On a parlé à propos du palmier de «domestication» : le terme, appliqué surtout aux animaux, peut paraître étrange pour un végétal, mais les comportements notés montrent bien qu'on s'adresse au palmier comme à un être doué de sentiments, voire de pensées. A Djanet, on dispose des bouquets d'armoise dans les têtes des jeunes palmiers et même d'autres arbres fruitiers. L'objectif est de mettre à la disposition du palmier une bonne odeur, pour chasser celle de l'homme qui est mauvaise. Alors que l'odeur de l'homme empêche l'arbre de fructifier, celle de l'armoise, au contraire, maintient les fleurs et permet l'obtention de beaux fruits. «…le tasdet (palmier) est hostile à la présence de l'homme, et pour contourner cette aversion végétale (qui l'empêche de fructifier, de croître dans les oasis), on trompe le palmier comme on le ferait avec des animaux, en jouant en particulier sur le sens olfactif de la plante. Le palmier dattier est un être biologique trompé, que l'homme a su «domestiquer» par subterfuge, en lui camouflant sa présence…» (Vincent Battesti). On peut penser que la présence de l'armoise est destinée à attirer les insectes et donc à favoriser la pollinisation. En fait, les bouquets sont secs, donc ne possédant plus de fleurs, capables d'attirer les insectes. L'opération a donc une portée symbolique : il s'agit bien, d'une «domestication», d'une tentative d'amadouer une plante jugée «hostile» à l'odeur de l'homme.