Résumé de la 4e partie - Alors qu'elle sait son fils assassin, Mme Ludke l'autorise à partir en vacances… A Kiel, l'enquête sur le meurtre de la prostituée est menée plutôt mollement. Des témoins ont bien remarqué plusieurs fois ce grand jeune homme aux yeux bleus qui passait des heures immobile à regarder l'eau sale. Quelques-uns lui ont même adressé la parole. A ces réponses simplettes, ils ont compris qu'il s'agissait d'un innocent. C'est aussi ce que pense la police : un innocent dans tous les sens du terme, qui n'a rien à voir ni de près ni de loin avec le meurtre... L'enquête suit donc d'autres pistes : trafic de drogue, sadique. Aucune n'aboutit et, au bout de six mois, l'affaire est enterrée, en attendant d'être classée. Pendant tout ce temps, Magda Ludke vit dans l'angoisse. En quittant tous les soirs la blanchisserie, elle n'a qu'une hâte : rentrer chez elle et s'assurer que Bruno est bien à la maison, qu'il n'est pas reparti pour une de ses fugues dont elle sait à présent qu'elles peuvent être meurtrières. Mais chaque soir, Bruno est là, abîmé dans la contemplation des derniers rayons de soleil et elle finit par se dire qu'il s'est définitivement assagi. Alors, un soir de janvier 1971, Mme Ludke dit à Bruno après le dîner : — Mon grand, tu vas pouvoir, si tu veux, partir en vacances. Mais attention, pas loin, hein ! Et pas dans le port, surtout pas dans le port ! Ne sors pas du quartier. Tu peux aller jusqu'au bois de bouleaux, mais c'est tout... Dans le quartier qu'il habite avec sa mère, il y a surtout des petits pavillons entourés de jardinets. Bruno marche sans se presser. Il sourit. Il est rayonnant. Jamais, peut-être, il n'a été aussi beau. Mais, soudain, sa physionomie change. D'elles-mêmes, ses narines se contractent. Il tourne la tête à droite et à gauche. II y a quelque chose subitement dans l'air, quelque chose qu'il n'aime pas. Et puis, il voit derrière une maison un voile noir : de la fumée. C'est le feu ! Bruno se dirige vers l'endroit d'où part la fumée. Il faut arrêter le feu ! Le feu, ça fait mal, il ne faut pas qu'il continue... Il arrive devant une petite maison semblable à celle qu'il habite avec sa mère. Dans le jardin, une femme est en train de faire brûler des feuilles mortes et des détritus. Bruno enjambe la barrière. Comme il se précipite pour éteindre le foyer, la femme s'interpose. Un instant, il recule. Est-ce qu'elle serait parfumée, comme sa sœur, comme la dame chez qui il était allé porter le linge ? Mais non, elle ne sent rien. Alors, il étend les mains et il serre, il serre ! Il se met ensuite en devoir d'éteindre les flammes... Quand les policiers arrivent, un peu plus tard, il n'a pas bougé. Il leur dit simplement : — Elle faisait du feu, mais elle n'avait pas de parfum. Bruno a été interné dans la clinique psychiatrique où il aurait dû entrer bien plus tôt. Sa mère, inculpée pour non-dénonciation de meurtre et complicité, a été jugée et condamnée à cinq ans de prison avec sursis. Dans toute cette affaire, elle a été aussi coupable que victime : victime de son amour maternel et des souffrances qu'il entraîne, victime de la persistance d'une mentalité d'un autre âge face à la maladie mentale.