Avec la saturation du marché de l'emploi, trouver un emploi devient un véritable combat pour la plupart des sourds-muets. La plupart des entreprises publiques ou privées refusent de recruter ces personnes. «Pour faciliter l'insertion professionnelle des sourds-muets, nous avons sollicité les différents ministères pour prendre les mesures nécessaires. Le nombre de ceux qui arrivent à décrocher un emploi est vraiment dérisoire. Il ne dépasse pas 1%, alors que nous avons demandé que ce taux soit au moins de 5%», nous a expliqué Ahmed Zekhref, président de la Fédération nationale des sourds d'Algérie (Fnsa). De son côté, Mustapha Guiroub, secrétaire général de cette Fédération, nous a expliqué que la difficulté à intégrer les sourds-muets dans le monde du travail tient justement à un problème de communication et à un manque de qualification. «Bien que de nombreux sourds-muets aient eu le BEM, d'autres le bac et même poursuivi des études supérieures, beaucoup d'autres n'ont tout de même pas de qualifications», a-t-il souligné. Les mesures incitatives prises au profit des entreprises qui recrutent des sourds-muets, comme la réduction des impôts, n'ont pas suffi à améliorer le taux de recrutement, qui est vraiment plus qu'insignifiant. Interrogé à propos des raisons qui sont derrière cette discrimination à l'emploi des sourds-muets, M. Guiroub a estimé que cela est dû surtout à la méconnaissance du handicap. «Beaucoup ignorent ce qu'est un sourd-muet. Certains pensent même que c'est un malade mental... Alors que c'est une personne qui n'entend pas et ne parle pas, juste cela. L'intelligence du sourd-muet n'est nullement affectée. Les responsables n'arrivent pas à discerner entre un sourd-muet et un déficient mental. D'autant plus qu'en matière de surdité, il y a des degrés. Il y a des demi-sourds qui utilisent même le téléphone, on les appelle les malentendants», a-t-il précisé. C'est pourquoi la Fédération appelle à l'élargissement de l'éventail des métiers proposés dans les Centres de formation professionnelle. «L'éventail des métiers proposés au sein des centres de formation est très limité. Il faut élargir cet éventail des métiers enseignés au niveau des Centres de formation professionnelle et ne pas se limiter uniquement à la menuiserie et à la plomberie. D'autres formations doivent être proposées aux sourds-muets qui sont capables d'exercer bien d'autres métiers que ceux qu'on leur propose habituellement. Les responsables du ministère de la Formation professionnelle doivent vraiment faire un effort pour que les diplômes que décrochent les sourds-muets soient reconnus, leur ouvrant ainsi droit à un emploi. Comme les autres.»