Il faut raison savoir garder : c'est le message qu'a laissé entendre l'entraîneur des Verts à propos de ce qui est attendu de l'EN lors de ses deux rendez-vous en terre africaine. Pour lui, il s'agit surtout de lancer le chantier pour la refonte du football national. Saâdane pourra tout laisser tomber si on lui impose des résultats en Angola et en Afrique du Sud. Toutefois, l'un des principaux artisans de la qualification de l'Algérie au premier Mondial organisé sur le sol africain, n'écarte pas l'éventualité de prendre des décisions extrêmes. «Pour le moment, je pense qu'il y a des gens qui versent dans la spéculation. J'ai déclaré, récemment en rigolant, que beaucoup de choses peuvent intervenir entre le tirage au sort et le début du Mondial», dira-t-il au sujet de son avenir à la tête des Verts. Ce matin, sur les ondes de la chaîne III, Saâdane a souligné qu'il devra discuter prochainement et définir les objectifs de cette Equipe nationale pour la CAN et le Mondial-2010. Justement, en ce qui concerne les objectifs, il ne veut pas les dévoiler et estime qu'ils doivent être raisonnables. Il appréhende de revivre les scénarios des deux éditions où l'Equipe nationale avait disputé la CAN et le Mondial durant la même année (82 et 86). «Je pense que, jusque-là, nous avons réalisé un très bon parcours et nous avons eu la chance de nous qualifier à la CAN et au Mondial. Pour la Coupe d'Afrique, le temps est extrêmement réduit. C'est un facteur qu'il ne faut pas négliger et c'est à partir de là que nous définirons les objectifs pour ces deux compétitions. Il faut parler franchement et garder les pieds sur terre à tous les niveaux pour que tout le monde sache maintenant que nous devons fixer des objectifs réalisables. C'est clair que nous risquons d'être déçus après la CAN, ce qui peut provoquer des changements, comme cela a été le cas en 1982 et 1986». Saâdane affirme qu'il est décidé et bien préparé pour ces deux compétitions. «Il n'y a aucune raison pour que je ne continue pas», dira-t-il. Toutefois, il émet des réserves lorsqu'il évoque d'autres considérations qui peuvent entrer en jeu. «Maintenant si on commence à nous mettre des bâtons dans les roues, il faut savoir prendre la décision adéquate.» Le sélectionneur national insiste sur l'intérêt national, «qui doit passer avant tout. La stabilité et la continuité de l'Equipe nationale passent par là. Si nous sommes raisonnables, moi je suis preneur», fera-t-il savoir. Un message peu voilé qui confirme que Saâdane peut laisser tomber si on lui impose des résultats lors de la CAN et du Mondial. D'ailleurs, il ne veut pas s'aventurer à évoquer le moindre objectif alors que certains exigent déjà d'atteindre les quarts de finale, demi-finales ou carrément la finale en Coupe d'Afrique. Saâdane se justifie : «Nous sortons d'une compétition harassante sur le plan physique et psychologique. Nous allons jouer cette CAN dans un contexte extrêmement difficile, notamment le climat. Nos joueurs ne sont pas préparés à ce genre de facteurs qui diminuent la performance.». Le plus important des objectifs, c'est de lancer un chantier pour la refonte du football et ne pas se limiter sur deux compétitions à court terme. «Au lendemain de notre qualification au Mondial, nous avons eu une importante réunion pour travailler dans ce sens. Il faut relancer les clubs pour reprendre le relais et surtout produire des joueurs de haut niveau», soulignera-t-il. L'entraîneur des Verts ne veut pas entendre parler aussi du renfort de son staff. «Pour le moment, je ne l'envisage même pas. Là aussi, c'est de la pure spéculation. La formule a bien marché pourquoi changer quelque chose qui marche», dira-t-il. La CAN Après l'altitude… la chaleur et l'humidité l A un mois, jour pour jour, du début de la CAN, Saâdane estime qu'il ne possède pas suffisamment de temps pour que son équipe soit prête pour l'événement continental. «Le temps tombe mal. Nous n'avons toujours pas compris pourquoi la CAF programme cette compétition à quelques mois du Mondial. Nous venons de terminer les qualifications avec un match d'appui. Nous n'avons pas le temps de récupérer pour préparer la CAN avec tout ce que demande cette compétition comme préparation. Croyez-moi, on est dans une phase de fatigue extrême», dira-t-il. D'autres paramètres peuvent intervenir durant cette CAN, selon Saâdane. «Nous nous préparons comme nous pouvons. Mais il faut savoir que cette Coupe d'Afrique se déroulera dans des conditions différentes. C'est une période chaude et humide, notamment pour notre groupe qui évoluera à Luanda. Sincèrement j'appréhende sérieusement cette compétition». Les nostalgiques se rappelleront certainement 1986 où le mot «altitude» était presque en vogue ! L'entraîneur national révélera qu'il n'y aura pas de match amical avant le début de la compétition. «Nous allons nous contenter d'effectuer un stage en deux parties avant de partir en Angola le 7 janvier». Enfin, le sélectionneur national espère qu'il ne vivra pas le même contexte que celui de 1986. «Je pense que nous sommes en train de réaliser du bon boulot et même si nous ratons notre CAN, il faudra laisser le groupe travailler». Le renfort Les portes de l'EN sont ouvertes, y compris à Lacen l Pour le coach, il n'y aura pas de grands chamboulements au sein de l'effectif. «Nous sommes en train de travailler sur le sujet. Nous suivons les meilleurs joueurs aussi bien sur le plan national qu'international. Nous avons un fichier où nous mentionnons tout ce qui peut être positif pour l'équipe. Nous avons des techniciens qui suivent l'évolution de ces joueurs régulièrement. Il y a des critères à respecter. Il y a des joueurs de très bonne qualité, mais qui n'ont pas été retenus pour la simple raison qu'il existe des éléments dans les mêmes postes. Mais théoriquement, je l'avais déjà dit à la fin des éliminatoires, il n'y aura pas de grands changements comme l'espèrent certains», fera-t-il savoir. Toutefois, Saâdane confirme son intérêt pour le milieu de terrain du Racing de Santander, Mehdi Lacen. «Je le répète encore une fois, les portes de l'Equipe nationale restent ouvertes à tout le monde, y compris à Lacen. Je pense que l'Equipe nationale n'appartient à personne et tout élément capable d'apporter un plus, sera le bienvenu». Une déclaration qui prédit que le joueur pourrait être appelé pour disputer la prochaine CAN. En revanche, l'avant-centre, Rafik Djebbour, peut s'inquiéter sur son avenir chez les Verts. «On est tout à fait d'accord sur le sujet et il connaît parfaitement mon avis. Je lui ai tendu la main dans les moments difficiles. A un certain moment, il faut faire un choix». Par ailleurs, il révélera qu'une liste préliminaire de 30 joueurs devra être arrêtée dans les prochains jours. «Tous les noms cités sont sur la liste des 30 et 40 susceptibles d'être retenus parmi les 23 pour la CAN. En défense, je pense qu'il n'y aura pas de gros changements. D'ici à quelques jours, nous allons arrêter la liste préliminaire des 30 joueurs», conclura-t-il. L'adversaire La Serbie, l'idéal pour préparer la Slovénie l C'est officiel, l'Equipe nationale algérienne affrontera son homologue serbe en mars prochain au stade du 5-Juillet à Alger. C'est le choix du sélectionneur Rabah Saâdane en coordination avec la Fédération algérienne de football qui avait retenu au départ plusieurs autres sélections avant de trancher une fois le tirage au sort et des adversaires de l'Algérie connus en Coupe du monde. «Le 3 mars prochain, il y aura une date Fifa, ce qui nous permettra de disputer un match amical. Nous avons choisi la Serbie car cette équipe possède les mêmes caractéristiques que la Slovénie qui évoluera dans notre groupe. Ce sera un bon sparring-partner surtout que la Serbie avait éliminé la France. Le match se déroulera en Algérie. Nous allons faire plaisir à nos supporters et la priorité va pour le peuple algérien. Cette équipe est algérienne, elle doit se produire devant son public», dira Saâdane. Pour rappel, les Verts n'ont jamais croisé le chemin des Slovènes, sauf pour l'Equipe nationale A' lors des Jeux méditerranéens de Bari en Italie en 1997 où les deux équipes se sont quittés sur un score de parité (1 à 1, but de Merakchi pour l'Algérie). Ce qui est certain, c'est que Saâdane a fait le bon choix d'affronter le Serbie, qui a largué la France lors des éliminatoires l'obligeant à disputer un match de barrage contre l'Eire, et qui se trouve dans le groupe D en compagnie de l'Allemagne, de l'Australie et du Ghana. Pour la petite histoire, la Serbie n'a pas perdu à Belgrade depuis le 31 mars 2004, une défaite en match contre la Norvège sous le nom de Serbie-Monténégro, mais sous le nom de Serbie, l'équipe ne compte pas une seule défaite à domicile. En 20 ans, l'Equipe nationale n'a perdu que 3 fois dans le Stade de l'Étoile Rouge aussi surnommé le Marakana, en plus de la défaite contre la Norvège en 2004, elle a perdu 1-0 contre la Russie et 3-2 contre l'Argentine. Sous l'égide de l'ex-Yougoslavie, le football serbe participe pour la 11e fois à une phase finale de Coupe du monde et ses meilleures performances sont une quatrième place en 1930 et en 1962. Enfin, pour le Mondial-2010, la Serbie risque de rencontrer l'Algérie en huitièmes de finale vu que les qualifiés des groupes C et D vont s'affronter à ce stade de la compétition.
