Séquelles n L'impact psychologique sur les enfants ayant subi cette violence souvent niée en public est très grave. Elle est en effet à l'origine de beaucoup de souffrance qui détruit aussi bien physiquement que psychologiquement la victime. Devant ce traumatisme, les psychologues consultés très tard après le drame tentent «d'évaluer la souffrance psychique de l'enfant et de proposer des soins adéquats pour lui et pour sa famille», explique Latifa Belarouci, psychologue clinicienne. Le travail psychologique commence par, dit-elle, «une reconnaissance et une évaluation clinique des troubles post-traumatiques». Ce travail n'est malheureusement pas facile à accomplir en raison des «facettes difficiles et non verbalisées du traumatisme», explique notre psychologue lors d'une journée d'étude organisée autour de ce thème par le Réseau Wassila. Ces facettes se résument au sentiment de honte et d'abandon suivi d'un état de détresse et de terreur. Autant d'éléments qui font que l'enfant refuse de parler des faits. Selon Mme Belarouci, seul un cadre sécurisé et confidentiel peut emmener l'enfant à livrer des informations sur cet événement douloureux. Alors que certains enfants acceptent «d'exprimer verbalement ce qui s'est passé», pour les autres il faut appliquer un autre mode de thérapie, à savoir, «le jeu, le dessin ou des scènes et des gestes évocateurs, le tout sur un ton répétitif», précise la spécialiste. L'autre volet largement développé par la psychologue est celui de la crédibilité accordée à la parole de l'enfant. «Même les professionnels de l'enfance perçoivent la victime avec beaucoup de doute», regrette-t-elle. Outre ce déni, elle évoque l'absence «d'écoute attentive suffisante pour aborder ces questions, et encore moins pour soupçonner une agression sexuelle chez l'enfant». Il s'agit pour notre psychologue de «mettre les mots sur l'impensable, des mots sur l'agression sexuelle». Il paraît à ce stade important de parler des éléments qui font que la victime n'est pas crue. «Le phénomène de la pédophilie est complexe, dans la mesure où le pédophile est un homme gentil, séducteur, prévenant, qui se caractérise par une attirance envers les enfants», relève Mme Larouci. Il y a aussi cette «notion d'impensable que cela puisse se produire dans une société comme la nôtre», dit-elle. A cela il faudrait ajouter le «manque de discernement chez l'enfant et la tendance à la fabulation qui font qu'il est perçu comme quelqu'un de manipulable». Vient enfin, «la profonde certitude que l'adulte, généralement l'autre parent l'utilise à des fins personnelles», conclut la psychologue.
