Le journaliste écrivain, feu Tahar Djaout, «n'est pas venu au journalisme par sacerdoce mais pour gagner sa vie. En outre, il a versé dans l'écriture romanesque par vocation», a estimé, hier, mercredi, son confrère et compagnon Abdelkrim Djaâd. «Son rayonnement et sa notoriété, l'auteur de L'Exproprié la doit beaucoup plus à ses œuvres romanesques, même si aujourd'hui on se souvient beaucoup de lui pour des articles de presse. Selon le conférencier, «Djaout est un écrivain de grand talent, qui aurait aimé se consacrer entièrement à cette passion s'il en avait eu les moyens, tant il est dit que l'art ne fait pas vivre son homme». Malgré la mort précoce de ce chevalier de la plume, Abdelkrim Djaâd notera que «le nom de Tahar est inscrit au panthéon de l'histoire car partir de rien et se faire éditer par les géants de l'édition n'est pas à la portée du premier venu». «Il fut très influencé par Mouloud Mammeri, son référent culturel et identitaire dont il a été l'élève et partageait avec lui l'objectif de l'émancipation de la culture berbère. Il se rendait souvent au Crap (ex-musée du Bardo) dirigé alors par l'auteur de La colline oubliée pour y puiser des données qu'il utilisait pour ses besoins d'écriture». Dans son témoignage sur son confrère, Djaâd s'est souvenu de «l'homme à la machine (à écrire) qu'il ramenait au journal où il venait avant les autres pour se consacrer à l'écriture romanesque, avant de s'adonner au travail de journaliste qu'il considérait comme accessoire». Il a conclu en exprimant sa désapprobation au sujet de «ceux qui utilisent le nom de Djaout comme prétexte pour faire de la promotion à leur propre personne, en parlant ou en écrivant sur lui sans l'avoir réellement connu ou lu. R. C. / APS