Résumé de la 2e partie - Mme Ludke ne suit pas les conseils du médecin, 2 ans ont passé et le comportement de Bruno n'a pas changé… Magda Ludke s'est décidée à retirer Bruno de l'école, où il ne faisait plus rien. Désormais, il l'aide à la blanchisserie. C'est lui qui va porter leur linge aux clientes et les colis les plus lourds ne lui font pas peur. De temps en temps, bien sûr, il continue à «partir en vacances». Sa mère ne s'inquiète plus. Elle sait qu'il sera de retour trois ou quatre jours plus tard. Bruno va toujours dans le bois de bouleaux. Il rôde aussi autour des stations-service car, s'il déteste l'odeur du parfum, il adore celle de l'essence. C'est au mois de janvier 1970 que se produit le premier incident. Car Bruno a plus que jamais des allures d'Apollon. Les clientes ne peuvent s'empêcher de l'admirer, surtout Mme Schmidt. Mme Schmidt, la veuve de l'épicier, est encore jolie. Elle n'a pas une excéllente réputation dans le quartier. On l'accuse d'être une femme légère ; certains affirment carrément qu'elle est nymphomane. Chaque fois que Bruno vient livrer chez elle son linge, elle lui adresse des sourires engageants. Mais il ne semble rien comprendre... Alors, un jour de janvier 1970, quand Bruno sonne chez elle comme d'habitude, il est surpris d'entendre une voix lointaine lui répondre à travers la porte : — C'est ouvert, Bruno. Entre, je suis dans le salon. Un peu étonné, Bruno pose son linge dans l'entrée. Il aime bien chez Mme Schmidt. Il n'y a pas d'odeur de cuisine, comme dans d'autres maisons et le papier à grosses fleurs rouges est joli. Bruno entre dans le salon. Mme Schmidt est assise sur le canapé dans une robe de chambre bleue, une robe de chambre qui est mal fermée. Sur la table, devant elle, il y a une carafe, deux verres et des gâteaux secs. — Tu prendras bien un doigt de porto, Bruno ? Bruno est brusquement ému. Il s'approche de cette femme qui l'invite à prendre place à côté d'elle. Mais il ne sait comment s'y prendre. Il fait plusieurs pas, les mains en avant, ses mains puissantes, dont l'une porte la marque de sa brûlure d'enfance. Mme Schmidt, après un moment de surprise, se lève et se met à reculer vers le fond de la pièce. Bruno continue d'approcher. Il est tout près. Ses mains vont se refermer... Mais, soudain, il pousse un cri terrible et s'enfuit en courant. Le soir, il raconte tout à sa mère : Tu comprends, maman, elle avait mis du parfum. Alors, je suis parti. Sans cela, je ne sais pas ce qui se serait passé. Ce jour-là, Mme Ludke prend une décision : Bruno n'ira plus livrer le linge. Mais elle ne veut toujours pas l'envoyer dans un établissement spécialisé, comme le lui avait recommandé le psychiatre. Elle ne veut pas retenir les paroles, pourtant prophétiques, qu'il avait prononcées sur les dangers de l'éveil sexuel chez lui... Etre privée de son Bruno, jamais ! Elle l'aime, son Bruno, elle essaie de compenser par son amour le handicap dont il est victime. Et puis, elle veut se racheter, car tout cela est de sa faute. A partir de ce moment, Bruno reste dans la maison maternelle. Il s'occupe du jardin, il fait le ménage et les commissions. Et puis, de temps en temps, il «part en vacances». Il se rend moins souvent dans le bois. Désormais, il est de plus en plus attiré par les humains. II va dans le port de Kiel. Il reste des heures à contempler le reflet du soleil dans l'eau sombre, au milieu des arcs-en-ciel de pétrole. (A suivre...)