Ingérence - En attendant que l'enquête de la LFP aboutisse dans la présumée affaire de corruption à la veille du match CAB - JSS, c'est la rue qui met son nez dans la gestion des clubs. Ce qui était perçu comme étant une vue de l'esprit de certains journalistes, vient d'être confirmé par un des présidents de club de la Ligue de football professionnel, en l'occurrence le MC El-Eulma. Lors d'une déclaration radiophonique, Herrada n'a pas trouvé mieux pour expliquer la démission d'Abdelkader Iaïche de la barre technique de son équipe, que de dire que ce sont les «supporters qui ont réclamé son départ». Rien que ça ! Malgré une honorable sixième place au classement et des résultats probants, comme ces victoires contre l'USMA (1-0), l'USMH (2-0) ou bien le nul ramené de Béjaïa face à la JSMB (1-1), la tronche de l'entraîneur ne plaît pas aux supporters, ou du moins à un groupuscule de fans proches de l'environnement qui dicte sa «loi». Evidemment, quant cela vient de la part d'un président d'un club professionnel, cela intrigue, voire choque certaines consciences qui ne connaissent pas le football algérien de l'intérieur. Lors de la rencontre MCEE-MCO (3-0) de la huitième journée, une pluie d'insultes s'est abattue sur Iaïche depuis le début de la partie et n'a cessé qu'après le troisième but eulmi, pour dire le degré de nuisance, de méchanceté et d'influence de cette frange de pseudo-supporters, qu'on retrouve un peu partout dans nos clubs et avec un graduel d'influence. Mais pourquoi ces supporters en veulent à Iaïche et veulent ramener Belhout ? Allez le comprendre. Peut-être que le coach ne veut pas qu'on lui dicte ce qu'il a à faire, comme cette histoire de rencontre. En effet, après le match contre la JSS (0-0), le président avait demandé à son entraîneur d'aller à la rencontre des supporters, chose qu'a refusé le coach arguant que c'était au boss de le faire, vu le risque et les dérapages qu'il pouvait encourir. Ensuite, c'était au tour de l'histoire de l'adjoint que voulait imposer la direction à l'entraîneur, soit un autre ingrédient utilisé pour pousser celui-ci vers la porte. Et pour clore l'histoire, la meilleure façon de se débarrasser de son chien c'est de l'accuser de rage. Le président Herrada n'a pas trouvé mieux que d'insinuer que son entraîneur est un fuyard et qu'il n'avait pas de dignité. «Arena a donné sa parole de quitter le club après le match du CRB et pourtant c'est un étranger (gawri, comprendre par-là ce qu'il faut comprendre), alors que Iaïche a préféré abandonner son poste sans avertir !» Ce genre de déclarations et de pratiques illustre parfaitement le niveau bas de certains présidents et dirigeants de clubs. L'état des lieux Le professionnalisme, on peut attendre ! Le professionnalisme à l'algérienne n'a pas encore donné ce qui est attendu de lui, soit des managers compétents capables de gérer des sociétés et créer des richesses qui n'ont rien à voir avec le règne du «sachet noir» (la chkara) et la recherche des subventions publiques. Combien de fois, par le passé, des dirigeants ont utilisé les subventions publiques pour faire des affaires durant plusieurs mois, laissant leurs joueurs sans ressources, le temps que «l'argent tourne», avant de le rendre dans les caisses, alors que les bilans des associations passaient comme des lettres à la poste au niveau des directions de la jeunesse, des sports et des loisirs des wilayas. Combien de clubs aujourd'hui s'acquittent de leurs obligations envers la Cnas en honorant les parts sociales et patronales de leurs joueurs ? Face à la grogne des supporters qui menacent, à tout moment, de tout casser, tout le monde fait le dos rond et c'est l'Etat qui vient, par le biais de Sonatrach et d'autres sociétés qui suivront, pour renflouer les caisses. Après tout, c'est l'argent du peuple, sauf qu'il va tout droit dans les poches de certains privilégiés. Et les supporters dans tout ça ? Certains sont rétribués à leur façon ou à la façon dont le voudraient les dirigeants.
