Alerte - Le phénomène de la peur se conjugue avec celui de la complaisance. Ni les parents ni les enseignants ne sont à l'abri de descentes punitives. «Dans cette histoire de drogue et de violence dans les établissements scolaires, les élèves sont à la fois les principaux acteurs et les premières victimes. Pour lutter contre ce fléau, les chefs d'établissements et les enseignants doivent être soutenus et aidés par les parents et par la police», estime une enseignante. Pour un notable de la ville de Tessala El-Merdja, «la fuite d'enseignants et d'élèves de certaines écoles et collèges de la localité ne concerne plus les seuls milieux favorisés. A cause du danger réel pesant sur leurs enfants, des parents issus de milieux modestes font tout pour éviter certains établissements, préférant inscrire leur progéniture dans des écoles mieux protégées». Même en zone urbaine, le phénomène est devenu un rituel de certains établissements scolaires. C'est un professeur d'anglais qui se souvient d'un collègue «qui a confisqué à un élève son portable et une boîte de Subutex qu'il détenait et l'a sommé de se rendre chez le proviseur. Ce fait anodin a failli tourner au drame. Dans ce lycée une soixantaine de faits graves, liés à la drogue, ont été recensés ces deux dernières années», dit-il. Aussi, une enseignante de la capitale, nous relate qu'«un élève avait séquestré un enseignant dans la salle des professeurs, et ce n'est qu'après de longues discussions qu'il a consenti à le libérer. Cet adolescent qui a agi sous l'effet de psychotropes, a été renvoyé de l'école pour 8 jours». «Nous allons en classe la peur au ventre», poursuit un autre enseignant. «A la crainte des représailles, aux insultes quotidiennes, nous sommes obligés de réagir calmement. Sinon, c'est l'expédition punitive.» Un enseignant d'un autre lycée, professeur de mathématiques, reconnaît qu'il n'est plus possible de faire barrière à l'infiltration des dealers à l'intérieur des établissements scolaires sans la conjugaison des efforts des parents d'élèves, des enseignants et des services de sécurité. «Le conseil de discipline se réunit quelquefois, mais jamais lorsqu'il s'agit de drogue. Il existe une propension à cacher les méfaits liés à la drogue ou la violence», explique notre interlocuteur. «Il y a quelques mois, une de mes collègues a eu le nez cassé, à la suite d'un coup de tête que lui a asséné un élève qui revend des psychotropes. La direction lui a «vivement conseillé de ne pas porter plainte, pour ne pas nuire à la réputation de l'établissement, d'autant que le père de l'enfant est connu pour être un bienfaiteur». R. K.