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Histoires vraies
Hiep Tran a gagné (3e partie et fin)
Publié dans Info Soir le 13 - 05 - 2004

Résumé de la 2e partie Popaul Hiep Tran, ancien combattant de la guerre d?Indochine, a décidé de mettre un point final à son aventure misérable.
Sur la table de la cuisine, on a trouvé un petit mot. Ecrit maladroitement : «Petit Georges, je faire une lettre souvenir pour Suzanne. Je mis sur la table. Je mort le 31 juillet 1963 à 14h 30. Adieu Petit Georges. Bois café sur la table.»
Suzanne a crié : «Cherchez dans la cabane !»
On a enlevé le sable, il y en avait beaucoup. On a découvert un trappe, faite de deux panneaux de bois. On l?a ouverte. Là, il y avait un cercueil de bois, sans couvercle. Hiep Tran était à l?intérieur. Mort. Dans sa main droite gantée, il tenait encore une longue ficelle. Et on a tout compris.
Popaul avait inventé la manière de s?enterrer tout seul. En réalité, le sol de la cabane était constitué par une caisse de bois remplie de sable. Mais le fond de cette caisse pouvait s?ouvrir comme une trappe. Deux battants avec des charnières de cuir. Popaul avait relié cette première trappe à la seconde, au-dessus de son cercueil. Il s?est allongé dedans, sur une vieille couverture, et a tiré la ficelle. Une trappe s?est refermée sur lui, comme un couvercle. L?autre s?est ouverte, libérant le sable.
Cette cabane était là pour dissimuler son travail, d?abord. Pour cacher sa tombe, ensuite. Popaul avait prévu une ouverture latérale, entre les deux trappes, juste assez grande pour lui permettre de pénétrer dans le cercueil. Une fois à l?intérieur, il avait pris soin de bien obturer cette ouverture, au moyen d?un gros pavé.
Pour mourir plus vite, il avait avalé tous les médicaments en sa possession. Les emballages vides étaient près de lui, au fond du cercueil.
Pourquoi cette mort si longuement, si péniblement préméditée ? Hiep Tran n?était pas fou. Suzanne a tout expliqué.
Hiep Tran avait fait la guerre d?Indochine. Mais les cicatrices sur son visage et les gants sur ses mains témoignaient d?affreuses blessures qui ne devaient rien à la guerre : c?était la lèpre. Cette maladie dont on parle si peu en Europe qu?elle semble appartenir au Moyen-Age? La lèpre avait attaqué cet homme, sournoisement, depuis quinze ans. Il avait fait la guerre sans s?apercevoir de rien. On l?avait démobilisé, il avait cherché sa femme, ses enfants, puis abandonné tout espoir. Il s?était fait rapatrier en France, ne sachant où aller, au Sud ou au Nord? Vietnamien perdu. Alors Français, pourquoi pas !
C?est en France qu?on avait découvert sa maladie. Bien trop tard, malheureusement, pour empêcher la progression épouvantable. Visage, mains, doigts? Dix ans d?espoir, de rechutes, d?espoir, d?aggravation... Suzanne était là, bien sûr, mais que pouvait-elle ? En désespoir de cause, elle avait dit : «Nous irons à Lourdes, toi et moi?» Mais Hiep Tran ignorait tout de Lourdes, de Dieu et des miracles. Il avait, lui, une autre idée fixe. Dans son petit esprit simple, une chose s?était installée, qui fait comprendre tout le reste : la cabane, le sable, les trappes, le cercueil? Tout cet incroyable échafaudage n?avait qu?un but. Dans la lettre à Suzanne, il le dit. (Nous traduisons son français approximatif).
«Je suis pourri? et je n?ai pas le droit de pourrir les autres. Je dois mourir seul, afin que personne n?ait à me toucher après ma mort. Je dois m?enterrer seul.»
On avait eu beau lui dire et lui répéter qu?il n?était pas contagieux? Hiep Tran ne le croyait pas. Et il savait aussi qu?il allait en mourir. Alors, il avait entrepris cette course folle contre la montre. Il lui fallait mourir seul, comme il avait décidé de le faire, avant que la mort ne l?attrape par surprise. Il lui fallait sa mort, la sienne, la seule chose dont il fût libre de faire ce qu?il voulait. C?est-à-dire son aventure à lui, Hiep Tran.
En cela, au moins, il a gagné.


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