Le phénomène des abattoirs clandestins a pris de l'ampleur ces dernières années, et il est plus particulièrement présent durant le ramadan. Attirés par des prix plus à leur portée, des citoyens ont tendance à s'approvisionner dans ces lieux. Les conditions d'abattage du bétail y sont, pourtant, en deçà de toutes les normes d'hygiène requises. Bien que connaissant un regain pendant la période du ramadan, l'abattage clandestin est devenu une pratique courante, tout au long de l'année, à travers plusieurs communes de la capitale et ailleurs. C'est ainsi que quantités de viande provenant de ces abattoirs situés à El-Hamiz, à Gué de Constantine et à Magtaâ Kheira dans la wilaya de Tipaza sont chaque jour écoulées sans que les services de contrôle arrivent à sévir en dépit des multiples dénonciations des citoyens et des services de la santé publique. Quand le phénomène est observé dans les marchés hebdomadaires et les communes rurales, il trouve son explication en l'absence d'abattoirs. Mais lorsqu'il atteint les communes urbaines, son explication est toute autre : la complaisance des services d'hygiène implantés au niveau des municipalités «Les abattoirs clandestins ne sont plus fonctionnels au niveau de notre commune», nous dit un responsable du bureau d'hygiène de la commune de Rouiba. Ce qui n'est pas le cas, puisque, pas moins de quatre abattoirs clandestins activent en toute impunité au niveau de Oued El-Hamiz, lesquels alimentent plusieurs marchés de la commune et de sa périphérie. Au niveau de la commune de Gué de Constantine, c'est également la fuite en avant des responsables des services d'hygiène. «La situation de l'abattage clandestin a demandé un surcroît de travail aux équipes de contrôle et du bureau d'hygiène doté de vétérinaires pour sillonner les marchés de la commune», déclare un responsable du bureau d'hygiène de la commune. Sur le terrain, c'est une autre image qui s'offre aux ménagères. Des «boucheries» ambulantes exercent en toute liberté au marché du quartier Semmar, affichant des prix défiant ceux pratiqués par les boucheries conventionnées. Un inspecteur vétérinaire au niveau de la commune de Baba Ali, témoigne sous le couvert de l'anonymat qu'il a dû saisir en un seul jour, lors de ce mois de ramadan, deux carcasses non estampillées et proposées en tant que viande d'agneau, tout en étant mélangées à des carcasses d'agnelles. A Koléa, nous avons assisté à un incident dont a été victime un agent du bureau d'hygiène de la wilaya. Même accompagné d'un vétérinaire et de deux agents de la répression des fraudes, celui-ci a failli se faire molester par un vendeur de viande quand il lui a exigé la présentation de son registre du commerce. «Cet empoisonneur s'approvisionne au niveau d'un abattoir clandestin implanté dans la commune de Kheraïssia», nous dit-il. A Magtaâ Kheira, la situation est catastrophique. Des vendeurs proposent aux clients de passage de la viande tirée des grandes quantités de dindes abattues, plumées et éviscérées sur les lieux d'un abattoir clandestin situé à quelques mètres de la route principale. L'ampleur du phénomène de l'abattage clandestin est telle que les services du bureau d'hygiène de la wilaya d'Alger «ne peuvent établir dans l'immédiat, un bilan détaillé portant sur toutes les opérations menées depuis le début du mois de ramadan et les quantités de viande saisie», nous dit-on au niveau des services de la répression et des fraudes de la wilaya d'Alger. Cependant, la question qui vient à l'esprit est celle de savoir si l'importation de la viande par les pouvoirs publics, n'est pas un coup d'épée dans l'eau, puisque, sans effet sur la multiplication des abattoirs clandestins au niveau de plusieurs villes du pays. Ce qui est sûr c'est que la disponibilité en quantités importantes de viande congelée, n'a toujours pas eu d'effet sur le phénomène qui dure depuis plusieurs années.
