Aide - Sur le plan de l'organisation, des carences sont déjà relevées. Couffin du ramadan, voilà bien une opération de solidarité qui a fait l'objet, par le passé, de scandales et de détournements avérés. Cette année, l'opération de distribution de cette aide «précieuse» devait précéder d'au moins quelques jours le début du mois de jeûne. Mais, la plupart des communes à travers le pays accusent un retard dans la remise de cette aide à qui de droit. «Revenez demain, aujourd'hui il n'y a personne», s'écrie un agent de sécurité à l'adresse de quelques femmes qui attendent désespérément devant le portail de l'APC de Bordj El-Kiffan un hypothétique couffin. «Vous allez recevoir un mandat dans les prochains jours si votre dossier a reçu l'aval de la commission des affaires sociales», lance un agent de ce service à un quinquagénaire assis sur une chaise roulante au niveau de l'APC de Gué de Constantine. «C'est incroyable, complètement délirant», lance un vieillard qui ne trouve pas son nom sur la liste des bénéficiaires de cette aide des pouvoirs publics. «Je suis sans emploi après avoir subvenu aux besoins de ma famille en étant vendeur ambulant. Maintenant que les marchés informels ont été éradiqués, comment nourrir ma famille en ce mois de carême», lance-t-il à l'adresse du préposé au service social. Interrogé par nos soins, ce dernier répond : «Nous avons pris comme base, les listes établies l'année dernière.» «Nous sommes considérées comme des mendiantes par des agents qui nous tiennent un langage désobligeant», témoigne une vieille dame au siège de la commune de Bordj El-Kiffan. «Comme chaque année, cette fois encore, des fonctionnaires de l'APC, de petits artisans et même des commerçants figurent sur les listes des nécessiteux. Nous avons des preuves et des noms», nous dit un groupe de citoyens à Sidi Moussa. La réponse ne se fait pas attendre : «Un employé de l'APC n'est-il pas Algérien pour prétendre à l'aide de l'Etat ?», lui répond un agent de sécurité. Destiné, il y a peu, aux seuls démunis, le kit alimentaire et la prime de scolarité sont l'objet de convoitise de nombreux citoyens à faibles revenus. Or, il se trouve que dans certaines communes, les fonctionnaires profitent de cette aide qui commence à prendre l'allure d'un bonus que réclament la plupart des Algériens. Le coût de la vie est tel que la précarité a atteint les couches moyennes de la société. Dans les régions déshéritées où le chômage a atteint des proportions alarmantes, le constat est identique avons-nous appris auprès de plusieurs confrères à l'Est, à l'Ouest et même dans certaines régions du sud du pays. On rencontre de plus en plus de pauvres dans ces régions déshéritées qui, sans l'assistance de l'Etat, sombreraient dans la misère. Pour rappel, pour cette opération, l'Etat a dégagé une enveloppe financière de 570 millions de dinars, a indiqué le ministère de la Solidarité nationale. L'administration de ce budget sera confiée à la Commission nationale de solidarité. La première tranche d'un montant de 190 millions de dinars déjà été octroyée, alors que la deuxième (380 millions de dinars) sera distribuée pendant la deuxième quinzaine, à raison de 4 500 DA pour chaque famille nécessiteuse. Par ailleurs, lors de la rencontre nationale des cadres du ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme tenue à Tipasa au mois de décembre dernier, l'Etat a adopté une autre stratégie, en confiant la gestion de ce volet aux walis. «Cette opération sera désormais confiée aux walis et aux directeurs de l'action sociale», avait déclaré à cette occasion la ministre de la Solidarité, Souad Bendjaballah.