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Cela s'est passe un jour/ Aventures, drames et passions célèbres
Les criminels à travers l'histoire (33e partie)
Publié dans Info Soir le 10 - 04 - 2010

Meurtres n Chicago lui paraît gigantesque et surtout riche. Elle qui vient d'un milieu pauvre, est surprise par cette facilité à gagner sa vie.
Jack l'Eventreur n'avait pas commencé à commettre ses crimes à Londres quand une autre criminelle en série, Brynhild Paulsdatter Storset, débarque, en mai 1881, à Chicago. Elle vient de Selbu, un village près de Trondheim, en Norvège. En principe elle n'émigre pas, mais elle vient rendre visite à sa sœur qui s'est installée,elle, à Chicago. La sœur et son époux l'accueillent et l'emmènent dans le quartier où ils résident, un quartier peuplé d'immigrés, tous originaires de Norvège.
«Ici, lui explique sa sœur, on est chez nous… Tous les habitants, tous les commerçants sont Norvégiens… Pas besoin de parler anglais, on parle tous le norvégien !»
La jeune femme est ravie. Chicago lui paraît gigantesque et surtout riche. Elle qui vient d'un milieu pauvre est surprise par cette facilité à gagner sa vie. il est vrai qu'elle appartient à une famille nombreuse, qui n'est jamais arrivée à joindre les deux bouts. Son père a multiplié les entreprises, mais toutes ont échoué. Sa sœur aînée a préféré partir et maintenant à son tour elle se laisse gagner par le rêve américain. Quand sa sœur lui propose de rester, elle demande à réfléchir. En Norvège, elle retrouverait une vie misérable : elle se marierait, elle aurait de nombreux enfants et à son tour elle peinerait à gagner sa vie, tandis qu'ici, en Amérique, les occasions de devenir riche ne manquent pas. Elle pèse le pour et le contre et décide de rester !
— tu m'aideras à m'installer ? demande-t-elle à sa sœur.
— tout le monde t'aidera !
Elle la regarde et sourit.
— et puis, tu ne vas pas rester célibataire !
A cette époque, Brynhild est une femme plutôt rondelette, blonde, assez laide. Mais plus que la laideur, elle a un très mauvais caractère et, quand elle a quitté son pays, elle était fâchée avec plusieurs membres de sa famille.
Quand sa sœur lui a écrit pour lui parler de sa vie en Amérique où elle a émigré, Brynhild lui a aussitôt répondu qu'elle s'ennuyait et qu'elle voudrait, elle aussi, visiter l'Amérique. Elle ne pensait pas s'y installer, mais le Nouveau monde a fini par la séduire.
Elle vit d'abord avec sa sœur et son époux, puis elle loue un logement. Elle travaille dans un magasin et c'est là qu'elle rencontre un surveillant, norvégien comme elle. L'homme, Made Sorenson, lui plaît et elle tombe amoureuse de lui. Comme il n'est pas marié, il lui propose de la prendre pour épouse. Elle hésite.
— je viens juste de m'installer, je n'ai pas encore de situation.
— j'ai mis de l'argent de côté, nous pourrons acheter un magasin et le gérer.
Elle accepte... et en 1884, elle épouse Sorenson. Elle a alors 25 ans. Son époux est un homme assez fruste, sans instruction, mais courageux et travailleur. Il veut beaucoup d'enfants et Brynhild va lui en donner cinq.
La même année, elle américanise son nom, devenant Bella Storset, puis Belle, un prénom qu'elle va garder toute sa vie et sous lequel elle fera sa réputation.
Les trois premières années, le magasin est rentable, mais comme le commerce se développe à Chicago les entreprises se multiplient, et bientôt le magasin ne tient plus face à la concurrence. (à suivre...)


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