Les Etats-Unis et la Russie qui détiennent 96% des armes nucléaires dans le monde, signeront demain au Château de Prague, en république Tchèque, un traité de réduction de leurs arsenaux. Ils prévoient de faire passer les stocks d'ogives nucléaires de 2.200 à 1.550 et d'imposer un plafond de 800 unités pour «les rampes de lancement déployées et non déployées, les missiles balistiques intercontinentaux et les missiles balistiques embarqués sur les sous-marins et les bombardiers lourds» dans chacun des deux pays. Les deux pays ont sept ans après la ratification qui pourraient se faire fin avril, pour y parvenir. A une semaine du sommet de Washington auquel il a convié une quarantaine de dirigeants du monde à discuter de sécurité et de non-prolifération nucléaire et une année après prôné, dans un discours à Prague face à une foule de 30.000 personnes, un monde sans armes atomiques, Barack Obama, le prix Nobel de la paix, fixe les nouvelles règles du jeu. Il a dévoilé hier la nouvelle stratégie nucléaire de son pays, la troisième depuis la guerre froide et la première depuis 2002. Axe fondateur de cette nouvelle stratégie qui mettra «tous les outils nécessaires» pour assurer la sécurité du peuple américain et ce, sans développer de nouveaux types d'armes nucléaires : la sécurité du peuple américain sera assurée par «tous les outils nécessaires» : «empêcher le terrorisme nucléaire, la prolifération et la réduction au maximum du rôle des armes nucléaires». Ses règles directrices : ne jamais utiliser l'arme nucléaire contre un adversaire qui ne la détient pas ou qui respecte les règles du Traité de non-prolifération nucléaire sauf «les Etats voyous». Parmi ces Etats, Obama comme George W. Bush, inclut l'Iran et la Corée du Nord. Ces nouvelles dispositions qui donnent «un rôle accru aux armes conventionnelles dans la dissuasion», pourraient s'appliquer dans le cas où un adversaire attaquerait les Etats-Unis avec des armes chimiques ou bactériologiques. Les Etats-Unis se réserveraient le droit à une frappe nucléaire s'ils réalisent qu'ils sont confrontés à une attaque bactériologique «dévastatrice» ou «paralysante». Autre nouveauté de cette stratégie qui met pour la première fois «noir sur blanc» les conditions d'utilisation de la bombe atomique : le retrait des 200 ogives nucléaires tactiques déployées dans cinq pays européens membres de l'Otan. Est-ce la fin du parapluie nucléaire pour le Vieux continent ? Le choix du locataire de la Maison Blanche d'inviter les leaders de 11 pays d'Europe centrale et orientale à Prague à un dîner laisse croire que le Nouveau continent veut se positionner dans la nouvelle Europe. La Russie qui se félicite du «nouveau niveau de confiance entre Moscou et Washington», applaudit la nouvelle stratégie US et se réserve le droit de quitter ce «fruit» de dix mois de pourparlers à Genève qui a remplacé le Traité de réduction des armes stratégiques (Start-1) signé par les anciens présidents George Bush et Mikhaïl Gorbatchev en 1991. «La Russie aura le droit de sortir du traité Start si le développement quantitatif et qualitatif du potentiel de défense antimissile des Etats-Unis commence à peser sur l'efficacité des forces nucléaires stratégiques», prévient Sergueï Lavrov tout en précisant que l'actuel projet de bouclier antimissile «ne met pas à mal la stabilité stratégique, ni crée de risques pour les forces stratégiques nucléaires russes». Ces propos rassurant pourraient laisser place à d'autres si l'administration qui a reporté le déploiement en Pologne des missiles intercepteurs et en République tchèque d'un radar remet ses projets en œuvre. Soit dans ces deux pays, soit en Roumanie et en Bulgarie qui ont annoncé en février qu'ils étaient en négociation avec les Etats-Unis sur un éventuel déploiement sur leurs territoires d'éléments du bouclier antimissile américain.