers qui ne sont pas encore productifs. La production pour la campagne 2008/2009, quant à elle, selon le bilan de la DSA, est estimée à 2,6 millions de quintaux, dépassant ainsi les contrats de performance du ministère de l'Agriculture de 115%. Toutefois, M. Abri a mis l'accent sur le nombre limité des variétés produites, déclarant que « les variétés précoces navels occupent plus de 50 % des vergers, suivi des clémentiniers et des mandariniers avec 20 %. Quant aux autres variétés, surtout les tardives, vu leur période de récolte, elles ont été délaissées par les agriculteurs». Concernant la saison agricole 2009/2010, M. Abri a déclaré que la production ne sera pas assez importante ajoutant qu'actuellement « 30% de la production a été récoltée ». Il a souligné que pour cette saison, les oranges vendues sur les marchés présentent un calibre assez important par rapport aux saisons précédentes. Dans le cadre du développement de cette filière, il a, en outre, déclaré qu'un programme de réhabilitation et de développement de la Mitidja est mis en œuvre pour améliorer les cultures arboricoles dont les agrumes. Selon M. Abri, « 30 % du verger est vieux. A ce propos, le rajeunissement des vergers est obligatoire. Cette opération consiste en l'arrachage de ces arbres pour les remplacer par de nouveaux vergers productifs pour pallier la baisse de rendement et mettre plus d'agrumes à la disposition du consommateur à des prix abordables ». LES CONDITIONS CLIMATIQUES DÉFAVORABLES Les quantités limitées d'agrumes sur le marché national - étant à l'origine d'une hausse importante de ces derniers - suscitent plus d'une interrogation. De l'avis de M. Boutekrabt, professeur agronome à l'université de Blida, les conditions climatiques pour l'année 2009 sont les principales causes de cette baisse de rendement. Pour expliquer son point de vue, il a déclaré que les conditions climatiques observées durant les premiers mois de l'année 2009 ont eu un impact négatif sur les vergers agrumicoles, « surtout pour les variétés précoces qui sont moins résistantes que les variétés de saison et d'arrière-saison », ajoutant que les vergers qui ont résisté sont ceux abrités par les brise-vents, relativement considérés comme des régulateurs thermiques ». Dans le même contexte, il a déclaré que beaucoup de vergers sont improductifs. « Les vergers sont maintenus malgré l'âge avancé des arbres », a-t-il affirmé, ajoutant que la culture souffre du manque d'irrigation et d'entretien. Ce dernier est dû, selon M. Boutekrabt, « au système de vente sur pied qui fait que l'exploitation des produits se réalise sans penser au lendemain, puisque le rachat de la production n'est pas assuré pour l'année d'après ». Outre ces contraintes, l'arrachage des vieux arbres et la création de nouveaux vergers restent très coûteux pour les agriculteurs. UNE FILIÈRE À VALORISER M. Boutekrabt a affirmé que malgré la subvention du le ministère de l'Agriculture, l'arrachage des vieux arbres coûte 70.000 DA/ha à l'agriculteur ce qui réduit ses capacités d'investissements. Par ailleurs, le système de culture intercalaire a également limité l'engouement à l'agrumiculture. A ce propos, il a expliqué que les agriculteurs préféraient les cultures comme celles du pommier, prunier et pêcher qui « entrent en production à partir de la troisième année de leur plantation contrairement aux agrumes qui ne sont productifs qu'au bout de 11 ou 12 ans. Ce système provoque des problèmes d'exploitation qui consistent en une exploitation abusive du sol ». Pour ce qui est des variétés produites, il a estimé que l'absence d'une politique agrumicole a réduit les variétés d'agrumes aux navels et clémentiniers. Quant au citronnier, il est considéré comme une culture vivrière limitée à l'utilisation domestique. Enfin, M. Boutekrabt estime qu'il faut revaloriser la filière car, selon lui, les potentialités existent malgré les ressources limitées en eau potable pour l'irrigation. De l'avis de l'expert, il faut insister sur le déploiement de tous les moyens matériels notamment une enveloppe financière conséquente à l'effet de revaloriser la filière.