Bonne humeur n Entre terre et mer, loin du bruit et de la pollution des villes, la vie des pêcheurs, quoique modeste, est l'une des plus passionnantes. «Je ne peux imaginer ma vie loin de la mer, loin du bruit des vagues qui se brisent sur la côte, loin de la canne et du poisson», a confié ammi Ali, sexagénaire, ex-cadre d'une entreprise nationale. Cet avis fait l'unanimité au sein de la communauté des pécheurs de plaisance dans la région d'El Marsa, distante de quelques 100 kilomètres au nord-ouest du chef lieu de la wilaya de Chlef. Dans cet endroit où se rencontrent la montagne, la plaine et la mer, des dizaines, pour ne pas dire des centaines, de mordus de la pêche de plaisance se rendent plusieurs fois par semaines à la mer pour pratiquer cette passion qui nécessite beaucoup de patience. Pour certains d'entre eux, cette pratique est devenue au fil du temps une passion quotidienne, notamment pour les retraités. Générosité, partage et solidarité est la devise de ces férus de pêche qui se donnent rendez-vous chaque week-end au bord de la mer pour passer deux agréables journées sur le rivage loin du bruit et de la pollution qui caractérise les villes. Tantôt sur les rochers, tantôt sur une barque, ces pêcheurs lancent leurs plombs dans les profondeurs de la mer et attendent avec patience une éventuelle prise. Que ce soit un mérou, un denté ou une badèche, ces mordus de la mer sont toujours satisfaits de leur prise. «Ce qui est important dans la pêche, ce n'est pas ce que nous arrivons à pêcher avec nos cannes, mais c'est la sérénité, le bien-être que nous offre la mer, l'air pur et la rencontre de nos amis pêcheurs», nous dit Maamar, cet employé aux impôts de la wilaya de chlef qui ne peut rater, en été surtout, un seul week-end. Les traces de foyers de feux sont visibles tout au long du rivage de la commune d'El Marsa. Ces foyers nourris par le bois ramassés sur les plages et dans la broussaille en face de la mer, servent à la grillade des différents genres de poisson pêchés. Rien qu'en sentant l'odeur du poisson grillé à la braise, la langue se «noie» dans la salive de la bouche. Plusieurs pêcheurs grillent une partie du poisson pris au bord de la mer. «J'aime bien manger du poisson grillé à la braise et j'insiste toujours à ce que le poisson soit nettoyé avec l'eau de mer pour qu'il garde toute sa saveur et toutes ses qualités nutritives», nous a expliqué ammi Ali, la soixantaine, l'un des plus connus amateurs de la pêche de plaisance dans la région de Ténès. «Le poisson grillé à la braise est tout simplement un délice, particulièrement s'il est accompagné avec du pain traditionnel et des boissons gazeuses fraîches», a-t-il ajouté. «Je n'échangerai ces moments pour rien au monde», a déclaré pour sa part Maamar, fonctionnaire au service des impôts qui traverse chaque week-end près de 100 km pour passer la nuit de jeudi à vendredi et parfois la nuit suivante au bord de la mer. Muni d'une canne solide, d'une boite pleine de sardines servant d'appâts, Maamar et ses camarades aiment particulièrement la pêche de nuit. Une fois le plomb jeté à la mer, ces mordus de la pêche parlent de leurs aventures, mais aussi de leurs mésaventure à la mer, de leurs plus grandes et plus petites prises, etc. Ces discussions peuvent durer jusqu'à l'aube.