Livre Le prix littéraire est un facteur efficace et favorable à l?émergence et à la promotion de l?expression littéraire. Il établit, en conséquence, une tradition littéraire durable. Depuis quelque temps, l?on assiste à une sorte de prise de conscience : cette volonté d?installer des instances de légitimation, de créer un environnement favorable à la promotion et à la création littéraire, des instances aidant surtout les jeunes plumes à émerger et à faire connaître leur écriture. Mais ces instances ne peuvent fonctionner et se prolonger dans le temps que s?il y a des prix qui signifient encouragement et émulation, reconnaissance et mérite. Comme c?est le cas du prix Malek-Haddad destiné à la meilleure production littéraire en langue arabe et également du prix Mohamed-Dib, récemment instauré, qui a pour but de récompenser le meilleur roman algérien d?expression française. Le dernier en date est celui du meilleur roman algérien qui vient d?être décerné à Mustapha Benfodil pour son livre Les bavardages du seul. A tous ces prix vient s?ajouter le prix des libraires. D?autres prix littéraires vont être créés, comme le prix Rachid-Mimouni qui, selon Khalida Toumi, ministre de la Culture, verra le jour dans un avenir proche dans la ville de Boumerdès. Tous ces prix, voire ces distinctions peuvent être un véritable facteur de promotion, à un niveau plus large, à la création littéraire, ainsi qu?au renouveau de l?aspect esthétique à la seule condition que leur mode soit correct et cohérent. Grand paradoxe, un prix littéraire est d?abord lié à un lectorat ; il se trouve que tous les prix algériens sont tributaires d?un comité de jury. Autrement dit, c?est cinq ou six personnes qui décident du choix du livre et de l?attribution du prix. En somme, un choix arbitraire et subjectif. Or, dans les sociétés où le livre occupe une place prépondérante dans la vie sociale, c?est le taux de vente de l?objet littéraire devenant ainsi un best-seller qui détermine sa réussite. Voire sa qualité. Ainsi donc, le lecteur devient lui-même le jury, cet individu anonyme qui va dans la librairie et achète un livre. En Algérie, le lectorat n?existe quasiment pas. Comment placer donc un livre dans un lectorat inexistant (ou presque) ? Et en quels termes peut-on parler de prix littéraire, en conséquence ? Car la quasi-inexistence d?un lectorat fait qu?un prix littéraire n?a aucun pouvoir de transformer un livre en succès et fait en sorte que l?écrivain puisse vivre aisément de sa plume. Ainsi, la notion, voire le concept du «prix littéraire» reste aléatoire, non encore assimilable dans la mentalité de chacun tant que le lectorat n?existe pas et tant que le livre se trouve exclu de nos pratiques sociales. Il reste donc du chemin à parcourir, des efforts à fournir, un travail à faire pour instaurer une véritable tradition de prix littéraire et de restituer au livre son statut social.