Il y a deux constantes qui caractérisent nos trains. Le retard et l?insécurité. Il est vrai que malgré les budgets faramineux qui ont été engloutis par le secteur du rail, celui-ci est toujours en retard. C?est le cas de le dire. La quasi-totalité du circuit est à voie unique, les locomotives et les wagons ont fait leur temps, la maintenance souffre un manque d?équipement et de qualification. Certains trajets ont été annulés sans autre forme de procès, comme la ligne voyageurs Tébessa-Annaba et d?autres encore. Comme le Trans-maghrébin aussi, qui était si prometteur. Hormis les petits trajets et pour ceux qui n?ont pas d?autre alternative, les gens évitent de voyager par train. Et dire que c?est le moyen de transport privilégié des Algériens. Ah ! qu?ils étaient agréables ces voyages d?antan ! Les retards étaient annoncés et pas très longs, la plus grande sécurité régnait dans les voitures, les compartiments étaient chauffés en hiver et réfrigérés en été. Le wagon-restaurant servait des repas chauds et des boissons fraîches. Le personnel y était impeccable, sur son trente et un. Un préposé passait, au moment des repas, dans tous les wagons en agitant une clochette. Presque rien ne subsiste de tout cela ! Personne ne peut vous renseigner sur les retards, pas même le chef de gare. Parfois ceux-ci sont tellement longs que les voyageurs auraient eu le temps d?arriver à pied. Les gendarmes, censés patrouiller dans le train, s?enferment généralement dans leur compartiment et n?en sortent que rarement. Aussi, les voleurs du rail sont-ils omniprésents dans le train, à l?affût de la moindre occasion. Les agressions y sont fréquentes. En été, les compartiments sont des fournaises. Les wagons-restaurants ne sont plus qu?un souvenir. Lorsqu?il y en a, ces wagons ne servent plus que des casse-croûte douteux et à des prix exorbitants. Vous aurez toute latitude de leur préférer ceux qui vous seront proposés par des vendeurs à la sauvette et qui sont aussi douteux. Mais priez Dieu d?arriver seulement à «bonne gare».