L'Assemblée nationale québécoise, qui se penchait, hier, mardi, sur la question du voile islamique, n'a pu entendre l'opinion de quatre sikhs à ce sujet : ils étaient porteurs du petit poignard traditionnel de leur religion, le kirpan. Quatre représentants de la branche canadienne de l'Organisation mondiale des sikhs (World Sikh Organization, WSO) devaient présenter leur position sur le projet de loi numéro 94, interdisant le voile islamique dans les bâtiments publics. Paradoxalement, les sikhs qui ne permettent pas à leurs femmes de se voiler et défendent l'égalité des sexes, trouvent qu'interdire le voile aux musulmanes serait de la discrimination et violerait la liberté de religion inscrite dans la Constitution canadienne, a indiqué le juriste de la WSO. Mais les sikhs n'ont pu présenter leurs vues aux parlementaires québécois : ils ont refusé de se séparer de leurs kirpans, petits poignards stylisés cousus dans un étui fermé que leur religion leur impose de porter en tout temps sous leurs vêtements, aux hommes comme aux femmes. Or, le règlement du Parlement québécois refuse d'y introduire des armes blanches. Le Parlement fédéral d'Ottawa, la Cour suprême et même les responsables des J.O. d'hiver de Vancouver avaient, pourtant, autorisé le kirpan dans leurs enceintes.