Promotion-La Guerre d'Algérie en France, Mourepiane : L'Armée des ombres, de Abderrahmane Meziane Cherif : Maitre Jacques Vergès «Je suis fier d'avoir été son avocat»

La Guerre d'Algérie en France, Mourepiane : L'Armée des ombres, d'Abderrahmane Meziane Cherif, Edif 2000-Publisud Collection : Acteurs et témoins de l'histoire 234p. Quelles que soient sa teneur, sa nature, ou la forme qu'il prend, un livre de mémoires, est toujours une lumière qui grignote davantage l'opacité des méandres de l'histoire.
La Guerre de Libération nationale n'échappe pas à cette évolution éditoriale, pour le moins salvatrice dans le sens où elle aiderait à l'édification d'une histoire où seuls les paradigmes scientifiques ont droit de cité. Et c'est tant mieux, dirions-nous, si les mémoires et autres témoignages publiés jusqu'ici, ont pu donner un sacré coup de main au travail fourmiller des historiens, en quête permanente de la vérité historique. Autres temps, autres mœurs !
C'est dans cette optique que l'on appréhende justement le livre que vient de nous livrer Abderahmane Meziane Cherif, (La Guerre d'Algérie en France, Mourepiane : L'Armée des ombres, Edif 2000-Publisud 2010) dont le nom fut associé à l'histoire révolutionnaire. Et pas seulement, si l'on vient à le prendre sous la casquette d'homme d'Etat ayant servi le pays, du haut d'une nuée de hautes fonctions, notamment diplomatiques.
Comme bien d'autres illustres combattants ayant porté le feu de la lutte sur le sol même du colonisateur sous la bannière de la puissante Fédération du FLN, Abderahmane Meziane Cherif s'est illustré à travers une série de hauts faits d'arme que vous pourrez découvrir dans ce livre-journal intime, fortement documenté. Enfant d'El Eulma (Sétif), ville qui a abrité ou vu passer des grandes figures de la Révolution, tels que Lamine Debaghine, Messaoud Zeggar, voire même Ferhat Abbas, on ne peut prévoir un autre destin à ce moudjahid, plusieurs fois condamné à mort, et qui a échappé de justesse à la macabre guillotine d'une France se posant à ce jour en leader de la liberté et surtout des…droits de l'homme. A l'instar de beaucoup de ses compatriotes, Abderahme Meziane Cherif, part très jeune, en France pour chercher du boulot. Membre actif auparavant dans la mythique Organisation secrète (os), il est enrôlé dans les rangs du FLN et voit ainsi dans les pleins feux de l'action et de la guerre urbaine.
«Il est désigné comme responsable d'un important secteur opérationnel, lit-on dans la post-face du livre, après avoir participé à des actions sur le terrain ». Des actions qui lui valurent plusieurs condamnations à mort. Il est alors défendu, avec plusieurs moudjahidines, par le collectif des avocats du FLN, des grosses pointures du barreau français, à commencer par Jacques Vergès, auteur de la préface du livre, Ould Aoudia, Courrégé, Ousseddik…pour ne citer que ces noms, et quels noms !
D'ailleurs, c'est à travers le poignant témoignage de Jacques Vergès que nous concluons la présentation très sommaire de l'ouvrage : « A travers les mémoires, nous pouvons suivre la trajectoire d'un jeune algérien né d'une famille déshéritée comme le sont toutes les familles des peuples opprimés, sa jeunesse studieuse, son engagement, ses hauts faits de guerre, puis l'épreuve de l'arrestation, des coups, du procès, de la condamnation à mort qui ne sera pas exécutée. La victoire du peuple algérien qui le sauve, le bonheur conquis et qui prend à la fin le plus beau visage : celui d'une femme admirable…Je suis fier d'avoir été l'avocat de Meziane Cherif ».