Constat n Le président de la Ligue algérienne de la défense des droits de l'homme, Mustapha Bouchachi, a dressé un tableau noir sur la situation des droits de l'homme dans notre pays. C'était à l'occasion de la célébration de la promulgation de la Charte onusienne des droits de l'homme de 1948. Selon lui, ils sont en régression continue. Me Bouchachi a avoué l'impuissance de l'instance qu'il préside quant à rassembler les militants des droits de l'homme. La démobilisation sur cette question, selon lui, «ne fait que profiter au régime qui joue sur la corde de la division». Le président de la ligue, ne cachant pas son inquiétude, a saisi cette occasion pour réitérer son appel à la constitution d'un «groupe de pression», qui réunira les militants là où ils se trouvent. Associations, partis politiques, avocats, presse…, doivent, selon lui, s'organiser et s'unir autour de la question des droits de l'homme. Il a regretté, toutefois, que les revendications des uns et des autres s'atomisent de plus en plus et se confinent dans le corporatisme. Le président de la Ladh a rappelé que les droits de l'homme «n'ont pas de couleur, il y a lieu de les défendre là où ils se trouvent». Les droits de l'homme, selon d'autres intervenants, ne pourront s'épanouir que s'ils ont pour support la démocratie. Mme Salima Ghezali, prix Zakharov 1997, pessimiste, semble avoir perdu sa ferveur. Elle n'est plus «convaincue», selon ses dires, que la parole puisse changer la situation en Algérie, dans l'état actuel des choses. «Je pense qu'il n'y a plus de marge pour le militantisme en Algérie. 80% des gens auprès de qui je me battais il y a quelques années ont changé de camp. Ainsi je préfère le silence. Etre mort-vivant plutôt qu'un faux-vivant», a-t-elle avancé. Maître Bouchachi, lui, a rappelé aux militants ayant pris part au débat, leur responsabilité morale devant les citoyens et l'impératif de se solidariser dans cette lutte pour la dignité. «Le régime divise pour régner. Nous constatons qu'aucun militant syndicaliste ou autre partisan politique ne soutient la revendication de l'autre. Le silence est une prise de position pour le bourreau contre la victime. Or, le militant pour les droits de l'homme doit toujours être du côté de la victime. N'attendez rien du régime ou des gouvernements occidentaux. C'est la société civile qui doit bouger, ensemble, et s'inscrire dans l'universalité pour défendre la dignité des êtres humains.» «Les droits de l'homme ne sont jamais dans l'Etat. Ce dernier ne peut jamais les créer. Ils sont toujours en face de l'Etat», a, en outre, déclaré Me Ali Yahia Abdenour, lors d'une interview qu'il a accordée à l'association El-Karama. Toutefois, il a reconnu que des avancées en la matière ont été réalisées en Algérie, en dépit de toutes les difficultés rencontrées.