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Après le rapt d'un entrepreneur à Boghni : Les Aït Kouffi sur le pied de guerre
Publié dans Horizons le 31 - 03 - 2010

Photo : Slimene S. A. Ath-Kouffi ou Béni-Kouffi, peut importe l'appellation, le plus important est que l'on arrive à ce village après avoir traversé le massif forestier de Boumehni avant d'arriver à Boghni.
La journée est belle et le majestueux Djurdjura dégage au loin sa blancheur immaculée des dernières neiges tombées sur la région en ce début du mois de mars. Arrivés à Boghni, nous fîmes une halte dans un café du centre. Une fois le café commandé siroté, le serveur nous a indiqué le chemin à prendre pour rallier le village de Ath Kouffi. Nous voyant étrangers, le cafetier nous dira « vous cherchez quoi à Ath Kouffi. Que voulez-vous ?». Notre réponse en déclinant notre fonction l'avait quelque peu rassuré. « Ah, je vois, vous êtes venus pour le rapt de âammi Ali ». Ce après, il nous répondra : « ses ravisseurs ont tout intérêt à le relâcher car nous sommes désormais déterminés à les exterminer si d'aventure il lui arrive quelque chose». Puis deux autres jeunes étaient venus à notre rencontre pour nous proposer de nous accompagner jusqu'au village objet de notre visite. Mais nous avons décliné leur offre.
Ainsi nous avons pris notre chemin pour monter du côté de Beni-Kouffi. Chemin faisant, nous nous étions rendu compte que la double manifestation de la veille (grève et marche) sont encore vivaces. Notre nouvelle escale devant un kiosque nous a bien renseigné sur cette manifestation. Deux jeunes affairés à lire les journaux estiment que leur action a été porteuse pour avoir eu l'écho tant désiré « tout le monde en parle », dira l'un d'eux. Un sexagénaire à qui nous avons demandé plus de précision quant à notre itinéraire avait tenu lui aussi à saluer le travail des médias.
Direction Tala-Guilef, une station d'hiver qui était un des fleurons du tourisme national et qui faisait la fierté de la wilaya de Tizi Ouzou. Deux kilomètres après la sortie de Boghni, et une fois la polyclinique et le pôle éducatif (lycée, techicum et collège) de cette localité de Boghni dépassés, nous avons pris sur la droite en suivant la plaque de signalisation. Nous avons rencontré un groupe d'enfants qui jouait au football sur un terrain vague. Nous avons demandé par où fallait-il aller pour rejoindre le village de Ighvérene, lieu où réside la famille du kidnappé. Arrivés sur les lieux dans notre quête d'information quant à la résidence de ammi Ali, on nous indiqua une maison encore en construction au lieu-dit Azaghar.
CHEZ «AMMI ALI»
Sur place, nous avons remarqué que la maison n'était pas encore achevée. Si ce n'est une infime partie où ammi Ali se reposait de temps à autre quand il lui arrivait de passer la nuit chez lui. Un peu au loin, c'est un poulailler qui complète cet ensemble immobilier que gère un ouvrier qui tient compagnie au propriétaire lorsqu'il lui arrive de ne pas rentrer sur Réghaia. C'est en fait dans cette ville industrielle que Ammi Ali réside avec son fils Saïd. «Malgré notre réticence à le voir venir chaque matin s'enquérir de la maison du village, il s'obstinait à le faire. Il tenait à sa terre et à sa maison », nous dira Saïd qui ajoutera : « lui, qui avait toujours vécu à la campagne, l'air de la ville l'étouffait ». L'ouvrier étayera les propos du fils. «Ammi Ali ne se sentait bien qu'ici sur la terre de ses ancêtres. C'est là qu'il aimait vivre. Il voulait à tout prix finir ses jours ici. Peu importe la fatigue de la route, sa terre était sa raison de vivre ».
La terre pour Ammi Ali, selon ses proches et amis, était sacrée. Lui qui fut l'un des premiers entrepreneurs en bâtiment de l'Algérie indépendante. Il avait construit de nombreux établissements scolaires et autres habitations avant que le séisme de Chlef de 1980 ne lui mette un genou à terre pour avoir perdu de nombreux projets en réalisation ou en construction dans cette wilaya. Aami Ali est aussi estimé de tous pour ses valeurs humaines. « Ce sont ses valeurs qui ont fait qu'aujourd'hui toute la population s'est soulevée tel un seul homme pour exiger sa libération », nous dira le directeur d'un collège de la région. Pour lui, « c'est une question de nif ».
Pour son fils Saïd, sa famille ne dispose pas de l'argent exigé par les ravisseurs comme il déplore le fait que l'on ait avancé des sommes faramineuses rapportées par certains médias. Pour lui, certes, « la vie d'un père n'a pas de prix mais dès lors que vous êtes dans l'impossibilité pour payer, vous ne pouvez que vous en remettre à Dieu pour le protéger ».
LES IFFLISSEN COMME EXEMPLE
Sitôt la nouvelle du rapt parvenue dans toutes les chaumières, les villageois se sont mis à discuter. Il fallait réagir. Les villageois se sont inspirés de l'action entreprise par les villageois de Ifflissen dans la daïra de Tigzirt qui avaient été confrontés quelques mois plus tôt au même problème. En fait, pour les Ath Kouffi, le village a payé un lourd tribut à la colonisation en sacrifiant 480 de ses meilleurs enfants pour une Algérie libre et indépendante. C'est ainsi que la mobilisation s'est de suite mise en place avec un ultimatum lancé aux ravisseurs pour libérer leur otage. Cet ultimatum a été suivi dans les faits par une marche et un appel à la grève générale ce mardi au niveau de la daïra de Boghni puisque cette action avait fait boule de neige avec la mobilisation de tous les villages. Une manifestation qui a eu pour effet immédiat la création d'une coordination des comités de village de cette daïra. Alors que nous quittions Boghni, l'ultimatum de 48 heures venait d'expirer sans que les ravisseurs ne daignent répondre favorablement à l'appel de la famille et des citoyens de Ath-Kouffi.
PAS QUESTION D'ABDIQUER
Des actions radicales seront entreprises au cas où les ravisseurs s'entêtent. C'est en ces termes que Mammeri Zahir, désigné à la tête de la coordination des comités de village. Pour lui, il n'est pas question d'abdiquer et de satisfaire ce marché véreux et ce chantage abject. « Nous allons vers des opérations d'envergure pour poursuivre ces criminels. Nous leur mènerons la vie dure, nous les poursuivrons là où ils se trouveront ». Pour Mammeri, il n'est plus question que la Kabylie subisse le diktat de ces abjects et vils personnages. « Nous allons vers la mise en place de comités de vigilance qui les traqueront à travers toute la daïra, voire toute la wilaya».
La coordination qu'il préside se compose des comités des villages et des communes de Boghni, Beni-Mendès, Bounouh, Assi Youcef et Mechtras ; une coordination qui vient au moment où nous mettions sous presse de prendre deux décisions. La première est un niet catégorique aux ravisseurs. La seconde est d'organiser une caravane de sensibilisation à travers la daïra de Boghni à partir de 9 heures qui sera suivie le lendemain vendredi par un rassemblement populaire au chef-lieu du village de Ath Kouffi.
Pour sa part, le chef de daïra, qui avait reçu la veille une délégation de citoyens, a tenu à nous préciser que l'Etat fera tout pour retrouver sain et sauf le citoyen enlevé comme il garantira la sécurité des biens et des personnes bien évidemment avec l'aide des populations.


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