Les danses tahamatet interprétées par les troupes targuies du sud du pays et celles du folklore féminin de la région de Béjaïa ont été présentées jeudi à Tizi Ouzou dans le cadre du 6e festival arabo-africain de danse folklorique. «La danse béjaouie traditionnelle est généralement interprétée durant les occasions festives (circoncision, mariage...), où les femmes se réunissent dans ce qui est appelé communément Ourar el-khalathe (la fête des femmes) a expliqué, à ce propos, Houria Bensalem, professeur à l'université de Tizi Ouzou. A cette occasion, les femmes se réunissent, dans la cour de la maison en formant deux rangs qui se font face, alors que la chanteuse du groupe, renommée pour son riche répertoire de chansons festives, mais aussi pour son savoir chorégraphique, prend place au milieu de la cour. Une fois la scène mise en place, a ajouté la conférencière, «l'orchestre féminin lance la musique, avant que la chanteuse n'entame ses airs qu'elle accompagne de mouvements lents de son corps qui, au fil du rythme, s'accélèrent pour entrer en transe, jusqu'à l'extase, au point d'être totalement coupée de son entourage», a souligné Houria Bensalem. S'agissant de la danse tahamatet, interprétée jusqu'au jour d'aujourd'hui par les Targuies sédentaires de l'Ahaggar et du Tassili (Djanet), elle se pratique généralement de nuit, au clair de lune, par les femmes et les hommes réunis, a indiqué le chercheur et anthropologue Badi Deda, du Centre national de recherche en Anthropologie sociale et culturelle(Crasc). «A l'origine, la tahamate était une sorte de ‘'danse-défouloir'' qui clôt une dure journée de labeur aux champs.» «En plus de constituer un moment de détente, la danse tahamate racontait, également, les travaux des champs et les vœux d'abondance et de prospérité adressés à Dieu par les danseurs-chanteurs», a-t-il ajouté. Avec le temps, les thèmes des danses tahamate ont englobé d'autres sujets dédiés à l'amour platonique, à la gloire des ancêtres et de la tribu et à la résistance contre l'occupant français, a indiqué Badi Deda. Une association de jeunes de la daïra de Djanet (à l'extrême sud-est du pays), s'est donné pour tâche la préservation de ce patrimoine immatériel ancestral, a-t-on signalé.